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Les revenants

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Les revenants Empty Les revenants

Message par Alex Jeu 5 Mai - 19:25

http://www.vacarme.eu.org/article462.html

J'avais déjà parlé de ce film, Les Revenants, je suis bien content que d'autres l'aient vu et en parlent.

Ce n’est pas la première fois que des morts reviennent au cinéma. L’originalité des Revenants, premier film de Robin Campillo (qui est aussi co-scénariste et monteur des films de Laurent Cantet), réside moins dans son argument que dans la discipline à laquelle il le soumet. Des soixante-dix millions de morts qui déferlent un beau jour dans le monde, on ne saura ni la cause ni le projet. Ces morts n’exigent pas la restitution d’une dette, comme c’est le cas dans les films de fantômes, et leur hémorragie subite ne procède pas du dessein malveillant de quelques vivants, comme le veut une tradition fantastique. L’arrivée des revenants a la qualité de ces purs événements qui dérèglent le calendrier et périment les outils disponibles. Campillo filme le retour des morts comme ses personnages s’y affrontent : non en cherchant à lui faire rendre raison, mais en expérimentant des moyens pour lui faire face ; non en posant la question - théorique - du pourquoi, mais celle - pragmatique - du comment. On s’en doute, cette question plait à Vacarme.

Comment faire, donc, puisque les morts sont revenus - ceux du moins dont les souvenirs sont restés vivaces ? L’épreuve collective (il faut bien réguler ce flot de personnes déplacées, dans tous les sens du terme) se double de drames intimes (un enfant, un homme jeune, une vieille femme rentrent dans leur famille). Le film de Campillo - c’est sa deuxième originalité - évite pourtant une certaine manie du cinéma américain actuel, auquel le postulat du film semble d’abord l’apparenter : une mise à niveau généralisée, dont l’économie consiste à faire s’équivaloir fiction planétaire et théâtre familial. D’abord, en situant son film dans une ville moyenne de province, et plus particulièrement dans son conseil municipal - soit un lieu politique où se heurtent sans s’agencer des échelles incommensurables : la hauteur d’homme et la gestion des populations. Ensuite, en jouant du contraste maximum entre des plans très larges et des plans très serrés, la pénombre et l’irradiation, embarquant le spectateur dans un univers fantasque où aucune synthèse, aucune solution de continuité ne parait s’imposer.

Cette instabilité est d’autant plus sensible que Campillo met en déroute toutes les hypothèses qui permettraient de rabattre son film sur un sens global. La république miniature qu’il met en scène et les cas individuels qu’il distingue évoquent sans doute la fable. Mais la fable de quoi ? du deuil ? du terrorisme ? des réfugiés ? des malades ? des minorités en général ? Impossible de trancher, non seulement parce que chaque cas d’école vient démentir le précédent, mais aussi parce ces hypothèses coexistent sans qu’aucune parvienne à absorber le récit. Ni plaidoyer ni parabole, Les Revenants rouvre le vieux problème des rapports entre fiction et politique en pariant que la littéralité d’une fiction est la meilleure manière d’accueillir le réel et ses images, de leur faire écho pour les mettre en question.

Rien d’étonnant dès lors que Campillo fasse de l’hospitalité la question de son film, fût-ce pour lui imposer une troublante torsion. Accueillir, c’est peut-être aussi bien laisser arriver que laisser partir ; faire face, c’est aussi parfois lâcher prise. Les morts reviennent, puis ils s’en vont, faisant des Revenants une parenthèse hantée, mais qui rend perceptible une vibration (les deux histoires d’amour du film) et laisse sourdre un grondement (ritournelle ? conspiration ? colère des morts ?). Quelques mois après la sortie du film, on a voulu rouvrir cette parenthèse avec son auteur. En lui demandant, pour commencer, d’apporter les images où s’enracine le projet de ses Revenants.
[...]

http://www.vacarme.eu.org/article462.html
Alex
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