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Pour certains ignares anti-Communistes :

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Message par Pedro Dim 16 Jan - 14:07

Du 15 au 21 janvier 1921 : la naissance du Parti Communiste d’Italie
Article anniversaire publié dans Lutte Ouvrière n°1698 du 26 janvier 2001






Il y a 80 ans - Livourne, janvier 1921 : la naissance du Parti Communiste d’Italie


C’est il y a quatre-vingts ans, le 21 janvier 1921, que le congrès du vieux Parti Socialiste italien donnait lieu à une scission et à la naissance du Parti Communiste d’Italie - section de l’Internationale Communiste -, au même moment où, à la suite de la Révolution russe et de la création de la IIIe Internationale, de nombreux autres partis communistes naissaient de la même façon : en France, la scission avait eu lieu au congrès de Tours de fin 1920, à peine quatre semaines plus tôt.

Mais en Italie, les circonstances politiques immédiates rendaient cette création encore plus cruciale. Au cours des années 1919-1920, une crise révolutionnaire avait secoué le pays. Refusant de faire les frais de la crise économique d’après-guerre, la classe ouvrière, les paysans pauvres, les ouvriers agricoles (nombreux dans ce pays de grandes propriétés terriennes) étaient passés à l’offensive. La classe ouvrière en lutte avait imposé la journée de huit heures, la généralisation des contrats collectifs et la représentation des travailleurs dans des « commissions internes d’usines », tandis que la paysannerie pauvre occupait les terres des grands propriétaires. La radicalisation se traduisait par le développement des organisations syndicales et politiques du mouvement ouvrier et paysan.

Le « Biennio rosso », du nom donné à ces « deux années rouges » 1919-1920, avait débouché sur le mouvement d’occupation des usines de septembre 1920. L’Italie avait semblé mûre pour la révolution, mais la trahison du mouvement gréviste par les chefs réformistes du Parti Socialiste et de la Confédération Générale du Travail (CGL) entraîna fin 1920 un tournant. La désillusion et le découragement commencèrent à s’installer dans la classe ouvrière. La réaction relevait la tête. En décembre 1920 à Bologne, les bandes fascistes de Mussolini attaquèrent pour la première fois une manifestation ouvrière.

Le congrès

Tel était le contexte où se tint le congrès de Livourne. L’aile révolutionnaire du Parti Socialiste, consciente de la trahison des chefs réformistes et suivant les directives de l’Internationale Communiste, ne voulait plus cohabiter avec ceux-ci et voulait s’orienter vers la création de ce parti révolutionnaire dont toute la situation avait montré la nécessité urgente : un Parti Communiste.

Au congrès de Livourne qui se tint du 15 au 21 janvier 1921, dans l’ambiance tumultueuse du théâtre Goldoni où s’étaient réunis les congressistes, la lutte des fractions fut âpre. Les délégués étaient divisés en trois tendances. Regroupés autour d’Amadeo Bordiga, d’Antonio Gramsci et d’Angelo Tasca, les délégués communistes (58 000 mandats) représentaient l’aile révolutionnaire du parti. En face, l’aile ultraréformiste, derrière Filippo Turati, ne « pesait » qu’environ 15 000 voix. Mais la majorité du parti restait derrière les socialistes dits « maximalistes », regroupés autour de Giacinto Menotti Serrati, qui pouvaient compter sur près de 100 000 mandats.



Pour les dirigeants de l’Internationale Communiste, comme Lénine et Trotsky, qui voulaient sélectionner une direction révolutionnaire, la tendance maximaliste de Serrati constituait un problème. Il représentait ce centre du Parti Socialiste italien qui, pour ne pas perdre son influence sur les masses, avait radicalisé son langage à mesure de la montée de leur sentiment révolutionnaire. Au cours du « Biennio rosso », les « maximalistes » n’avaient pas hésité à utiliser un langage révolutionnaire, tout en ne faisant rien pour passer de la parole aux actes. Délégué au IIe congrès de l’Internationale Communiste, Serrati se disait favorable à celle-ci. Mais au nom d’une prétendue « spécificité italienne », il refusait de rompre avec l’aile ultraréformiste de Turati.

Cependant le congrès montrait que le courant majoritaire de Serrati influençait encore des dizaines de milliers de militants ouvriers qui plaçaient leurs espoirs dans la Russie révolutionnaire et qui avaient joué un rôle dirigeant dans les luttes du « Biennio rosso ». Ni Lénine ni Trotsky ne voulaient laisser de côté ces militants ouvriers-là.

