Marjorie

Il était une fois une histoire qui n'était amère qu'à ceux qui l'a croyaient sucrée et bien qu'il fut minuit dans ce siècle passé , on faisait beaucoup plus djeunes ... La rue était vide et désertée par les passants , les flics et aussi les Jack l'Eventreur ... des gosses chaudement vétus évitaient les passants moroses et leurs pardessus lourds et gris ; et nous , dans notre studio , nous écoutions Les Doors ( celebration o the lizard : " the minsters daugher ' s in love ... "
Dans le ciel de nuit noire arrivaient nuages jaunes et rouges depuis midi ... La pluie avait cessé ... Toi tu voulais rouler un peu en écoutant autoradio et moi je voulais rouler aussi mais sans autoradio ... Paris est une ville de merde , disais_tu ,

mais c'est ma ville ... ( on peut tous dire çà tu sais ? )
Marianne buvait son coca et fumait sa K mel ...
" Tu as soif , Valérie ? "
" Pas vraiment ... oui mais ... non euh ... et ma maman elle un peu
a peur si je sens l'alcool en rentrant ! "
" C'est toi , Sylvie qui avait une 2CV rouge pleine d'affiches de la Ligue vers Nancy en 72 ? "
" Oui , alors vite ... viens jouer avec moi
on dirait qu'on serait des vampires amoureux ? ... çà te va ??? "

Dehors il pleuvait encore et toujours journée de mierda !!!
Je vais chercher mon casque rouge et mon ( ou ma on s'en fout !!! ) parka orange gris
Je fais chauffer une boite de choucroute ou de cassoulet en vitesse
18h à Nation , j'ai le temps !
Un disque ou deux : " careful with that axe Eugene ... " " sans la nommer ... "
J'ai le temps
Devant ma fenètre une caserne ou un lycée ou un couvent dresse ses beaux murs gris ...

Je sors : froid , pluie fine et encore envie de boire ou manger ; au coin de la rue une silhouette connue , yeux gris bleus cheveux chatains clairs et sales écharpe rouge cuir de haut en bas : Elisabeth

" Tu te promènes ? "
" Oui et non , je vais manifester ! "
" Alors invite moi à manifester avec toi ! "
" J'accepte ! "

Mais une heure à attendre nous envoie
dans un bar dans une ruelle ...
au fond d'une rue au bout
d'une jolie impasse pavée encore et fleurie ...


Un peu de musik in ze box ???
Yes sir yes !!!

" You danses ? " " You manifestes ? "

Rhums , musiques antillaises , caraibes , Paris nuit , Paris sombre , Paris lueurs de lune sur les vitres du bar
( Comment ne pas penser à notre camarade Pierre Goldman ... )


Beaucoup de gens , de bruits , de fumées , de rires , de joies , de craintes , de bonnes ou mauvaises humeurs entre ces murs ...

Elisabeth boit du rhum ambré bien qu'elle préfère les alcools écossais
Elle fume beaucoup et moi aussi et on parle et on parle ...
" Tu te souviens de Pierrot ? "
" Et Camille ? "
Camille, merde de merde Camille ...
Son pseudo c'était Raphaelle ,
elle est partie en 72 au Chili ( merde de merde )
" Tu veux qu'on pleure ou qu'on aille à la manif ? "
" Les deux ! ... Comment dois_je t'appeler ? "
" T'as pas le choix cher mon chéri camarade : Elisabeth ,
"Julia" , c'est fini pour le moment ! ( on sait pas ... çà reviendra un jour ? )

Et en plus j'aime beaucoup quand tu dis mon prénom ,
j'aimais beaucoup aussi quand tu disais mon pseudo ( " Je suis d'accord avec la camarade Julia " )
dans les cellules et les manifs /
et moi /
j'aimais aussi dire ton pseudo à toi mon camarade préféré " Raphaèl " : " Je vais coller avec Raphaèl " /
" Avec Raphaèl , on a bombé << Franco assassin !!! >> " ...

