Petit apperçu de ce qu'ont vécu les employés de ces deux vauriens de frère Chlumph.
Extrait d'un ouvrage écrit par ceux qui se sont retrouvés à la rue, pour assouvir la passion des side cards de ces patrons voyoux.
Normal que l'on leur a piqué. C'est au peuple pas à eux et ils étaient vert de rage, lorsque les ouvriers de chez moi, ont pris possession du musée.
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UNE DURE ANNÉE COMMENCE
ON S'ORGANISE :
« Tel est pris qui croyait prendre. »
Il semble que le concordat, accepté par les créanciers, ne pourra être réalisé. Le 3 mai 1977, les Syndics, sachant que tout accord de reprise est subordonné à l'assentiment des occupants, viennent nous présenter un plan proposé par deux sociétés : Prouvost-Bernard, et Declercq qui étaient susceptibles de nous reprendre. A ce moment la nous, on a posé des questions pour demander jusqu ou ils iraient e combien de personnes seraient reprises. Déjà, on sentait que ce serait très faible et qu'il y aurait au moins la moitié du personnel qui tomberait.
Donc, on a eu une réunion avec l'ensemble du personnel dans ancien tissage, à Roubaix, avec « ces Messieurs ». C'est la qu'on a vu 1 avocat de S Maison Deffrenne qui était, en même temps^son avocat personnel. Il a voulu intervenir lui aussi. On l'a empêche d'entrer en disant qu'on avait rien à faire avec lui. Cette réunion a été informelle, tout le monde pouvait s'exprimer. Ils ont parle de leur plan et effective-ment ça ne se montait pas à plus de 140 personnes reprises sur les 320. Leur plan prévoyait une location gérance de six mois et ils rachetaient les stocks à 30 de leur valeur. Ce qui veut dire qu ils «. Prenaient la marque et après six mois : « Deffrenne on n'en parlait plus ! ». Aussi vite, on a dit : « Qui est-ce qui est daccord avec œ projet ? Qui est-ce qui ne l'est pas ? Ceux qui sont d'accord restent L place et les autres s'en vont à gauche. ». Plus des trois quarts du personnelle sont partis à gauche. C'était un refus net déjà sans savoir exactement les places et les noms de ceux qui tomberaient. Ça se t affiné ensuite au cours d'une lettre que le syndic a envoyée avec tous les postes et les places qui tomberaient a chaque poste.
Nous on s'est occupé immédiatement à faire des panneaux. « Puis-qu'il n'y avait pas eu d'accord, il faudrait prévenir les gens. Et il y aura une nouvelle réunion où on devrait voter» Donc, on s'est occupe immédiatement à faire des panneaux, poste par poste, avec les personnes qui sont au départ et celles qui resteraient. Ça nous a pris une bonne journée pour faire tout cela et quand, le 6 mai on a eu ce^te assemblée générale avec les Syndics, pour voter, il y avait 287 -personnes qui sont venues. Comptons qu'il y avait une vingtaine de personnes malades. C'était tout ce qui restait du personnel, compte tenu qu'il y avait déjà une vingtaine de personnes qui étaient parties avant d'être licenciées. Au départ de cette réunion, on a dit : on refuse ce vote On demande aux gens qui sont « contre » de s'abstenir : position de la section syndicale CFDT. Un représentant de la CGT a pris le même chemin et a fait la même demande. Après, on est passe au vote. Sur les 287, il a dû y avoir onze votants « pour », en général presque tous des cadres. Il est à noter là qu'il y eut un cadre qui s est abstenu et qui est venu avec nous. Le reste faisait environ 250 personnes qui se sont abstenues de voter. Sur la demande des Syndics pour prendre part au vote sur l'acceptation du plan Prouvost-Bernard : 160 ouvriers repris, 170 licenciés ; reprise du stock à 30 de sa valeur, et location-gérance pendant 6 mois des Ets Deffrenne & Cie.
RESULTAT DU VOTE :
Occupation des deux usines, jour et nuit, week-end compris.
