L' honneur de Saint Arnaud - de François Maspéro

Ceci est la biographie d'un individu sans scrupules, arriviste, qui n'a d'autre cause que la sienne. Saint Arnaud, protégé de bugeaud, fait carrière dans l'armée, monte rapidement en grade. Sa fortune militaire, il la gagne en Algérie, lors de la conquête, en brutalisant les autochtones, lors de razzias, d'enfumades, de tueries sanglantes. Des villages entiers sont souvent brûlés, et leurs habitants assassinés.
Saint Arnaud, d'abord ennemi de la république, s'accommode de celle issue de la révolution de 1848, et, finalement, sera l'homme qui asseoira la dictature de napoleon et le second empire, lors du coup d'état et de la répression contre les ouvriers Parisiens, en 1851.
Nommé maréchal, ministre de la guerre de Napoléon 3, il part finalement étrenner son bâton de maréchal sur le champs de bataille d'une guerre qu'il avait toujours vivement espéré : une guerre européenne, en l'occurence, celle de Crimée. Là, il trouve la mort, victime, officiellement du choléra (il l'avait déjà attrapé une fois, et on ne peut l'attraper qu'une fois). Les hommages militaires lui seront rendus. Des intellectuels de l'époque, comme sainte-beuve, le loueront.
Ce type préfigure parfaitement, comme le dit l'auteur, dans l'épilogue, les ss qui séviront durant le nazisme, en Allemagne, et la seconde guerre mondiale.

Le récit démontre également la connivence entre le sabre et le goupillon, et comment l'église s'est bien accommodée des différends régimes, acceptant sans broncher le coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte et la tuerie faite par l'armée commandée par Saint Arnaud, sur les boulevards.

extrait du livre :

L'archevêque de Paris, Mrg Sibour, a un peu hésité au moment du massacre, mais il s'incline devant ce fait qui prime tout : le rétablissement de l'ordre.
Veuillot clame dans L'univers, qui lui n'est pas censuré : "Devant dieu et devant les hommes, la main sur notre conscience, comme Français et comme catholique, nous disons oui! Cent fois oui!"

Ceci dit, j'attribuerai la palme de l'ignominie à un grand auteur du 19ème siècle: Mérimée!

Et Mérimée, l'écrivain qui deviendra l'intime de la cour impériale, note : "Nos Rouges ont reçu une raclée solide et les badauds quelques éclaboussures qui les obligeront à l'avenir à se tenir tranquilles chez eux"