Mort d'une jeune femme

Le geste ultime de Karen Bach

Suicide de la comédienne qui incarnait Nadine dans «Baise-moi».



mardi 01 février 2005 (Liberation)




Elle était Nadine dans Baise-moi, aux côtés de Manu, jouée par Raffaëla Anderson. Toutes deux menaient à un train d'enfer cette équipée folle de deux copines semant amour et mort, brûlot féministe ultraviolent, porno de Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi, sorti à l'automne 2000 et classé X. Karen Bach s'est suicidée la nuit de vendredi, dans un appartement de copain à Paris XIVe, aux médicaments, en laissant une note à ses parents.

Sous les pseudos de Karen Lancaume ou Angel Paris, elle avait fait une carrière dans le porno, une trentaine de films entre 1996 et 1999, le Château des désirs, Hotdorix, American Girl in Paris, Bérénice nique, Exhibition 99, la Mante religieuse, World Sex Tour.

Cette jeune bourgeoise née dans la banlieue lyonnaise en 1973, après des études de commerce, tombe amoureuse d'un homme qu'elle épouse. Perclus de dettes, il lui propose «quelques films pornos, toujours en couple, tous les deux», puis davantage... L'argent suit, le divorce aussi, mais la carrière de hardeuse continue. En 1999, elle rencontre Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi. Elles cherchent des actrices X sachant jouer. Karen Bach, qui vient d'arrêter le porno, repart pour ce tournage. Ce film anar-punk, dont les hommes sont à la fois les coupables et les cibles, fait débat, à la fois par sa forme sans retenue et par son interdiction. Karen ne sera pas la dernière à le défendre.

Elle témoigne d'abord, crûment, sur sa sous-condition de hardeuse, par exemple dans Libé : «Double péné par ­ 5 °C, suivie d'une éjaculation. Couverte de sperme, trempée, morte de froid, personne ne m'a tendu une serviette. Une fois que t'as tourné ta scène, tu vaux plus rien.» Et en conçoit sa révolte, revendiquée comme féministe : «Pourquoi les femmes se prennent des mains au cul et pas les hommes ? Tout ce qu'on leur demande, c'est la compréhension, l'égalité. Le porno, c'est des mecs qui jouissent sur la gueule des filles, la femme qui en prend plein la tronche. Baise-moi, c'est le contraire.»

Elle n'a plus tourné après Baise-moi, et parlait parfois d'amour, d'enfants, de musique. «Une douceur, une féminité incroyable, dit Virginie Despentes, et en même temps on la sentait prête à prendre une hache et à détruire un mur.» Souvent en noir, sobre, élégante, la voix grave, elle a choisi la mort à 31 ans.

Elle n'a pas choisi la mort en se suicidant elle l'avait déjà choisi en faisant du porno. On ne sort pas indemne de ce genre de chose....l'être humain a un corps certes mais s'il choisit de le donner en spectacle pour de l'argent et de plus de l'argent sale, il meurt déjà, son esprit ne peut pas suivre puisse t-elle être en paix maintenant et les personnes qui assouvissent leurs désirs en profitant de ces femmes se mettre à réfléchir un peu. La liberté ne permet pas tout...

avait-elle vraiment choisi de faire du porno? est-ce un choix?

Est-ce qu'on choisit de travailler?

est-ce vraiment un travail?
pour moi c'est de l'esclavage

elle n'est pas totalement responsable de cette situation, on est toujours en partie victime des evenements mais à situation égale d'autres auraient choisi une voie moins rémunératrice peut-être mais moins risquée....

Emma a écrit:est-ce vraiment un travail?
pour moi c'est de l'esclavage

C'est un travail. Une caricature du travail.

à suivre ...

la sexualité n'est pas une chose anodine, quoi qu'on en dise, et n'est jamais considéré comme un metier comme un autre, meme avec toute la bonne volonté du monde, du fait que la sexualité nous renvoit necessairement a nous même, nos propre origines, notre propre soucis de reproduction dans ce qu'il y a de plus basique. Faire du porno ou se prostituer ne peux pas laisser indemne surtout pour une femme du fait même de l'image que l'on renvoit à la société de la femme; a moins d'en avoir strictement rien a foutre de l'imge que l'on donne et c'est d'une certaine manière pas mieux..

BLa BlA Bla ...Société de merde !!!

