Parfois il y a une justice !

Un an après "l'affaire Bosch", coup de tonnerre à l'usine de pompes diesel du Rhône. La CFDT décidera dans les jours qui viennent s'il tire les conséquences des élections au comité d'entreprise, où Force ouvrière, hostile au compromis signé l'an dernier, fait une entrée en force


Les minutes s'écoulent devant le portail de Bosch Vénissieux. Le dépouillement des urnes est terminé depuis 16h15. Mais en fin d'après-midi, Marc Soubitez, le délégué CFDT, n'est toujours pas apparu à la sortie de l'usine. La veille, son équipe avait prévenu : « Si nous ne venons pas, c'est parce que les nouvelles seront mauvaises ». Le syndicaliste viendra, malgré tout. Deux heures après la proclamation des résultats, il surgit pour dire sa « grande déception », le visage tendu.
C'est comme si le ciel lui était tombé sur la tête. A l'issue des élections au comité d'entreprise, la CFDT reste le premier syndicat du site mais elle abandonne des points à ses rivaux : dans le premier collège (ouvriers et employés), l'organisation obtient environ 46 % des voix, contre 60 % lors du dernier scrutin. Force ouvrière, qui se présentait pour la première fois, décroche 20 %. La CGT est en léger recul, à 34 %. Or, ces deux dernières sections étaient farouchement hostiles à l'accord signé l'an dernier entre la CFDT, la CFE-CGC et la direction, par la suite largement approuvé par le personnel : passage de 35 à 36 heures de travail hebdomadaires et modération salariale, en échange de l'installation d'une ligne d'assemblage de pompes à diesel nouvelle génération.
« Certains syndicats se sont crus dans une cour de récréation », déplore Marc Soubitez, qui perdrait dans la bataille son mandat au CE. « Mais il se pourrait que nous remettions en cause l'accord Avenir Vénissieux.
Nous en déciderons dans les jours qui viennent. Cet accord, j'en parle au passé décomposé. C'est dommage. Il a permis d'arracher un investissement de 20 millions d'euros et une quarantaine d'embauches depuis l'été dernier. Franz Fehrenbach, le P-dg de Bosch GmbH devait même venir visiter l'usine le 29 septembre. Tout est remis en cause ». « Libéré de la crainte de perdre leur emploi, les salariés ont dit ce qu'ils pensaient vraiment » juge Serge Truscello, de la CGT, dont le syndicat avait assigné l'accord en justice. Comme ses collègues de Force ouvrière, Christian Maneval, lui, n'en revient toujours pas de son élection. « Si on m'avait dit ça... Maintenant, nous allons tout faire pour pérenniser l'emploi.
Car pour nous, la menace de délocalisation subsiste ». La direction de l'usine n'a pas souhaité s'exprimer hier soir.

Nicolas Ballet

« Certains syndicats se sont crus dans une cour de récréation », déplore Marc Soubitez, qui perdrait dans la bataille son mandat au CE. « Mais il se pourrait que nous remettions en cause l'accord Avenir Vénissieux.
Nous en déciderons dans les jours qui viennent. Cet accord, j'en parle au passé décomposé. C'est dommage. Il a permis d'arracher un investissement de 20 millions d'euros et une quarantaine d'embauches depuis l'été dernier. Franz Fehrenbach, le P-dg de Bosch GmbH devait même venir visiter l'usine le 29 septembre. Tout est remis en cause ».