Pendant toute la durée du congrès de Livourne, Serrati tergiversa. Il préféra finalement, comme le dit plus tard Lénine, « rester » avec 15 000 réformistes plutôt que de rejoindre 58 000 communistes.

Au contraire de ce qui s’était passé en France lors du congrès de Tours, où la majorité centriste du parti avait voté l’adhésion à l’Internationale, la tendance communiste fut donc minoritaire. Les délégués qui avaient voté la motion communiste quittèrent la salle, se réunirent non loin de là, au théâtre San Marco, et proclamèrent la constitution du Parti Communiste d’Italie, section de l’Internationale Communiste.

Un parti faible pour une situation dramatique

Ce PC d’Italie était encore bien trop faible pour faire face à une situation marquée par la montée du fascisme et qui, pour être redressée, aurait nécessité une exceptionnelle détermination révolutionnaire. Il était faible parce qu’il naissait coupé de la majorité des ouvriers révolutionnaires, restés sous l’influence des maximalistes. Mais il manquait aussi dramatiquement d’expérience. Sa direction était jeune, née en fait autour de deux noyaux essentiels : celui du journal l’Ordine nuovo (l’ordre nouveau) animé à Turin par Gramsci et celui du journal Il Soviet animé à Naples par Bordiga. Gramsci, âgé de trente ans en 1921, faisait partie d’un groupe d’intellectuels venus au socialisme et à la révolution durant la Première Guerre mondiale. Bordiga, qui n’avait que deux ans de plus, avait une expérience politique plus solide et plus ancienne au sein du Parti Socialiste.

Ces intellectuels, quelle que soit leur valeur - et elle était grande - n’étaient pas encore assez préparés pour faire face à la situation. Attirés par la Révolution russe, mais eux-mêmes dépourvus d’une expérience révolutionnaire qui leur soit propre, ils n’avaient pas eu vraiment le temps d’en assimiler toutes les leçons. Gramsci, gagné à l’idée du pouvoir des Soviets, tendait à donner aux Conseils Ouvriers de Turin un caractère plus syndical que politique, les voyant comme une sorte de préfiguration idéale de la société future plus que comme un outil de lutte de la classe ouvrière pour le pouvoir.

De son côté, Bordiga, attaché à la lettre du programme révolutionnaire, gardait de son passé d’opposant de longue date aux réformistes une répulsion pour toute forme de compromis, y compris les compromis si souvent nécessaires parce qu’ils sont imposés au cours de la lutte par la réalité des rapports de force. La défense intransigeante du programme communiste par Bordiga, l’audace politique dont il savait faire preuve se doublaient malheureusement d’une certaine incompréhension des mouvements réels, et finalement de sectarisme.

Bien sûr, rien de tout cela n’était rédhibitoire. La jeune direction de ce jeune parti pouvait apprendre et se tremper, d’autant qu’elle bénéficiait de toute l’aide politique de l’Internationale Communiste. La direction de celle-ci, notamment, n’eut de cesse de chercher à influencer les ouvriers révolutionnaires restés avec les maximalistes pour tenter de les attirer dans les rangs du PC. Dans les années qui suivirent le congrès de Livourne, elle chercha sans succès à faire fusionner l’aile gauche du Parti Socialiste qui comptait encore nombre de cadres ouvriers, aguerris et trempés dans les luttes, avec le jeune PC d’Italie.

La répression fasciste

Mais décidément les événements allaient vite. Au lendemain de l’échec de l’occupation des usines, le patronat italien lançait l’offensive, licenciant des milliers d’ouvriers, en particulier chez Fiat. Crise industrielle et chômage pesèrent sur le moral de la classe ouvrière tout au long de l’année 1921, tandis que la violence des bandes fascistes, aidées par la police et l’armée, se déchaînait contre les organisations du mouvement ouvrier : maisons du peuple et bourses du travail pillées, coopératives et ligues paysannes dévastées, journaux et cercles ouvriers incendiés, militants socialistes et communistes pourchassés et assassinés. Au lieu d’organiser la classe ouvrière pour la riposte, le Parti Socialiste alla de capitulation en capitulation. Quant au Parti Communiste, il n’avait certes pas l’influence suffisante. Mais plus grave, son sectarisme l’empêchait de concevoir de s’allier pour la lutte avec d’autres forces. Pourtant, au sein de la classe ouvrière, apparaissaient des tentatives de s’organiser pour faire front au danger fasciste, parfois victorieusement. Ainsi, les travailleurs de la ville de Parme surent le faire en août 1922, brisant l’attaque des fascistes sous la direction d’une organisation de ce genre, celle des « Arditi del popolo ». De la part du PC, ignorer de telles forces revenait, au nom d’une défense abstraite des principes, à tourner le dos à la lutte réelle.