Femmes 2 de Talisma Nasreen


L'homme séduit la femme, lui ditqu'il l'aime.
La femme découvre l'amour prés des buissons,
Pour voir la flamme de l'homme,
Elle fond d'amour comme une bougie.
Elle s'enfuit avec son amant, abandonne tout derrière elle.

La femme n'a pas appris les ruses et les stratégies de ce
monde, elle écarquille de grand yeux, tout l'émerveille !
Elle est partie au loin avec son amant, mais en lui retirant son masque, elle a découvert son vrai et odieux visage.
Personne, aucun ami n'est là pour l'aider, la voila piégée.
Aveuglée par l'amour,
Elle n'a pas su distinguer le bien du mal

L'homme vend le corps splendide de la fille
Au fond d'une ruelle sordide,
Les notables de la société blâment sa destinée.
Les corps s'échangent toute la nuit comme au bazar,
Ce sont nos soeurs,
Elles vendent leur corps pour un peu d'argent.

Les femmes de mon pays flottent
Comme des cadavres au fond des égouts.
La grande bouche des ténébres a craché son poison
Aprés avoir englouti les rêves des femmes.
Qui leur attache les bras et les jambes.
Et les force à boire le poison ?
Sont elles nées pour endurer la douleur de la mort
Toute leur vie ?

( Femmes, Poémes d'amour et de combat) 1euro 90 collection LIBRIO

Très belle !!!

