fuam
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -55%
Coffret d’outils – STANLEY – ...
Voir le deal
21.99 €

oNU QG des grandes puissances

Aller en bas

oNU QG des grandes puissances Empty oNU QG des grandes puissances

Message par marcoo Jeu 29 Sep - 15:21

Les Nations unies viennent de fêter leur soixantième anniversaire. Issue du monde de l’après-guerre, l’ONU concentre son pouvoir décisionnaire aux mains des cinq pays disposant du droit de veto. Mais dans le monde unipolaire actuel, l’ONU se retrouve de plus en plus marginalisée.

Si l’ONU a soixante ans, l’idée d’une instance internationale de régulation des relations entre les pays est plus ancienne. En 1919, lors de la conférence de Versailles, la Société des nations (SDN) a ainsi été créée, sous l’influence du président américain Wilson. L’objectif est celui d’une régulation des relations internationales et d’un nouvel ordre en théorie fondé sur la paix. La SDN, à la fois juge de paix et gendarme, consacre la prépondérance des vainqueurs de la Première Guerre mondiale. Elle se révèle incapable de jouer son rôle dès la crise de 1923, quand la France occupe la Ruhr, et durant les années 1930 : face aux menées de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste, la SDN est incapable d’agir. La Deuxième Guerre mondiale sonne le glas de cette institution moribonde.

La création de l’ONU, en 1945, correspond à des objectifs similaires. Le contexte a changé, les vainqueurs aussi. La nouvelle institution consacre les nouveaux rapports de forces mondiaux en donnant une large place aux vainqueurs : États-Unis, URSS, Chine, Grande-Bretagne et France. Comme en 1919, les objectifs officiels de l’ONU sont la paix entre les États et un nouvel ordre international. Une Assemblée générale composée de tous les pays membres est instaurée. Les décisions sont prises à la majorité des deux tiers, et non plus à l’unanimité comme dans la SDN, dans le souci d’une meilleure efficacité. Un Conseil de sécurité de quinze membres, dont les cinq permanents disposant du droit de veto, gère les affaires courantes.

L’ONU est pourtant très vite paralysée par le contexte de la guerre froide, qui divise le Conseil de sécurité. Il est polarisé, tout comme l’Assemblée générale, par l’opposition entre les deux grandes puissances de la guerre froide, États-Unis et URSS. Dans cet affrontement, les petites nations, dont les droits sont censés être garantis par l’ONU, n’ont guère voix au chapitre. La charte des Nations unies, tout comme l’étaient les positions de la SDN, est ouvertement bafouée par les pays membres. Elle n’est d’ailleurs pas exempte de contradiction et d’ambiguïtés, proclamant ainsi le droit à l’autodétermination des peuples, alors même qu’un régime de tutelle pour les peuples colonisés est prévu par l’article 86. Une importante bureaucratie onusienne se met en place, au sein de laquelle les pays les plus influents se taillent la part du lion. La possibilité d’un traitement pacifique des guerres au sein de l’Assemblée générale reste illusoire, alors que les conflits liés à la guerre froide se multiplient.

Ordre international

Le 8 février 1958, l’aviation française bombarde le village tunisien de Sakiet Sidi Youssef où se sont installés des combattants de l’indépendance algérienne. Habib Bourguiba saisit alors l’ONU. Dans le même temps, les représentants du FLN à l’ONU s’activent pour obtenir la reconnaissance internationale de leur combat et obliger le gouvernement français à une solution négociée. Les dirigeants français sont en porte-à-faux : comment continuer à qualifier de terroriste une organisation, le FLN, dont les membres sont reçus et écoutés dans des instances aussi officielles que l’ONU ? A contrario, quelques années plus tard, le peuple vietnamien est laissé dans la « tragique solitude » dont parlait Ernesto Che Guevara face à l’impérialisme étatsunien, et il doit combattre sans autre soutien que celui des peuples.

L’ONU a ainsi pu, dans certaines occasions, être utilisée comme une tribune anticolonialiste, mais uniquement en fonction des rapports de forces internationaux. La politique de reconnaissance internationale du FLN est suivie par celle de l’OLP, avec le célèbre discours de Yasser Arafat devant l’Assemblée générale en 1974, ou par celle de l’ANC d’Afrique du Sud. Avec la décolonisation, le nombre de pays membres est passé de 51 en 1945 à 117 en 1965. La constitution du mouvement des non-alignés, en 1961, permet l’émergence d’un groupe de pression conséquent en faveur de la décolonisation. Les pays du tiers monde sont majoritaires à l’Assemblée générale et font adopter, en 1960, une résolution qui reconnaît la légitimité des luttes de libération nationale. Pourtant, l’opposition d’une grande puissance peut bloquer toute adoption, ou toute application d’une résolution. C’est le cas en ce qui concerne les résolutions concernant l’occupation par Israël des territoires palestiniens, jamais respectées en raison du soutien des États-Unis.

Les pays non alignés tentent de déplacer le problème de la décolonisation vers l’économie. Ils font valoir à l’ONU les revendications tiers-mondistes, dénoncent les rapports de domination Nord-Sud, et instaurent le droit au développement lors de l’assemblée générale extraordinaire de mai 1974. Un nouvel ordre international, économique cette fois, est prôné. Une déclaration des « droits et devoirs économiques des États dans leurs rapports mutuels » garantit le droit à la nationalisation, le respect par les multinationales de la législation du pays d’accueil, le contrôle des capitaux et des flux financiers, le droit aux ressources naturelles. Pourtant, aucune de ces résolutions n’empêche le système de la dette Nord-Sud de s’instaurer. Et ce, d’autant qu’au cours des années 1980 et 1990, les rapports de forces internationaux et économiques se dégradent encore plus.

Marginalisation

La révolution néolibérale, doublée de la question de la dette, joue le rôle d’un rouleau compresseur à l’encontre des velléités d’indépendance des pays du Sud à partir de la fin des années 1970 et 1980. La disparition du bloc soviétique les isole davantage, car ils ne peuvent plus faire jouer l’antagonisme Est-Ouest. Le FMI, l’OMC ou la Banque mondiale mènent désormais l’offensive libérale. Le G5, puis le G8, constitue un nouveau consistoire mondial qui tient compte des véritables rapports de forces économiques, et non des rapports de forces politiques de 1945, figés au sein du Conseil de sécurité. Au sein de ce club des dominants, le principe un pays=une voix, qui pouvait donner l’illusion d’une égalité, est bien sûr battu en brèche. L’hégémonie des États-Unis peut passer par le Conseil de sécurité, comme lors de la première guerre contre l’Irak, en 1991, mais aussi le contourner, comme en 1999 avec la guerre de l’OTAN en ex-Yougoslavie, ou en 2003 en Irak. La période post-11 Septembre favorise un climat d’exception juridique permanent qui laisse peu de place à l’ONU.

L’ONU n’aura jamais été un facteur de démocratisation des relations internationales, ni une garantie pour la paix et la justice. Les États-Unis essayent pourtant aujourd’hui autant que possible de la contourner, parce qu’elle correspond à un monde bipolaire voire multipolaire hérité de la Seconde Guerre mondiale. L’offensive de l’impérialisme étatsunien est telle que même cette institution est considérée comme un obstacle à son hégémonie. Elle a pourtant été souvent docile, au point de s’opposer à la guerre en Irak puis de voter quelques mois plus tard, une résolution reconnaissant l’occupation étatsunienne.

Sylvain Pattieu
marcoo
marcoo
moulin à paroles

Nombre de messages : 1241
Date d'inscription : 03/01/2005

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum