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L'insurrection d'oaxaca, au Mexique :

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L'insurrection d'oaxaca, au Mexique : Empty L'insurrection d'oaxaca, au Mexique :

Message par Pedro Lun 30 Oct - 17:50

Un article de LO, datant du mois dernier :

Dans le monde Lutte Ouvrière n°1988 du 7 septembre 2006

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Mexique: La population de Oaxaca en révolte

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Oaxaca, capitale de l’État du même nom, est une ville du Mexique, à 550 kilomètres au sud de la capitale et qui compte plus de 250000 habitants. C’est aussi, avec le Guerrero et le Chiapas, l’un des trois États les plus pauvres du Mexique. Depuis trois mois la ville de Oaxaca est littéralement occupée par la population.

Des milliers de manifestants bloquent la ville, occupant plusieurs stations de radio, défendant avec bâtons et machettes leurs «plantons» contre les «convois de la mort» (des policiers en civil «encagoulés» aux ordres du gouverneur) qui ont déjà fait plusieurs victimes, à l’occasion d’attaques armées.

À l’origine de cette situation, il y a la grève massive des 70000 enseignants de cet État, démarrée le 22 mai dernier, pour réclamer l’augmentation de leurs salaires et aussi de meilleures conditions matérielles pour les élèves: goûter, habits, et des chaussures pour tous.

Le 14 juin, au petit matin, la police de l’État est intervenue de manière extrêmement violente. Les campements mis en place par les grévistes au centre de la ville ont été ravagés et brûlés. Un hélicoptère «civil» lançait des grenades lacrymogènes sur les manifestants. Le gouvernement de l’État affirme qu’il n’y a pas eu de morts. Mais les dirigeants enseignants parlent de plusieurs tués en exhibant les douilles des balles tirées par les policiers.

Dans la matinée, de nombreux habitants de la ville sont venus sur la place et se sont alliés aux enseignants. Ensemble, équipés de barres, de pierres, ils ont repoussé les policiers et ont réinvesti la place. Il n’y a plus eu pour l’instant d’autres tentatives officielles de la police. La presse d’opposition dit qu’à partir du mois d’août sont apparus les «convois de la mort», formés de policiers en civil ou de tueurs, qui auraient assassiné des militants.

La revendication qui fait l’unanimité est la démission d’Ulyses Ruiz, le gouverneur de l’État qui avait donné l’ordre d’évacuation de la place. Après le 14 juin, les manifestations pour réclamer cette démission sont devenues de plus en plus importantes. De son côté, Amnesty International dénonce: «Depuis le 10 août, deux personnes ont été tuées et de nombreuses autres ont été blessées. Au moins sept personnes sont actuellement détenues et sept auraient été torturées ou auraient subi de mauvais traitements. Selon les informations reçues par Amnesty International, de nombreux éléments laissent à penser que des atteintes aux droits humains ont été commises par des milices armées opérant dans l’État d’Oaxaca en lien avec les forces de sécurité de cet État. (...) Le 10 août, Ramiro Aragón Pérez, biologiste, a été interpellé avec deux autres militants et frappé par des individus non identifiés se déplaçant à bord d’un véhicule sans plaque d’immatriculation. Les trois hommes auraient été ensuite emmenés dans un lieu secret où ils ont été torturés avant d’être remis au bureau du procureur général d’Oaxaca. Ramiro est toujours en détention et risque à tout moment d’être torturé.»

Pour la rentrée prévue le 21 août, se posait le problème de la reconduction totale ou tournante de la grève des enseignants. À une très large majorité, les différentes assemblées d’enseignants décidaient de la poursuite totale de la grève. Ce lundi 21 août, des petits groupes de quelques dizaines de personnes s’emparaient des stations de radio-télé de la ville et établissaient des barricades sur tous les accès de la vieille ville.

Amnesty International relevait alors de nouveaux assassinats de civils: «Le 22 août, Lorenzo San Pablo, l’un des piquets de grève d’une station radio, a été atteint d’une balle dans le dos tirée par des individus non identifiés qui accompagnaient un convoi de la police, selon des témoins. Il est mort quelques heures plus tard» (....). «Les milices illégales d’Oaxaca aident au «sale travail» des forces de sécurité. Une enquête doit être ouverte sur ces pratiques, de toute urgence, il faut désarmer les milices et les dissoudre et poursuivre en justice les auteurs présumés d’atteintes aux droits humains», a déclaré Javier Zuñiga, directeur du programme Amériques d’Amnesty International».

La population de Oaxaca est donc confrontée à cette situation. Jusqu’à présent, ces attaques sauvages n’ont pas entamé la détermination des grévistes. Mais l’issue du mouvement est aussi conditionnée par les problèmes qui se posent à l’échelle de toute la population, avec la contestation de l’élection présidentielle.