http://www.20six.fr/Despentes

mardi, 1 février 2005

BYE BYE K. REINE KAREN BACH ET KAREN LANCAUME

hier matin, lundi, après un week end pas brillant, debout super tôt, j'écoute les L7, manches retroussées devant mes mails que je laisse moisir sans réponse depuis des semaines… un peu avant neuf heures du matin, mon portable sonne, le prénom de Varou s'affiche, je décroche et tonitrue : "good morning, ça va?", vraiment pas comme la fille qui attendrait une sale nouvelle.
"non ça va pas Karine s'est suicidée", et comme il dit "Karine", je ne pense pas tout de suite à Karen, pendant quelques secondes je ne pense pas à elle.
c'est tout un truc, le temps que mettent les informations à exister dans le cerveau, et surtout le temps que mettent les émotions à se mettre dans le sang et se diffuser. pendant les quelques minutes qui suivent son coup de fil, je me contente de faire un café, en pensant à elle. puis j'appelle Rafaella - j'ai dit que je m'occupais de la prévenir - au moment de le lui annoncer le déclic se fait et qu'au lieu de prendre des précautions et le lui dire calmement je commence à pleurer et je répète la même phrase que varou vient de me dire. Raf me répond "je me lave et j'arrive" et elle raccroche. j'envoie un texto à Klaus, la fille qui l'a vue en dernier et qui a été prévenue en premier. "on est chez moi tu veux passer", elle dit qu'elle passe. J'appelle Godo, je tombe sur son répondeur, je l'insulte comme une putain de tarée, pourtant souvent je lui en ai voulu mais ce matin là ça atteint des sommets. ensuite je regretterai de l'avoir fait, parce que c'est pas le moment. mais tant qu'on est en train d'en vouloir aux gens qui ont fait ci ou ça, on est pas en train de simplement se souvenir d'à quel point
d'à quel point karen t'as été la fille la plus douce et la plus gentille que j'ai croisée. c'est pas les circonstances qui me font penser ou dire ça. tous ceux qui t'ont croisée hocheront la tête en lisant ça, parce que c'était encore plus flagrant en toi que comment t'étais belle.
les mots vont pas ensemble, celui de ta mort et le souvenir de toi.
ça n'est pas le moment, encore, de culpabiliser sur ce qui aurait pu être fait ou dit de plus ou de mieux. ça serait déplacé. ce moment là. c'est un moment étrange, d'amour sublime en même temps que de perte, deux choses métaphysiquement éloignées sont resserrées l'une à l'autre.
Puis Raf arrive, café, thé, larmes. on écoute Madona "like a prayer", en boucle, Klaus arrive - une des régisseuse de baise moi, qui a collocatoré avec K.Reine pendant longtemps, et chez qui elle était, ces quinze derniers jours à Paris, avant de.
On apprend qu'en janvier elle était venue quinze jours. Karen était pas venue depuis deux ans à la capitale, elle était retournée vers chez sa famille, campagne lyonnaise.
En novembre, elle m'avait envoyées les premières pages de son livre. C'était celle de nous 4 qui n'avait pas encore fait de livre. ça m'avait semblé "juste" qu'elle se mette au sien. d'autant qu'aucune d'entre nous n'a encore raconté baise moi en entier, en fait. Elle voulait raconter son histoire, entière. à quel moment ça ne l'a plus intéressée.
il y a les pensées égoistes, dans ces cas là, on ne peut pas en faire l'économie. pour la première fois depuis qu'on se connait, cette année, je ne t'ai pas appelée pour ton anniversaire. je trouvais que j'avais d'autres choses à faire. mais penser ça, c'est encore se concentrer sur soi, son pauvre cas, des conneries, autre chose que ce qui se passe.
la matinée d'hier, encore du café et du thé, Klaus nous raconte que pendant quinze jours elle n'a appelé personne, elle remettait ça au lendemain. et elle devait profiter de l'appartement d'un pote parti en week end pour se reposer chez lui. en fait elle a laissé ses cd et ses livres là ou elle dormait, et n'a pris que son shampoing et sa trousse de toilette, avec les médocs dedans, on a imaginé depuis.
dans la nuit de vendredi à samedi.
"trop douloureux", dans la note très courte qu'elle laisse à ses parents. "trop douloureux".
le type l'a trouvée morte en rentrant chez lui le dimanche soir tard.
"enfant radieuse". ce que j'ai lu qui la dépeindrait le mieux, c'est encore le portrait de Marilyn par Truman Capote.
puis hier on bouge toutes les trois, on descend dans le métro, la ligne 11 est bloquée, on remonte et grimpe dans un taxi, on passe par chez Raf, qui doit sortir son chien avant le soir.
Raf habite là ou SexToy habitait quand moi je la connaissais. je ne suis pas revenue dans cette maison depuis sa mort. la première fille de baise moi à être partie. toi aussi c'est pas comme si je te regrettais pas tout le temps. maintenant que je deviens vieille je comprends trop mieux cette phrase merdique "les meilleurs en premier".
le chien de Raf est une merveille de douceur et de compréhension, on le caresse à tour de role. on mange des pates et des carottes, puis taxi de nouveau, Raf fait sa Manu "oh, putain, grosse, t'aimes bien jeter ton argent en l'air, toi". Par bribes on se raconte des trucs drôles sur K.Reine, ou des trucs super pas droles, il faut dire que par moments les mecs en prennent un peu plein leur gueule, mais il faut dire aussi que.
on se rappelle de trucs avec ses papiers, avec ses dents, avec la thune, avec les fêtes, de trucs dans des bars et de trucs pendant le tournage. en se racontant sa vie, petit à petit, on réalise plus nettement certaines choses.
Raf et Klaus ont été vraiment proches de Karen, les deux ans après le film, quand elle habitait encore Paris. j'apprends des trucs. je leurs en dis d'autres. par petites touches fracassées, sa vie entière, on peut la reconstituer.
Klaus dans le 14 eme passe au commissariat, faire une déclaration (de je sais pas quoi) concernant son décés. Raf continue de faire Manu, en passant devant deux keufs en faction devant l'établissement elle chante "assassin nike la police", une adaptation bien à elle, je lui mets un grand coup de coude "arrête, on va pas passer la journée au poste aujourd'hui", elle hausse les épaules "oh c'est pas toi la fan de Joey?"
on boit des cafés en attendant Klaus "je te dis qu'ils l'ont menotée, on la reverra jamais" "mais non elle a rien fait" "oh c'est pas une raison!"
portrait en noir et blanc, sous verre, dans le bar. en la regardant je pense aussitot "elle a les yeux de karen", et Raf fait la réflexion à voix haute "t'as vu la fille sur la photo c'est bizarre ses yeux on dirait ceux de karen"
Puis Klaus sort, on marche un moment, les bus ne vont pas ou on veut, encore taxi. maison, encore du thé, gros pétard, re pleurer un peu, puis retrouver des conneries à dire, des trucs qui nous font rigoler.
je reparle de Locarno. la voix de Karene quand moi et coralie on est arrivées en retard à un débat. il y avait deux mille personnes dans la salle. la voix de Karene. le matin même on s'était retrouvées pour notre première conférence de presse, deux cent personnes blindées de haine. on aurait jamais du faire ça. On ne savait pas, avant de le faire. c'est toujours "trop tard" qu'on comprend. la voix de karen cette journée là. Ne pas pouvoir défendre ceux qu'on aime.
Puis on attend Coralie, qui voyait sa mère et devait nous rejoindre, elle envoie des texto du bus. Mano passe, parce qu'on devait se voir ce lundi là, avec des gateaux somptueux. on parle de mettre un faire part dans libé. et on essaie de parler au père lachaise. avec Raf, on est lancées sur des idées de statues à mettre sur sa tombe.
Coralie arrive et pour la deuxième fois de la journée quelque chose en moi cède et déclic et je comprends encore un peu mieux.
les baise moi girls, on est plus que trois. c'est définitif. on sera plus que trois. quoi qu'il arrive et même si un jour. on sera que toutes les trois.
à peine Coralie s'assoit, Raf lui explique déjà qu'on va faire un site, toutes, pour K.Reine. Je dis "laisse lui le temps d'arriver quand même" mais en fait Coralie et Raf commencent à en parler immédiatement, dans le détail, ce qu'elles ont, comment faire. comme si avoir "quelque chose de concret à faire" était important à ce moment-là, entre elles. moi j'ai pas le quart d'une photo qui me reste, je ne suis pas gardeuse.
Busty déboule, sa bonne blondeur. Elle me serre dans ses bras, je lui prends la main, je suis contente qu'elle passe. Et ça me plait de lui présenter Coralie et Raf, malgrè les circonstances. Puis Philippe arrive, Manoeuvre. ça me rappelle à quel point Karen était heureuse pour moi, quand on s'est rencontrés. et comment selon elle ça voulait dire que ça pouvait nous arriver à toutes, n'importe quand. C'est la seule fille que j'ai connue, vraiment son grand rêve c'était d'être femme au foyer. La première fois qu'elle m'a dit ça, j'ai préféré mettre de coté, mais en la connaissant mieux, j'ai compris que ça existait, comme rêve de vie. C'était son truc à elle. On ne fait pas toujours ce qu'on veut.
I LOVE YOU SO