Lors ça a fait encore une prise de gueule avec ceux qui avaient voté car ils disaient : « Nous, on est à onze ou quinze qui avons voté-es autres se sont abstenus ; c'est nous qui l'emportons au vote. » Ca a fait une de ces foires du tonnerre et les syndics ont dit.« Bon, la majorité n'a pas voulu de ce plan. On entérine là et puis c est tout. » y a eu de grosses prises de bec dans la cour avec les cadres. Ils nous not traité de « cons »... Tout ce qu'on voulait. On était très, très mal vus Tous ceux qui avaient voté « pour » sont partis immédiatement.
A partir de là, on était réellement en occupation parce que notre abstention, ça englobait en même temps le fait qu'il fallait occuper l'usine.
Question : Est ce que tous les ateliers ont accepté l'occupation ?
-Tous les ateliers ont accepté l'occupation ! On a rejeté le plan Prouvost-Bernard.
C'est là, que pour la première fois, on a chanté l'Internationale
Il y avait une majorité pour suivre les délégués.
- Oui. tous les ateliers étaient d'accord pour suivre mais pas forcément tout le monde dans les ateliers.
- On voulait tous être repris où alors pas un !
- Oui ! Mais ce qui nous a uni, c'est qu'on a toujours refusé de voir la liste des licenciements.
- De toute façon, la ligne de la section syndicale n'a jamais changé, elle a toujours refusé tout licenciement. Maintenant, c'est encore une réintégration complète qu'on demande. Il faut qu'ils embauchent tout ceux qui ont fait l'occupation. C'est toujours dans la ligne de la section syndicale depuis le début. Si on n'est plus à 250, c'est que les autres nous ont lâchés.
Question : Comment ça s'est passé au niveau personnel quand vous avez commencé à vous mettre en occupation.
Chacun réagit à sa façon et puis il fallait bien qu'on s'y mette ; on n'avait pas le choix.
- C'est à dire qu'on a vu que les délégués étaient bien organisés ; alors on leur a fait confiance et on les a suivis. On s'est dit : « Ils savent ou Savent ». Mais avant, on n'était pas du tout au courant d'une action syndicale, comment elle devrait être menée. On s'est rendu compte quand même qu'il y avait quelqu'un qui savait mener la barque. Et un peu à la fois, tout le monde a appris. On a tout appris, on a appris à faire la grève, on a appris à occuper comme on a appris a être au chômage aussi. On a tout appris sur un an et demi ; pour la majorité d'entre nous, on a appris ce que ça pouvait être une action dans une entreprise, parce qu'avant personne n'avait fait d'action, ou alors très peu !
LE TRESOR DE GUERRE •
Avril 1977. « II court, il court, le furet... ».
Il plane une incertitude sur le paiement des indemnités. Petit a petit, on s'est dit : « II faudra quand même se garder une poire pour la soit, au cas où cela deviendrait plus dur pour nous. » On savait très bien qu'on était parti sur un processus très dur et très long. On s est dit . ï On va mettre de côté des pièces pour l'ensemble des ouvriers et les cacher hors de l'entreprise ». Notre idée : sur le stock, on peut prévoir un trésor de guerre qui permettrait de payer les travailleurs en cas de non-paiement des salaires, primes, droits etc... On a fait cela très doucement. Personne ne l'a su, sauf les cinq où six qui ont fait le coup. C'est resté motus ! Cette opération sera menée par un groupe minoritaire, car on ne peut demander à 50 personnes de s'occuper de cette chose la. Il faut éviter les fuites, c'est une opération délicate. On n'avait pas les des, on s'introduit au magasin par les toits, 3 heures à essayer de démonter les portes... Avant de s'apercevoir que la porte était pratiquement ouverte. On met en place le chargement et l'expédition se fait pour une destination inconnue. L'expédition par petites voitures dure toute la nuit. Au dernier voyage, on se fait arrêter par les R.G., les bagnoles étaient vides ' Et le lendemain matin, on reprend le boulot comme si de rien n'était. L'activité se poursuit. Plusieurs jours après, on demande une pièce w chef-magasinier. Il ne la trouve pas. On commence à chercher. Elle est peut-être au piqûrage peut-être ail-leurs. Toute la maison commence à chercher, on ne la trouve pas
Puis, dans le courant de la journée, on demande une 2eme pièce puis une Sème sans les trouver. Oh là là, ça commence a devenir inquiétant. Le responsable du magasin va trouver un délègue : « Des pièces ont disparu, je ne voudrais pas qu'on vous mette ça sur le dos»^ Le lendemain matin, Deffrenne veut nous emmener à la police pour déposer une plainte avec lui. Situation embarrassante : déposer plainte contre soi-même ! On suggère à Deffrenne, d'en informer le Syndic, lui n'étant plus responsable de l'entreprise. On espère ainsi gagner du temps. On se renvoie la balle d'un camp à l'autre...