Sourire d'Elisabeth ...
Elle boit vite sa dernière goutte au fond du verre ...


.... et murmure en regardant les affiches sur les murs :
" Tout çà me plaisait bien , mais bon , c' est vrai , on était souvent très tristes et un peu bourrés ,
alors j'ai envie de danser avec toi tout doux
tout collé_serré en souvenir de " Julia " et " Raphaèl "
et ensuite on ira manifester et danser et encore danser
et on verra bien après ... "

Cette soirée fut très violente
devant l'ambassade de la dictature
on a tenu face aux chiens de garde
çà frappait dur mais on s'en foutait
Elisabeth et moi on était pas devant mais en " 2ème ligne"
çà a été très dur pour nos petites gueules
mais rien de rien si on pense à nos ami_e_s de Santiago à Valparaiso ...
Fosses communes , ossements inconnus et oubli pour longtemps ...

Elisabeth avait la lèvre fendue en bas à droite et une coupure verte sur le front
On a dit au revoir à Olive , Tomas et Katia
on est allé de nouveau dans notre repaire
ce bar à rhums de l'impasse au bout de la petite rue

Et on a commencé à parler de toutes ces horreurs
en se regardant et peu à peu nos doigts avaient envie de se tenir
nos mains de se caresser pour pouvoir tenir nos verres
sans trop pleurer
et nous avons passé cette nuit là à parler en jouant avec nos mains et nos verres

Cinq heures du mat ' fermeture du rade ...
on fait quoi là ???

On va ailleurs
une autre rue
un air de Commune
Encore un bar plein de fumées bleues
La lèvre d'Elisabeth saigne et ses cheveux sont doux
On n'est pas capable d'aller ailleurs , encore rien qu'à deux ; alors on parle malgré le bruit de la nuit finissante et des gens qui passent encore et encore et
malgré la musique lancinante...
On est là au milieu des souvenirs ...
Un an avant on était déjà ensemble devant l'ambassade :
la petite Claire , Juju et Franck et Angélique qui saignait toujours du nez quand les lacrymos déboulaient ...
Et voilà que venant de la nuit bleue noire et rouge ... comme surgissant des verdures amazoniennes en conquistador déjanté
ou venant doucement des hauteurs de la ville arrive K .
notre cher camarade suisse aux yeux doux et aux mots violents
qui ouvre cette porte de bar sans prévenir
... comme un crocodile boufferait une touriste anglaise égarée en Australie ...
" Bonjour mes camarades !!! "

Le jour n'arrivait toujours pas à se lever sous la grisaille et la brume et la pluie ...
K . allumait cigares en buvant cafés et en regardant par la vitre du café ...


Marion arriva au milieu de nos conversations ...

Marion si fragile si fatiguée

Elle continua jusqu' à l 'aurore à nous parler avec joie et douceur
Mais nous on savait qu'elle passait sa vie en perdant sa santé à réparer des violons

" Marion , je t'aime , viens avec moi loin de cette ville on trouvera bien une lande over land pour Alice aux pays des mers vertes ??? "
J'aurais du lui dire ...

" Au milieu des pins agonisants , on trouverait des dunes désertes "
Merde , Alice , si lisse ,
petite prostituée des rues sales ,
si lisse est ta peau avec du miel et des fleurs rouges ,
que fais tu donc ces nuits sans lunes ...


Elisabeth passait sa langue sur sa lèvre saignante et me dit soudain :
" Lache ton planeur et va dormir avec elle ,
on se retrouvera demain soir au Flamant Rose
et tu me diras rien du tout ou tout !!! "

Elisabeth alluma une cigarette et m'embrassa en riant : " Marion t'aime alors moi je t'attends ! "

Alice , si lisse , petite prostituée des rues sales

Marion n'était pas Alice _
Marion répare vraiment des violons et autres instruments de musique
et çà ne rapporte pas beaucoup d'argent , ni à Paris , ni en Ardèche maintenant ...
Alice était une de ses amies , qui deux fois dans sa vie avait vendu son corps pour quelques dollars en pleurant , et nous l ' aimions beaucoup , tout en n'arrivant pas
à la guérir de cette blessure ...

