Mort de georges best
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Mort de georges best
Une dernière bière pour George Best
Dans les années 60, le dandy autodestructeur de Manchester United avait fait basculer le foot dans une autre dimension : le glamour et le people • Il avait abandonné le ballon prématurément, pas la bringue et l'alcool •
par G. S.
LIBERATION.FR : vendredi 25 novembre 2005 - 16:05
George Best (59 ans) est mort ce vendredi d'une infection pulmonaire. L'alcool l'aura tué. Au lendemain, coïncidence ironique, de l'ouverture no limit des pubs britanniques jusque-là tenu de ne plus servir d'alcool après 22 h 50. Vendredi matin, le professeur Roger Williams, qui s'occupait de l'ancien footballeur de Manchester United à l'hôpital Cromwell de Londres, avait déclaré : "Quand je me suis levé, je m'attendais à ce qu'on me dise qu'il était mort pendant la nuit. C'est très surprenant, mais c'est un homme costaud à bien des égards.»
Sur le même sujet
* EN IMAGES • «El Beatle» de Manchester
* Le jour où je l'ai rencontré
Un homme costaud qui aura constamment tenté le diable : même sa greffe du foie, en 2002, n'avait pas eu raison de sa passion pour l'alcool. L'opération avait nécessité une opération de dix heures. Il avait fallu lui transfuser vingt litres de sang -c'est à dire 40 demi-litres, donc autant de pintes. Commentaire de l'intéressé : «Dix heures pour quarante pintes, j'ai battu mon record d'une dizaine de minutes.» Un de ses anciens coéquipiers, dans la presse anglaise : "Le problème, c'est que George a toujours tout eu trop facilement: l'allure, le charme, le talent, les filles... et même, tenez, son foie.»
Best est né le 22 mai 1946 à Belfast, en Irlande du Nord. Sportivement, c'est un peu la malédiction : l'éternelle faiblesse de la sélection nord-irlandaise lui fermera la porte de toutes les phases finales de Coupes du monde ou Championnats d'Europe qu'il était en âge de disputer. En 1961, Sir Matt Busby, manager de Manchester united, reçoit un coup de fil passé à la postérité de l'un de ses «scouts» (recruteur) : «Ecoute, je crois que j'ai trouvé un génie. Il a quinze ans.»
Premier match en pro contre West Bromwich Albion, en septembre 1963 : suivront 179 buts en 466 matchs pour MU, un Ballon d'or (1968) le consacrant meilleur joueur européen et une victoire en Coupe des Clubs champions la même année, la première victoire d'un club anglais dans la compétition reine de club. A part ça, Best, à lui tout seul, fait basculer le foot dans autre chose. Il ne joue pas pour Manchester, mais à côté des dix autres. Danny Blanchflower, l'un de ses biographes, a été l'un des plus précis sur l'affaire : «Best titillait les sens. Ses mouvements étaient plus rapides, plus lumineux, plus légers que ceux des autres. Sa gamme était à la fois plus raffinée et plus inattendue. En plus de ça, il se comportait comme s'il négligeait le danger physique. Il avait de la glace dans les veines, du feu dans le cœur, de la synchronisation et de l'équilibre dans les pieds.»
Dans l'Angleterre des années 60, l'impact est phénoménal. Même ceux qui se foutent du ballon viennent voir jouer le «Belfast boy» – puis, très vite, «El Beatle», parce que sa réputation est l'égale de celle des quatre autres. A 20 ans, Best gagne 160 livres par semaine (une somme énorme pour l'époque), il a une secrétaire particulière et une dégaine (rouflaquettes, une allure de chat écorché) à crever, il roule en Jaguar type E. Et il emmerde la terre entière. Sur les vingt-quatre heures précédents un match : «C'est la mort. Je sais que je ne dois pas mettre un pied en ville et me coucher à 23 heures. Mais ça me rend dingue. Je n'aime pas lire. Enfin si, les pages Sports. La seule chose qui me permette de tenir le choc, c'est la perspective d'une fête le samedi après le match. Puis d'une autre le lundi. Et aussi le mardi.»
Le foot s'est branché sur son époque. A 26 ans, plus trop concerné, Best annonce sa retraite : c'est un peu le Néerlandais Johan Cruyff qui reprendra le flambeau, moins autodestructeur, plus général en chef. A sa manière, Best ne lâche toutefois pas la barre : come-back foireux en Ecosse ou en Californie, pose torse-poil avec la mère et la fille dans le même pieu, les cuites sur cinq jours. Et une haute conscience de ce qu'il peut «vendre» (il sort une bio par an) à une presse anglaise qui ne l'a jamais lâché : «J'ai dépensé beaucoup d'argent dans la boisson, les filles et les voitures de sport. Et le reste, je l'ai gaspillé.»
