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le cyclone est naturel, la catastrophe est sociale

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Message par Emma Jeu 8 Sep - 20:51

Editorial Lutte Ouvrière n°1936 du 9 septembre 2005
La Nouvelle-Orléans : le cyclone est naturel, la catastrophe est sociale

Des milliers de morts, plus de 10000 peut-être! Le spectacle de désolation qu’offrent La Nouvelle-Orléans et sa région, dévastées par le cyclone, noyées sous les inondations, est bouleversant. Mais il y a de quoi être choqué aussi, révolté, devant la situation tragique de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants laissés pendant plusieurs jours sans eau et sans nourriture, de ces malades ou de ces vieux qui meurent sans soins.

La Nouvelle-Orléans, victime du cyclone, un phénomène naturel? Oui, sans doute. Le cyclone a été un des plus violents dans la région depuis longtemps. Mais tous ceux qui sont morts ne sont pas seulement morts d’une catastrophe naturelle, mais aussi de l’incapacité du pays le plus riche du monde à y faire face.

Et d’abord, de prévoir et de prévenir. La ville, située dans une zone où les cyclones sont fréquents, se situe plusieurs mètres en dessous du niveau de la mer. Elle est entourée de digues, mais ces digues trop anciennes n’étaient même pas convenablement entretenues. Au fil des informations qui filtrent, on apprend que l’administration gouvernementale avait récemment refusé les crédits nécessaires à la réfection des digues et que les rapports successifs pour annoncer la catastrophe qu’un cyclone pouvait entraîner ont été enterrés sans suite.

Lorsque le cyclone allait frapper, les autorités ont certes donné l’ordre d’évacuer la ville. Mais l’ordre seulement, pas les moyens. Comment les plus pauvres, ceux qui n’avaient ni voiture pour partir, ni argent pour subvenir ailleurs à leurs besoins, auraient-ils pu quitter la ville? Ce sont les plus pauvres de la ville, pour une large majorité des Noirs, qui ont été les victimes directes ou indirectes de l’inondation. Ce sont eux qui se sont retrouvés dans des centres de regroupement de fortune, un stade couvert, un centre de conférences, entassés les uns sur les autres, avec des malades, des mourants et des morts, dans la promiscuité, au milieu des excréments, sans approvisionnement, et sans que, pendant plusieurs jours, les dirigeants se préoccupent de leur sort.

Tous les témoins ont souligné la lenteur des secours et l’incapacité de l’État le plus puissant du monde à évacuer les victimes survivantes. Les États-Unis, qui ont déployé des merveilles de technologie pour bombarder l’Irak, pour y déplacer leurs troupes, se sont montrés en dessous de tout pour sauver leurs citoyens les plus pauvres. Pendant plusieurs jours, seuls patrouillaient les gardes nationaux, plus soucieux de tirer sur les pillards -des voyous parfois, mais souvent aussi des gens qui essayaient seulement de se nourrir ou de récupérer quelques bouteilles d’eau potable- que de venir au secours de la population.

Plusieurs catastrophes naturelles ont montré au cours de l’année, le tsunami de l’Asie du Sud-Est en particulier, à quel point les États des pays du Tiers-Monde étaient désarmés face à ces catastrophes. Mais le cyclone Katrina a montré que le TiersMonde se trouve, aussi, à l’intérieur des États-Unis. Et les pauvres de là-bas ont beau vivre dans le pays le plus riche, ils sont aussi abandonnés à eux-mêmes, aussi méprisés par leurs dirigeants, que le sont ceux des pays pauvres.

Le cyclone a été un phénomène naturel. Mais il a été aussi le révélateur des inégalités qui rongent la société et de son incapacité à réagir collectivement face à un désastre.

Les États-Unis sont l’incarnation même du système capitaliste. Ils possèdent, aussi, le plus de moyens. Ce système, si performant pour permettre à une minorité d’amasser de l’argent, vient de montrer, à La Nouvelle-Orléans, à quel point il est incapable d’organiser une action solidaire de la collectivité humaine face aux aléas de la nature.

Mais cette tragique démonstration ne vaut pas que pour les États-Unis. Même si on est à l’abri des cyclones ou des tornades, nulle part on n’est à l’abri du danger permanent que représente un système social où le profit individuel est roi, mais où les intérêts de la collectivité ne comptent pas.