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Virginie Despentes

Emma a écrit:avait-elle vraiment choisi de faire du porno? est-ce un choix?

Elle avait le choix, elle aurai tout aussi bien pu dire non.

Y'a un truc qui me sonne bizarre, c'est pourquoi on considere que ce n'est degradant que pour les femmes dans les films de fesses?

Surement parcequ'elles sont très souvent mises dans des positions qui sont considérées comme plus humiliantes que celles des hommes, de plus il traine l'idée qu'un homme fera du porno par plaisir alors qu'une femme le fera par nécessité.

Oui , n'en déplaise à Das_yog je crois qu'il se trompe!

rachel a écrit:Oui , n'en déplaise à Das_yog je crois qu'il se trompe!

Mais dont la contribution me palit beaucoup , malgré les désaccords ..merci !!!!!!!!

rachel a écrit:

rachel a écrit:Oui , n'en déplaise à Das_yog je crois qu'il se trompe!

Mais dont la contribution me palit beaucoup , malgré les désaccC'est la seule fille que j'ai connue, vraimentC'est la seule fille que j'ai connue, vraiment son grand rêve c'était d'être femme au foyer. La première fois qu'elle m'a dit ça, j'ai préféré mettre de coté, mais en la connaissant mieux, j'ai compris que ça existait, comme rêve de vie. C'était son truc à elle. On ne fait pas toujours ce qu'on veut.
son grand rêve c'était d'être femme au foyer. La première fois qu'elle m'a dit ça, j'ai préféré mettre de coté, mais en la connaissant mieux, j'ai compris que ça existait, comme rêve de vie. C'était son truc à elle. On ne fait pas toujours ce qu'on veut.
ords ..merci !!!!!!!!

C'est la seule fille que j'ai connue, vraiment son grand rêve c'était d'être femme au foyer. La première fois qu'elle m'a dit ça, j'ai préféré mettre de coté, mais en la connaissant mieux, j'ai compris que ça existait, comme rêve de vie. C'était son truc à elle. On ne fait pas toujours ce qu'on veut.