Il passera le plus clair des années 80 et 90 au Phenes, un pub londonien sur King's Road. La vodka dans le jus d'orange du matin, le brandie dans le café du soir. «Comme je l'étais sur le terrain, il fallait que je sois le meilleur en ville.» Il contracte un mariage express au milieu des années 90 avec sa seconde épouse, Alex. Elle a dit de lui : «Il semblait mener une mission d'autodestruction.»
Dans les années 60, le dandy autodestructeur de Manchester United avait fait basculer le foot dans une autre dimension : le glamour et le people • Il avait abandonné le ballon prématurément, pas la bringue et l'alcool •
par G. S.
LIBERATION.FR : vendredi 25 novembre 2005 - 16:05
George Best (59 ans) est mort ce vendredi d'une infection pulmonaire. L'alcool l'aura tué. Au lendemain, coïncidence ironique, de l'ouverture no limit des pubs britanniques jusque-là tenu de ne plus servir d'alcool après 22 h 50. Vendredi matin, le professeur Roger Williams, qui s'occupait de l'ancien footballeur de Manchester United à l'hôpital Cromwell de Londres, avait déclaré : "Quand je me suis levé, je m'attendais à ce qu'on me dise qu'il était mort pendant la nuit. C'est très surprenant, mais c'est un homme costaud à bien des égards.»
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Best est né le 22 mai 1946 à Belfast, en Irlande du Nord. Sportivement, c'est un peu la malédiction : l'éternelle faiblesse de la sélection nord-irlandaise lui fermera la porte de toutes les phases finales de Coupes du monde ou Championnats d'Europe qu'il était en âge de disputer. En 1961, Sir Matt Busby, manager de Manchester united, reçoit un coup de fil passé à la postérité de l'un de ses «scouts» (recruteur) : «Ecoute, je crois que j'ai trouvé un génie. Il a quinze ans.»
Premier match en pro contre West Bromwich Albion, en septembre 1963 : suivront 179 buts en 466 matchs pour MU, un Ballon d'or (1968) le consacrant meilleur joueur européen et une victoire en Coupe des Clubs champions la même année, la première victoire d'un club anglais dans la compétition reine de club. A part ça, Best, à lui tout seul, fait basculer le foot dans autre chose. Il ne joue pas pour Manchester, mais à côté des dix autres. Danny Blanchflower, l'un de ses biographes, a été l'un des plus précis sur l'affaire : «Best titillait les sens. Ses mouvements étaient plus rapides, plus lumineux, plus légers que ceux des autres. Sa gamme était à la fois plus raffinée et plus inattendue. En plus de ça, il se comportait comme s'il négligeait le danger physique. Il avait de la glace dans les veines, du feu dans le cœur, de la synchronisation et de l'équilibre dans les pieds.»
Dans l'Angleterre des années 60, l'impact est phénoménal. Même ceux qui se foutent du ballon viennent voir jouer le «Belfast boy» – puis, très vite, «El Beatle», parce que sa réputation est l'égale de celle des quatre autres. A 20 ans, Best gagne 160 livres par semaine (une somme énorme pour l'époque), il a une secrétaire particulière et une dégaine (rouflaquettes, une allure de chat écorché) à crever, il roule en Jaguar type E. Et il emmerde la terre entière. Sur les vingt-quatre heures précédents un match : «C'est la mort. Je sais que je ne dois pas mettre un pied en ville et me coucher à 23 heures. Mais ça me rend dingue. Je n'aime pas lire. Enfin si, les pages Sports. La seule chose qui me permette de tenir le choc, c'est la perspective d'une fête le samedi après le match. Puis d'une autre le lundi. Et aussi le mardi.»
Le foot s'est branché sur son époque. A 26 ans, plus trop concerné, Best annonce sa retraite : c'est un peu le Néerlandais Johan Cruyff qui reprendra le flambeau, moins autodestructeur, plus général en chef. A sa manière, Best ne lâche toutefois pas la barre : come-back foireux en Ecosse ou en Californie, pose torse-poil avec la mère et la fille dans le même pieu, les cuites sur cinq jours. Et une haute conscience de ce qu'il peut «vendre» (il sort une bio par an) à une presse anglaise qui ne l'a jamais lâché : «J'ai dépensé beaucoup d'argent dans la boisson, les filles et les voitures de sport. Et le reste, je l'ai gaspillé.»
Il passera le plus clair des années 80 et 90 au Phenes, un pub londonien sur King's Road. La vodka dans le jus d'orange du matin, le brandie dans le café du soir. «Comme je l'étais sur le terrain, il fallait que je sois le meilleur en ville.» Il contracte un mariage express au milieu des années 90 avec sa seconde épouse, Alex. Elle a dit de lui : «Il semblait mener une mission d'autodestruction.»
corto maltese 89- moulin à paroles
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Date d'inscription : 13/09/2004
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