( ... A l ' amère odeur de la mer aux rouges sirènes
violées par les sombres pirates des mers lointaines ... )

Elle nous aimait aussi car nous l 'écoutions _au milieu de nos drapeaux rouges
et de nos verres de rouge communards , rouge_gorges ou rouge cassis
ou bruns écossais_
quand elle nous racontait ses séjours en HP et autres maisons de repos ...

Comme Dorothée que j'ai rencontré des années plus tard en Haute Savoie ...

Un avion Alice blonde bonheur aux sables du désert
fleurs de papier sur bétons nocturnes
horloge roses sables de minuit
long voyage caniveau eau flamants roses et cigognes vertes

La chambre de Marion
baignait dans un parfum de barricades écroulées
Dehors de nouveau il pleuvait doucement
Elle écoutait les images en empalant fumée sur ses doigts fins et si fragiles
Ses yeux jouissaient en rafales mauves son corps se lovait frèle
et lourd aussi entre les coussins et la table en bois bleue
Sa voix tendre arriva à faire venir le jour
Une voix rauque ou rock ou roc si douce à l'aurore
Il faisait froid ... çà oui ! mais Marion savait faire du lait chaud ; elle me parla aussi de ce que je ne voulais pas
mes morts mes peurs mes cauchemars mes fantomes cachés
et ma soeur tuée dans une guerre sans nom
Marion savait le dire ...


" Mes ancètres ... cavalaient dans les plaines polonaises et un jour devinrent des barons allemands et moi j'ai dans mon sang ce gout de mort de musique de vie et de chevauchée vers l'est "


" Marion ( je voulais lui dire mille choses )
Marion j'aime Elisabeth je crois , et je voudrais t'aimer aussi !
Marion viens à Jersey , on verra des plages sans la mer et des Land Rover sous les mouettes
Marion viens vite dans le port pour que j'oublie ces nuits de peurs et d'ivresse
Marion à marée basse on ramassera des coquillages ...
Marion j'aimerais te montrer le lagon d'Uturoa , l ' Islande et les ruines des camps ...
Marion ton lait chaud est aussi chaud et doux
que tes yeux verts et tes boucles blondes , veux_tu venir ce soir voir Carmela , Marius , Fanny et César chez K Tiba ??? "

" Oui je veux ! Avec toi _on les a eu dans les Aurès_ ... alors ... "

" Oui ! "

" Emmène moi chez Dora , je verrai tes amis avec joie , ton Elisabeth aussi et tu me tiendras la main pour pas que j'ai trop peur , tu veux bien ? "

" T'es belle , Marion ... "

" Laisse aller les silences et souris moi , on a le temps de voir la casbah , les sables doux , les montagnes des maquisards ! ...
Les ruines , nous les verrons ensemble , je te le promets ! "

Faut vous dire que le lendemain Elisabeth et Marion

s'installèrent chez moi avec leurs faucilles et leurs valises
ombres claires dans la nuit
voix de femmes et nuits et brouillards
on parlait de Corinne de Neruda de V Jara
de Natacha et des bolchevik
de Joelle et du Nicaragua
entre autres et en particulier
du SO et des drapeaux
de Betty et de son foulard bleu
de la maman poule de H. et de ses yeux verts


" Et Betty a cogné un faf devant son bahut mais eux l'ont envoyée aux urgences ! "

Demain Quai de Javel le SO est mobilisé l'orga diffe ( nous distribuons des tracts )
Elisabeth veut revenir .. alors ...
elle revient

Betty , Elisabeth sont bien là
Olive Hugo aussi
tracts diffés
face aux gorilles du patronat et aux milices des syndicats fascistes ...
çà a chauffé dur de dur ...
On reviendra ?
Pas sur pour le moment !
On peut pas rassembler si facilement des dizaines de camarades ...


