Un coup d'Etat à Gaza ?

Le mensonge de Sharon


Grâce au retrait des colons de la bande de Gaza, programmé pour le 17 août prochain, le gouvernement israélien réussira-t-il à berner l’opinion, à transformer une politique de force ouverte en « décision courageuse » ? Tel est, au fond, le véritable enjeu des annonces d’Ariel Sharon, de la confrontation qu’elle provoque avec les colons et la droite ultrasioniste en Israël, de l’offensive de la diplomatie israélienne en direction des capitales occidentales.

Nous ne pouvons être dupes ! L’évacuation de Gaza, décidée sans la moindre négociation avec les représentants palestiniens, ne constitue aucunement une avancée vers la paix. Faute d’un règlement global fondé sur le respect des droits nationaux de tout un peuple, à la mi-août, le million et demi de Palestiniens concerné, qui réside sur un territoire de 45 kilomètres de long et d’à peine une dizaine de kilomètres de large, dont la moitié vit au-dessous du seuil de pauvreté, se retrouvera autant qu’aujourd’hui dans une prison à ciel ouvert. Tsahal continuera à exercer sa pression meurtrière sur ce bout de terre. Symbolique de ce sombre avenir est, à cet égard, la décision du pouvoir israélien de reprendre les opérations militaires contre les localités de Gaza et les assassinats ciblés, en prenant prétexte d’attentats et de tirs d’obus revendiqués par le Hamas. Quitte à provoquer « d’importants dégâts collatéraux », avec un « danger élevé pour les personnes des environs », pour reprendre les propos récents d’un général israélien dans Ha’aretz. Dans le même temps, l’implantation de colonies et la construction du mur annexent la moitié de la Cisjordanie et Jérusalem, interdisant pratiquement aux Palestiniens de pouvoir exercer un jour leur souveraineté.

En poussant ainsi un peuple au désespoir, Sharon entretient soigneusement le terreau d’où surgiront demain toujours plus d’actes désespérés et d’attentats kamikazes. C’est pourtant le moment que Jacques Chirac choisit pour inviter Sharon, le 27 juillet, à Paris. Une décision qui résonne comme une caution apportée à une politique insupportable. Comme une négation de l’arrêt de la Cour internationale de justice ayant condamné le mur voilà tout juste un an. Comme une insulte aux victimes de la colonisation et aux réfugiés...

Nous l’exprimerons dans la rue.

Christian Picquet