Arlette LAGUILLER
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Message par Emma Jeu 8 Sep - 20:53

Dans le monde Lutte Ouvrière n°1936 du 9 septembre 2005
Etats-Unis : un océan de misère et d’injustice

«Comme l’ont montré les ouragans précédents, ceux qui ont le moins de biens à perdre sont ceux qui en perdent le plus. Les souffrances endurées par les familles pauvres ont lieu en général loin des caméras de télévision, qui préfèrent s’intéresser au destin de coûteux bateaux échoués dans les ports. Mais les pauvres en prennent toujours plein la figure. Pas besoin d’un ouragan catégorie 4 ou 5 pour balayer leurs mobile-homes et leurs cabanons. Quand il faut évacuer, ils ne peuvent se payer un billet ou une chambre d’hôtel pour fuir la tempête. Ils terminent dans des abris comme le Superdôme.»

Voilà le constat que tire USA Today, un des grands quotidiens américains, considéré comme tout à fait conformiste, du passage de Katrina. Quasiment toute la presse américaine, pour une fois, a condamné l’injustice sociale que cette catastrophe révélait.

Au-delà de l’incurie criminelle de l’État le plus riche du monde, qui n’a pas fait les aménagements qui auraient permis d’éviter une bonne part des conséquences de cette catastrophe annoncée, le plus révoltant est l’abandon, le mépris, la morgue affichée par les autorités, et tout particulièrement par l’État fédéral.

Tout le monde savait qu’au moins 120000 personnes de la seule ville de La Nouvelle-Orléans n’auraient pas les moyens financiers et matériels de quitter la ville avant la catastrophe. De plus, alors que les autorités avaient demandé l’évacuation générale, à cause de l’inondation attendue, elles avaient décidé de ne pas évacuer tous les malades des hôpitaux. Et ce qui devait arriver arriva: privés de nourriture, d’oxygène et de médicaments, des malades sont morts. Des médecins ont montré devant les caméras leur désespoir face à ces morts, victimes de l’incurie des autorités.

La Nouvelle-Orléans est la ville la plus pauvre d’un des États les plus pauvres des USA, qui partage avec le Mississipi, État lui aussi sinistré, le triste privilège de figurer en queue de ce classement. L’essentiel des emplois de la ville sont liés au tourisme, avec des salaires très bas. C’est parmi ces catégories qu’on rencontre le plus grand nombre des «travailleurs pauvres», ceux qui travaillent et n’ont pas les moyens de vivre avec le minimum nécessaire.

À cela s’ajoutent tous ceux, retraités ou chômeurs, qui doivent survivre avec les maigres allocations d’assistance, réduites au minimum. Les Noirs fournissent dans la ville et dans les campagnes alentour l’essentiel des travailleurs les plus mals payés, comme les ouvriers agricoles des grandes exploitations. Mais il y a aussi bien des ouvriers blancs qui composent eux aussi les bataillons pauvres de cette classe ouvrière. S’il y a 30% de Noirs en Louisiane, leur nombre monte à 67% à La Nouvelle-Orléans. Et plus de 30% de la population totale de la ville est considérée comme vivant en dessous du seuil de pauvreté.

Le silence, l’abandon pendant des jours entiers sans nourriture, sans eau, dans les excréments, sans soins, et jusqu’à la mort pour certains, de dizaines de milliers de sinistrés qui réclamaient de l’aide en vain, était à l’image du peu de considération qu’ont les gouvernants pour leur propre peuple. Et il ne faut pas dire que les dirigeants du plus puissant des États capitalistes du monde ne savaient pas ce qu’ils faisaient car, quand Bush et son gouvernement ont commencé à réagir et à mettre en mouvement leur appareil d’État, ce ne fut pas en mobilisant des médecins, des infirmières et des civils, pour distribuer des vivres et des médicaments; ce fut pour envoyer des chars, des automitrailleuses, des hommes armés jusqu’aux dents avançant dans un pays à reconquérir. Ce pays c’était le leur, habités par les plus pauvres de leurs concitoyens.

Paul SOREL
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