Ce soir en tout cas , on fette joyeusement çà au Bar de la Rue des Lilas : on a tenu !

Quelques jours ont passé

Quelques années aussi ...
Dans ma vie je suis allé 3 fois à Jersey ; avec ma mère ( ma maman )
quand on habitait Nantes , tout seul en 1981
et avec Lili en février 1993 ... Avec Lili j'ai pas encore le temps de vous raconter ... çà viendra ...
Mais 1981 ...

... j'ai écrit sur une vieille machine à écrire et j'ai bien envie de le raconter à Louise pour quand elle sera grande ...
C'est un mardi que j'ai pris le train au bord du soleil de la mer
routes gares odeurs sourires paroles chocolat mon amante à l'eau
restée au bord du quai ... paysages connus
soleil bleu et bouches du Rhone
des fleurs le long des rails
du train Corail
des gens travaillent au soleil des cailloux des jardins des maisons le train roule et roule
( ... ) C'est Lyon au soleil
çà s'appelle vacances pour certains
( ... ) Paris nuit d'une gare à une autre , j'aime la nuit , j'aime les gares et j'aime Paris ...
( ...) à Saint Malo l'aurore est plus que belle !!!
Matin sur le port ... traversée ... " Queen ' s Hotel dans Queen ' s Road à Saint Hélier "
Chambre _ installation _ regarder par la fenètre ...

Premier sourire dans l'hotel
elle se nommait Marjorie vous la reverrez ...

Rien d'original pour Jersey :
Marjorie était irlandaise , travaillait dans une banque , était en congé ...
avait des yeux verts et des cheveux blonds , maigre et souriante.
On s'est rencontrés à la machine
à cigarettes du hall de l'hotel ,
puis au magasin de chocolat dans Sainte Catherine Road ( y'a que des saints et des saintes dans ce pays ! )
On a bavardé du temps qu'il faisait , de la France Mitterrandienne et des plages à voir ici ...
et ( chose bizarre ) des mouvements ouvriers anti_bureaucratiques qui commençaient en Pologne ... avec Solidarnosc qui venait au jour ...
Ballade en ville et passé le matin avec une pause tarte et crèmes et glace _ milks shakes on se gavait ...
On a bavardé encore et on a loué une Ford bleue pour ballader
Jersey c'est tout petit mais que c'est beau !!!
Les pédales de la voiture m'angoissaient ...
mais c'était pareil
qu'en France ... ouf !!!
Et la conduite à gauche avec le changement de vitesse à gauche ...
no problem , je suis ambidextre 1OO% total !!!
Puis les gens sont gentils et la vitesse limitée ...
Direction Sainte Elisabeth Grave , Fishermen's Chappel , Gorey Harbour ...
Au nord , c'est comme en Bretagne falaises et landes vertes et mauves
Au sud , y'avait des palmiers et au zoo les orangs outangs se bananaient la fraise au soleil ...

On se racontait des histoires nos histoires à nous
Marjorie m'a fait voir son Irlande de feu de sang de terres et de gens pauvres d'émigrants
Elle avait un oncle dans l'IRA ,
un autre truandant à Londres ,
un grand père flic à Manhattan
Les femmes aussi ...
Et elle était employée de banque dans un paradis fiscal ...
Elle voulait savoir ma vie
...mais ma vie me semblait sans aucun intéret ...

