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Rachel

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Message par rachel Sam 31 Oct - 12:01

“Avec mon film, je pars lutter à ma manière en Israël-Palestine”

http://www.rue89.com/bitton/2009/10/04/ave...srael-palestine











J'écris ce premier billet du blog que Rue89 me fait l'amitié d'héberger dans l'avion qui vient de décoller de Paris, direction Tel-Aviv. Je vais passer 10 jours en Israël-Palestine, pour y montrer mon nouveau film, « Rachel », au festival international de Haïfa et au Festival international de
Ramallah.

C'est important pour moi de montrer ce film là-bas, juste avant sa sortie en France (le 21 octobre).

Israël-Palestine, c'est pour moi le même pays, malgré les murs que je n'accepte pas, que je m'obstine à franchir le plus souvent possible, physiquement et symboliquement.

Cette fois aussi, en dépit de toutes les difficultés, je me suis débrouillée pour que ce film qui parle d'eux soit présenté -dans la même semaine- à des Israéliens et à des Palestiniens. J'ai besoin de leurs regards sur mon travail, et je vous parlerai dans quelques jours des réactions que « Rachel » aura suscité chez les uns comme chez les autres.

Je vous raconterai aussi comment on fait, dans ce pays de fous, pour trimballer les 6 grosses bobines d'un film de 1h40 à travers les checkpoints. Et comment on passe d'un monde à l'autre, d'un public à l'autre, en restant la même : une cinéaste franco-israélienne d'origine marocaine que ceux qui aiment enfermer les gens dans des tiroirs communautaires bien séparés ne savent jamais comment cataloguer.

Ecrasée par un bulldozer isréalien

« Rachel » est une coproduction franco-belge, qui parle anglais, hébreu et arabe. C'est une enquête cinématographique sur la mort d'une jeune pacifiste américaine, Rachel Corrie, qui a été écrasée par un bulldozer militaire israélien en 2003 dans la bande de Gaza, alors qu'elle et ses camarades tentaient d'empêcher la destruction de maisons palestiniennes. (Voir la bande-annonce du film)


J'ai essayé, dans ce film, de transcender mon sujet. Tout en enquêtant très rigoureusement et méticuleusement sur l'affaire Corrie, j'ouvre des fenêtres de méditation sur des thèmes plus larges : la jeunesse, la guerre, l'engagement politique.

J'ai appris du poète palestinien Mahmoud Darwish -qui était mon ami et sur lequel j'ai réalisé un film- que la réalité palestinienne, lorsqu'on l'observe de près, devient très vite une métaphore de l'état du monde.

Dans chacun de mes films, je suis guidée par cette exigence : qu'avons-nous à dire au monde ? En parlant de nous, que disons-nous de tous les autres ?

Le paysan palestinien arc-bouté sur son lopin de terre menacé d'expropriation ressemble à tous les paysans spoliés de la planète. Le mur qui enferme son village et le coupe de son oliveraie ressemble à tous les murs érigés par les puissants pour se protéger des faibles.

Et le gentil soldat israélien qui se transforme en brute, le cerveau lavé de bonne conscience « démocratique » et de propagande « antiterroriste » renvoie à tous les petits soldats rendus sourds et aveugles à la souffrance et aux humiliations qu'ils infligent.

Vingt ans plus tard, il arrive qu'un petit soldat devienne cinéaste, et que sa prise de conscience tardive nous donne des films aussi magnifiques et ambigus que « Valse avec Bashir ». C'est compliqué, tout ça, et c'est pour cela que cela m'intéresse !
La jeune fille que j'ai été

Rachel avait 23 ans, elle aurait pu être ma fille, et elle est aussi –en beaucoup plus courageuse- la jeune fille que j'ai été. A son âge, j'ai commencé moi aussi à manifester et à lutter de différentes manières pour le droit des Palestiniens à l'indépendance.

Mais ma génération a lamentablement échoué : l'occupation est beaucoup plus dure qu'elle ne l'était, les Palestiniens se sentent bernés et abandonnés et les Israéliens se donnent des gouvernements de plus en plus brutaux. Même le mot « paix » est devenu obscène : toutes ces poignées de mains, tous ces processus lancés en fanfare, alors que les bombes continuent de pleuvoir et les implantations de se construire…

Je ne suis pas optimiste, même l'espoir que l'élection d'Obama a suscité en moi est en train d'être déçu. Mais comme le dit l'un des personnages de mon film : « Lutter, c'est vivre ». La figure lumineuse de Rachel est celle de ceux qui, de tous temps et sous toutes les latitudes, ont refusé que l'on opprime en leurs noms, et qui ont découvert en chemin l'hospitalité des pauvres, meilleure consolation aux railleries réservées aux « doux naïfs » de son espèce. L'histoire de Rachel n'a pas de Happy End, mais elle rend le goût du partage, de la solidarité, et de la lutte. Alors voilà, je m'en vais lutter, à ma manière, avec mon film.
Les parents de Gilad Shalit vous recevoir des nouvelles de leur fils

Dans cet avion d'El Al, il y a beaucoup de juifs français très religieux qui vont en Israël pour y passer la fête de Sukkot. D'autres, moins religieux, qui changeront d'avion à Tel-Aviv pour continuer vers les plages d'Eilat. Ils prient, papotent, échangent des adresses d'hôtels. Ils ne semblent pas beaucoup s'intéresser à l'actualité, ou ne lisent pas l'hébreu.

Dans cette partie de l'avion, je suis la seule à avoir pris tous les journaux proposés par l'hôtesse.

Aujourd'hui, les parents de Gilad Shalit vont enfin recevoir des nouvelles de leur fils. En échange, 19 familles palestiniennes vont retrouver leurs filles, relâchées des prisons israéliennes.

L'une d'entre elles, une enfant de 15 ans du camp de réfugiés de Jalazoun, avait été arrêtée il y a un an à un checkpoint avec un couteau dans son sac. Elle a toujours nié qu'elle avait l'intention d'utiliser ce couteau pour poignarder quelqu'un, et le juge d'application des peines avait de toutes manières accepté de réduire sa peine
pour bonne conduite.

Elle a déclaré qu'elle espérait que Gilad sera bientôt libéré, de même que les 11000 détenus palestiniens en Israël qui, selon ses mots, « ne sont pas traités comme des êtres humains ».

Chacun sait que la libération du soldat israélien tarde parce que l'armée israélienne marchande interminablement le nombre de détenus palestiniens à relâcher en échange, mais tout se passe, encore une fois, comme si la souffrance et la vie des uns n'avait pas la même valeur que celle des autres.

Je vais atterrir au pays du cynisme, dont je ne cesse, film après film, de documenter la douleur, mais aussi la beauté. Le pays de ma jeunesse, que j'observe sans complaisance, souvent avec colère, avec une inquiétude et un effarement grandissants -mais toujours avec tendresse.
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