Les délégués : « Ça n'a pu être fait que de jour.
La Direction : « Ça n'a pu être fait que pendant l'occupation
Au total, il manque une centaine de pièces, d'une valeur de 200 000 F
Dans l'entreprise, le bruit courait que c'était la direction qui avait fait le coup. Au cours d'un interrogatoire quelqu’un dira : « C est M.Deffrenne qui a la clé, c'est peut-être par là qu'il faut chercher .»
C'est le cas typique de Jean-Paul qui avait occupe mais qui ne s’était rendu compte de rien. Les interrogatoires commencent.
• Ce qui m'a impressionné le plus, c'est le car de police qui avait porté la convocation chez moi. Au commissariat, se trouvaient toi les personnes qui avaient occupé dans les 3 jours qui entoura l'événement. On n'avait rien à dire, on ne savait rien. Des interrogatoires avaient déjà eu lieu dans l'entreprise. Grande mise en scène interroge les gens séparément. C'est assez éprouvant. On avait ligne de conduite, qu'il fallait transmettre à d'autres très rapidement. On était harcelé. A un moment ou à un autre, on se faisait avoir. se demandait comment ça allait tourner. L'un de nous a craqué nerveusement à un moment, il se sentait traqué... Ils essayaient d'avoir des noms d'une façon où d'une autre. Ils voulaient savoir qui a occupé. Ne se connaissant pas suffisamment, on ne savait pas quel nom on pouvait donner. Pour beaucoup, ce fut une période difficile Là, tous les gars qui avaient occupé de nuit, « pan », au commissariat. La police demandait quand est ce qu'on avait passé des nuits. Les légués s'étaient arrangés de manière à ce que personne ne sache qu ils étaient allés passer les nuits. C'était un vrai foutoir. Les flics n ont jamais réussi à savoir exactement les nuits qu'on avait passé, ni quand on y était allé.
Finalement, la police est venue faire son tour. II y avait une quinzaine, d'inspecteurs dans la boutique... Ils ont bien constaté, d'après l’inventaires, qu'il manquait des pièces, mais ils n'ont pas pu accuse: vol qui que ce soit parce qu'il n'y avait pas eu effraction. Ça a ( comme ça jusqu'au 22 avril. Le 22 avril, il y avait une manifesta CFDT - CGT sur Paris, pour la défense de l'emploi. Un car de l'us avec 55 à 60 personnes de la boutique ont manifesté à Paris. Le demain, on avait prévu une conférence de presse. Déjà, avec tous éléments qu'on avait, suite à la première grève de janvier, on avait étoffer un dossier concernant les malversations de tout ce qui s'était passé dans l’usine auparavant. Donc on commençait déjà le procès d'action judiciaire. A la conférence de presse, le responsable Syndicat CFDT puisqu'il endosse la responsabilité, a annoncé que cent pièces qui manquaient, c'était nous qui les avions. Et qui avait fait cela pour pouvoir provoquer ce règlement judiciaire... on mettait noir sur blanc ce qui était reproché à notre direction » Et qui l'amènera, par la suite, à être jugée.