" Alors raconte moi une histoire ta plus belle amour " , me dit-elle

OK !!!
Je lui racontais donc Fanny :
Le village croulait sous le soleil ...
Les restanques saignaient de merde de tripes de vomi et de sang
et d'éclats de mitraille ,
Fanny souriante fouilla dans son sac et changea de slip , de pantalon et de tee-shirt , trop de sang ...
Les courges roulent à la pente !!!
Chez Dora , les papies s'assirent et burent trois pastis sans dire un mot ...
Fanny s'était ouverte une bouteille de Champagne et se la buvait en caressant le bois pourri de la table et ma main qui tremblait encore ...
" La guerre est finie ... " dit César .
" Je voudrais dormir ! "
" On les a eu ! "

Marius cracha sur son fusil et posa sa pipe sur la table.
" Carmela tu es belle ! "
" Gerda était plus belle encore , mais elle est morte en roulant vers le front ! "
" Ouvre une autre bouteille et vite s'il te plait , merci ! "




Marjorie me demanda qui étaient ces gens


Nous sommes partis dans la Ford bleue vers Sainte Catherine et nous avons trouvé un petit pub pour continuer ces bavardages .

Marjorie dormait quand je suis arrivé chez elle le lendemain.
Elle était souriante et voulait savoir la suite ...

" En Irelande nous avons nos guerres aussi ! "
" L'Algérie et l'Espagne étaient mélangées pour Fanny et pour moi aussi ... "

Ce jour là nous sommes allés visiter des chapelles , des cimetierres et des plages jolies ...

Faut vous dire que les églises et les tombes étaient jolies et pas tristes ...
Des fleurs , de la verdure , des statues , des arbres ...

Retour à Saint Helier , restau non ! Pizza ou Pakis !!!

On avait beaucoup marché sur la mer à marée basse entre les bateaux des ports ...

Les voiliers se penchaient fatigués , les Land Rovers cotoyaient les oiseaux de mer ...
Elle ( Marjorie ) elle souriait et elle riait souvent en croisant les gens ... les regardant longuement mais

sans mépris , juste pour rire ...

" Dis moi la suite de ton histoire de guerre avec Fally !
Non , je voulus dire Fanny ..."

Me demanda _t_elle en buvant un chaud chocolat aux sables de Sainte Elisabeth
sur le chemin de la Grève de Lecq ... au nord ...

" Dans la ceinture industrielle de Madrid , le prolétariat est en grève et sous nos draps rouges dans cet hotel un rouge vent caresse nos peaux et nos jambes tremblantes et nos sourires fauves ... et je suis fatigué loin d'Elisabeth mais heureux d'ètre avec toi Marjorie ... "

Dans le Tier Garten et les ruelles de Berlin ,
fanées sont les roses de Karl et Rosa ...
Les Corps Francs ont fini leur sale boulot ...
La révolution allemande a été tuée et les bouchers arrivent peu à peu ...


Marjorie avait une amie galloise : Helenn , triste et sombre ,
belle et brune aux yeux bleus , silencieuse et angoissée
mais son amertume se transforma en sourire
et en rire aussi quand passèrent les heures en parlant ...
sur la grève de Lecq de nous de nous et encore de nous ...
le monde autour reviendrait dans un moment et nous avons passé la soirée à en parler ...
dans une sorte d'auberge au bord d'une petite route où on a mangé des patates chaudes et des poissons et bu beaucoup ...

La grève de Lecq ... à Jersey ... est pour moi un des plus beaux paysages du monde ...
( Avec le récif d'Uturoa et Venise ...
Oui et non , je flippe grave car cette plage sombre est le plus beau trou du c.. du monde !!! )

Une merveille à connaitre , toutes les impressions peuvent s'y croiser ... Une simple plage au nord d'une petite ile sous une falaise ...

Ce matin il pleut beaucoup , chère Marjorie et
il pleut encore et tu es si loin dans le temps passé



... dans les usines cadences infernales , entrailles éventrées , carcasses , cadavres , squelettes
des filles des bureaux des rues et des
hopitaux ,

et morgues , crématoires , landes , dunes , ruines
Des feuilles mortes des fusils cassés
Elle , elle caresse la barricade
Elle , elle sourit aux blessés
Elle, elle crache sur la haine
Elle , elle hurle son Chili
Elle , elle pleure sa Commune
Elle , elle soigne son chat
Elle , elle regarde voler les oiseaux
Elle , elle n'oublie pas les cendres ...

