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Violence(s) dans la manif lycéenne . Quelles violences ?

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Violence(s) dans la manif lycéenne . Quelles violences ? Empty Violence(s) dans la manif lycéenne . Quelles violences ?

Message par rachel Mer 16 Mar - 5:54

J'ouvre ce fil qui n'est pas prèt de se refermer , hélas
--------------------------------------------------------------------------------( source : liste de diffusion de : La lettre de 5ème zone , bulletin )

LE GÂCHIS
La manifestation lycéenne du 8 mars à Paris n’a pas pu aller jusqu’à Denfert-Rochereau. Elle a été dispersée à Austerlitz : trop d’agressions, trop de vols, trop de lynchages de manifestants. Les agresseurs n’étaient ni des CRS, ni des fascistes mais des centaines de tout jeunes garçons, souvent masqués, agissant en meutes, cognant, volant, humiliant, l’injure raciste ou sexiste à la bouche. Les témoignages de lycéens et d’adultes font peur.
C’est une affaire crasseuse et inquiétante par tous les bouts. D’abord parce qu’il est évidemment inadmissible que des lycéens manifestant pour une école moins inégalitaire soient agressés à coup de poings et de pieds, mais aussi de bâtons, de bouteilles ou lacrymos, dépouillés de leurs téléphone, de leurs MP3, de leur argent, aient leurs vêtements lacérés au cutter. De tels dérapages déconsidèrent les manifestations lycéennes et dissuadent d’y participer ceux qui n’ont pas envie de se faire racketter et/ou casser la tête.
Ceux qu’on a baptisés les casseurs n’ont au total cassé ni voitures, ni boutiques ni même attaqué la police, occupés qu’ils étaient à casser du lycéen. Ils ont réussi ce dont le gouvernement rêvait : disperser la manifestation et détourner l’attention de la réforme Fillon et des injustices à l’école quelle accroît. Ils se sont comportés très exactement en supplétifs du gouvernement qui les opprime et les méprise.
Enfin, et c’est sans doute le plus lamentable, ces casseurs que l’on dit venus en bandes de cités dures pourrissent la réputation de tous les jeunes des quartiers. Ils n’y sont pourtant qu’une infime minorité en rien représentative des lycéens des banlieues populaires qu’on a vus en masse dans les défilés (et qui ont souvent été victimes de leurs rackets). En laissant donner des jeunes des cités l’image d’abrutis violents, incapables de s’en prendre aux vrais responsables de leur sort mais tout justes bons à lyncher leurs copains, ces petits cons casseurs recrutent pour Le Pen.
Ces incidents rendent un tel service au gouvernement et au FN que certains ont voulu y voir une provocation policière. Même si cela ne peut être totalement exclu, c’est une explication qui n’avance à rien… car le véritable problème n’est pas d’entrer dans les calculs tortueux des officines policières mais bien de comprendre pourquoi des centaines de jeunes (majoritairement très jeunes, moins de 18 ans) se sont laissés happer dans cette spirale imbécile et suicidaire et ce qu’ils y cherchaient, pour pouvoir, peut-être, les empêcher de dériver trop loin.
L’argent facile, l’appât du gain ? Sans doute, en partie. Mais ce n’est pas l’essentiel. Le pillage de magasins (comme il s’en était produit lors de manifestations lycéennes de 1995 et de 1998) ont un retour sur investissement bien plus intéressant ! En rapport avec les centaines de jeunes qui ont participé aux opérations, les quelques centaines de portables, de walkman, de blousons (tous d’occasion) et les quelques centaines d’Euros rackettés sont un butin minable et qui, surtout, n’explique pas la rage de certains des casseurs à cogner gratuitement et à humilier ceux qui leur tombaient sous la main.
En réalité, aussi amer que soit le constat, c’est une vengeance contre la société que venaient chercher ces jeunes désemparés. En cognant avec rage sur leurs copains lycéens, ils se vengeaient du mépris social qu’ils endurent au quotidien, du racisme aussi pour certains. Ils croyaient faire payer leurs échecs à ceux qui réussissent ou essayent de réussir à l’école et dans leur vie. C’était le bal pathétique des laissés pour compte de la société du fric, de la frime et de la combine.
On aurait tort de minimiser ces incidents. Outre leurs conséquences immédiates (les blessures, les traumatismes, le handicap qu’ils constituent pour le mouvement lycéen contre la loi Fillon), ils devraient être un signal d’alarme : une fraction de la jeunesse est désespérée, exclue des voies de la réussite sociale, mais aussi et surtout ayant perdu l’espoir d’une amélioration collective de sa situation par les moyens qui, dans les périodes précédentes avaient permis que la condition ouvrière évolue : la grève, les manifestations, le combat collectif.
Pour la première fois à cette échelle, une fraction de la jeunesse populaire s’est retournée contre une autre fraction, tout aussi populaire dans sa majorité. C’est évidemment l’effet de 30 années de chômage, d’effondrement du pouvoir d’achat, de destruction opiniâtre de la législation sociale, d’essor de la précarité et du confinement des populations pauvres dans des cités sordides pendant que les profits boursiers ou ceux des entreprises flambent et qu’à la marge, les médiocres (de Tapie à Gaymard et compagnie) amassent avec insolence leur petite pelote au coin de leurs petites combines. C’est aussi celui de l’incapacité des syndicats à enrayer la spirale descendante et de leur dérobade quand l’occasion s’en présentait comme le 13 mai 2003. Mais c’est aussi le fruit empoisonné de 25 ans d’alternance, gauche et droite se relayant pour conduire des politiques finalement si proches que, longtemps, rien ne les distinguait, aboutissant à la ruine de toute confiance dans l’action politique et de toute estime des politiques dans l’esprit de larges couches populaires. C’est enfin le sous produit de la veulerie politique de tous les gouvernements depuis 25 ans qui ont cédé à la pression du FN et, sous couvert de lutte contre l’immigration l’ont rendue, implicitement ou explicitement, responsable de tous les maux.
Il y a urgence pour les courants qu’on disait autrefois le mouvement ouvrier, les syndicats et les partis d’extrême-gauche, à retrouver le lien avec la fraction de la jeunesse de ce pays qui part de travers. Rien ne serait plus grave que de penser que les choses finiront par s’arranger d’elles-mêmes. L’indigence de la pensée qui conduit des centaines de jeunes à jouer contre eux-mêmes ne demande qu’à être comblée par des idéologues nationalistes et/ou religieux qui, sous couvert de rendre une identité à ces jeunes en déshérence les traîneront sur les voies sans issue de l’intégrisme à leur propre profit.
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