En novembre 1922, la marche sur Rome des bandes fascistes scella la victoire de Mussolini, aussitôt appelé au pouvoir par la monarchie. Quelques mois plus tard, le pouvoir fasciste lançait une offensive contre le Parti Communiste. En février-mars 1923, Bordiga ainsi que la majeure partie des dirigeants furent arrêtés et jetés en prison. En mai, ce fut au tour de toute la direction de la Fédération de la Jeunesse Communiste de tomber dans les filets de la police fasciste. La répression ne parvint pas à détruire entièrement le parti, qui survécut dans une semi-légalité tandis que ses effectifs chutaient considérablement, passant à moins de 10 000 militants. Puis trois ans plus tard, début 1926, le Parti Communiste d’Italie fut interdit par les lois exceptionnelles ainsi que tous les autres partis politiques et dut plonger dans la clandestinité totale.

Pendant les vingt ans que dura le régime fasciste, le PC devait être le seul parti du mouvement ouvrier italien à ne pas déserter la péninsule. Il continua la lutte contre l’oppression, s’appuyant sur le courage de ses militants, assassinés par centaines, emprisonnés, déportés, jetés sur les chemins de l’exil par milliers. Mais aux conséquences dramatiques de la répression fasciste devaient s’en ajouter d’autres : celles du stalinisme arrivé au pouvoir en URSS et contrôlant désormais l’Internationale Communiste.

Les conséquences du stalinisme

Lénine disparu, Trotsky éliminé, la préoccupation des dirigeants de l’Internationale n’était plus tant d’aider les partis communistes à se former et s’aguerrir pour être à même de faire face aux situations révolutionnaires qui ne manqueraient pas de se représenter, mais de sélectionner à la direction des PC des hommes fidèles aux bureaucrates en place au Kremlin. Gramsci fut utilisé pour éliminer Bordiga, puis oublié au fond de la prison où l’avait enfermé Mussolini. Staline s’appuya alors sur Togliatti. Cet ancien compagnon de Gramsci au sein de l’Ordine Nuovo révéla une servilité à toute épreuve vis-à-vis des dirigeants staliniens, celle dont ceux-ci avaient besoin justement pour transformer les partis communistes, de partis révolutionnaires, en des instruments de la diplomatie de la bureaucratie stalinienne prêts à se mettre au service de leur bourgeoisie si on le leur ordonnait.

C’est bien ce qui allait se produire à partir de 1943. Lorsqu’après la chute du fascisme le PC put commencer à réapparaître au grand jour, - non plus sous le nom de Parti Communiste d’Italie, mais sous celui, bien national, de Parti Communiste Italien, il mena sous la direction de Togliatti, à l’égal d’autres partis communistes, et notamment du PCF, une politique s’opposant à toute perspective révolutionnaire, une politique réformiste semblable justement à celle qu’avaient combattu Bordiga et Gramsci en fondant le Parti Communiste d’Italie en janvier 1921.

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Message par Pedro Dim 16 Jan - 14:15

L'histoire est la même, partout ou, à cette époque, le fascisme, ou le nazisme triomphait : Italie, Allemagne, Espagne... Des militants ouvriers continuèrent, malgré le danger, à militer, dans la clandestinité, à se battre pour leurs idéaux. Beaucoup furent emprisonnés, torturés, jetés sur les routes de l'exil, assassinés.

Le fascisme, écrivait justement Clara Zetkin, une grande militante socialiste, c'est le châtiment qui s'abat sur le prolétariat pour n'avoir pas continué la révolution commencée en Russie.
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Message par Pedro Dim 16 Jan - 14:23

Et on comprend bien, aussi, en lisant le texte plus haut, les responsabilités de la troisième internationale stalinisée. Un peu partout ou il y avait des partis Communistes, en effet, staline et sa bande mettaient des hommes, à leur tête, totalement soumis à cette internationale stalinisée. Ces mêmes individus accrochaient les partis Communistes à la remorque de leur bourgeoisie nationale. Thorez, en France, à la tête d'un PC puissant, demandait aux travailleurs de "produire, produire, produire". La grève, s'était "l'arme des trusts"....
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