Elle , elle regarde un poisson ivre
échoué sur son ventre
Elle , elle promène une taupe bleue
Elle , elle a une casquette noire
Elle , elle a une étoile rouge
dessinée sur l'épaule
Elle , elle attache un voile à sa cheville
Elle , elle danse sur les pavés

Elle écume les sables noirs sous les falaises en croquant des pommes
et cherchant des galets blancs
Elle monte aux cheminées des usines occupées / souvent elle vole
chez l'épicier des bananes , elle n'aime pas les oranges .

La pisse des corbeaux / Aurore à onze heures du matin
cigarettes plus brunes que le bleu de la mer
feuilles de papier parterre / je tire le verrou ...


Cécile est en Hongrie peut ètre ou en Espagne ?


Eclairs rebelles qui éclairent Claire sous les palmiers .
Loin d'Argentine , ma révolte se lamente en fleuves silencieux
comment ne pas penser à ces enfants nés en prison ?

Sa langue écorche ma carapace sur l'asphalte
Kwelze est partie vers l'est ...
Juste avant , le matin , elle m'avait dit :

J'ai longuement regardé mes jambes écorchées , mon ventre fracassé ... puis du sable a coulé lentement sur mon sexe qui toussait , tu sais , j'étais un peu emmerdée ... Alors , tu sais on se reverra ... rien que pour çà .... merci fleur de pavé .

Quand elle est montée dans l ' avion ...

J'avais l'impression que le Palais d ' Hiver venait d'ètre couvert de drapeaux rouges ... et j'ai souri enfin !

Avec Marjorie à Jersey dans une Ford Bleue sur les chemins ...
odeurs des frites ,
des marrons dans les milk_shakes ,
des confitures de fruits lointains ,
... des crèmes et du lait des vaches ...



Pas de belles cascades polynésiennes ni merveilleux torrents canadiens ...
mais des ruisseaux entre les fleurs et les herbes
des vaches rousses qui déambulent paisiblement
eaux claires sourire aux lèvres

lire toute la nuit

noter des détails sans importance

voyager dans peu d'espace

aimer la grisaille plus que l'azur !

regarder des chats , des fleurs et des poteries

peindre la lune comme une bouteille de grand whiski

sentir les parfums les odeurs du marché des poissons des lavandes

soupirs de lilas , larmes des sables ou sourires des voiles blanches ...

Mais ... malgré cette douceur apparente , certains lieux sont aussi sauvages et beaux que les plages et forets de New Zealand ...

Infos dans la radio :

Nicaragua Pologne
une dictature abattue
voudrait renaitre de ses cendres
une autre , agonisante voudrait la paix dans le sang

Changement de radio , on regarde une mouette et un chat par la fenètre , on se fume des bières blondes et on boit des cigarettes rousses ... mais pas beaucoup !

... avec Marjorie ...

on écoute Country Joe Mac Donald , Joan Baez , Jefferson Airplane , Bob Dylan , Grace Slick et Jimmy H. qui fait de l'hymne US un "Guernica musical" à chialer poing levé ma poule !!!

Oui !!!!
Oh ! Bloody Mary !!!
Oh ! Molly Mallone !!!
Sunday bloody Sunday !!!
Land & Freedom !!!
Emma rejoint la dernière barricade de la Commune
Louise rejoint le SO de la Ligue
Katioucha lève ton drap peau rouge !!!
Maroussia rejoint l ' Armée Rouge comme " tireuse d'élite "
( on disait pas " snipper" en ces temps-là _ 41 officiers des Armées Blanches tombèrent sous ses balles ... )

Yessssssssss , l'éxécution de l'hymne américain par Jimmy H. à Woodstock est un des plus beaux évènements politico_culturels du dernier siècle !!!


Si vous connaissez pas cherchez , en pleine guerre du VietNam , c'était du pur bonheur pour nous tous les pacifistes_anti-impérialistes et autres Viets Congs !!!


Et boire une goutte de rhum sur ses lèvres en riant.