Jean-Claude SARAN

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Message par rachel Sam 4 Nov - 4:25

Dans ROUGE 2179 de ce jeudi : MEXIQUE
La Commune de Oaxaca

La police a repris ses quartiers dans la ville d’Oaxaca. Après cinq mois de gouvernement populaire, les autorités fédérales ont décidé de reprendre les choses en main. Bilan : trois morts, vingt blessés et cinquante interpellations. Françoise Mongin s’est rendue sur place.Imaginez. Une cité sans police, sans gouverneur. Une ville où les voisins et les grévistes décident. Un endroit où les barricades ont pris la place des feux de signalisation. Non, ce n’est pas la Commune de Paris. C’est celle d’Oaxaca, à 500 kilomètres de Mexico, en 2006. Depuis cinq mois, dans la capitale de l’État d’Oaxaca, la rue gouverne. Mais le gouvernement a décidé d’en finir avec ce mouvement qui pourrait créer un précédent. Vendredi 27 octobre, les forces de la police fédérale et des groupes paramilitaires sont entrés dans la ville pour en reprendre le contrôle. Au menu : gaz lacrymogènes, matraques, tirs à balles réelles, arrestations arbitraires. La violence de la répression a atteint un niveau tel qu’une centaine de militaires ont déserté. Malgré la mobilisation et les exhortations du Parlement et du Sénat à sa démission, le gouverneur, rebaptisé « Ruiz le Rat », affirme qu’il ne partira pas.

À l’origine de l’insurrection, une occupation d’enseignants, à la mi-juin, pour défendre des revendications salariales (lire Rouge n°2172). Rien d’exceptionnel pour les habitants, car cette mobilisation a lieu tous les ans, juste avant les vacances d’été. Mais, cette année, le très impopulaire gouverneur Ulises Ruiz, issu du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, parti au pouvoir pendant 70 ans), veut en finir avec les profs rebelles. Il envoie la police déloger les occupants. Bilan : une femme a dû avorter du fait des gaz, deux enfants sont morts asphyxiés, deux professeurs sont tués... La ville est entièrement barricadée, et des assemblées de professeurs, de paysans, d’ouvriers et d’étudiants se réunissent un peu partout. En quelques jours, les commissariats sont vidés de leurs occupants, les bâtiments publics sont pris d’assaut, l’université publique est bloquée par les étudiants.

Malgré les attaques, les Oaxaquenos parviennent à contrôler deux radios. En cinq mois, une équipe de chroniqueurs, de reporters et d’animateurs du mouvement se forme sous la direction des maestros. Sous leur direction, mais grâce à la solidarité d’une grande partie des habitants, les grévistes, qui ne touchent plus de salaires, mangent à leur faim. « Quelquefois mieux que d’habitude », affirment les médecins volontaires. Pour empêcher les pillages et les agressions, les voisins organisent des tours de garde. En cas de flagrant délit, les délinquants sont ligotés en pleine rue. Les occupants affirment « que les rues sont plus sûres » et les responsables de campement sont fiers de montrer que, dans les bâtiments publics, rien n’a été volé ni dégradé.

En l’absence de l’État, la vie, durant ces cinq mois, s’est complètement réorganisée. Notamment sous l’impulsion des enseignants organisés dans le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) et majoritaires dans le gouvernement populaire d’Oaxaca, l’assemblée populaire des peuples de Oaxaca (Appo). Cette instance, élue collégialement par les assemblées de quartier, composée de professeurs, d’ouvriers, d’étudiants et de paysans, est chargée de négocier avec les autorités et de diriger le mouvement. Comme elle est dirigée en bonne partie par les membres du syndicat de l’éducation, les détracteurs du mouvement l’affirment largement influencée par le PRD, le parti social-libéral de Lopez Obrador.

Aujourd’hui, sous le coup d’une répression sanglante, les peuples d’Oaxaca en appellent à la solidarité internationale - pétitions, communiqués, rassemblements devant les ambassades du Mexique - pour mettre un terme à la répression et obtenir ce pour quoi ils se battent depuis cinq mois : la démission du gouverneur.

Françoise Mongin
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Message par Pedro Sam 4 Nov - 12:53

Lutte Ouvrière, cette semaine :

Dans le monde Lutte Ouvrière n°1996 du 3 novembre 2006

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Mexique : à Oaxaca en lutte contre un gouverneur corrompu, la troupe contre la mobilisation populaire.

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Dimanche 29 octobre, le président mexicain Vicente Fox, après des semaines d'hésitation, a finalement envoyé ses troupes, flanquées de blindés et d'hélicoptères, dans la ville d'Oaxaca, où la population est en rébellion depuis des mois contre le gouverneur.

Officiellement, il s'agit de rétablir l'ordre public troublé par... la police du gouverneur. Ce qui aurait décidé Fox est le fait que, vendredi 27, des policiers locaux, en civil, ont tiré sur des manifestants et tué au moins trois personnes, dont un jeune journaliste américain. Mais l'intervention des troupes fédérales était attendue, depuis des semaines, par le gouverneur contesté.

Depuis août dernier, la ville était contrôlée par sa population, qui exige la démission d'Ulises Ruiz, politicien corrompu comme tant d'autres, et responsable de la répression.

Le mouvement a commencé le 22 mai dernier avec la répression d'une manifestation d'enseignants qui exigeaient une prime de vie chère et des moyens pour l'école. À partir de là, le mécontentement s'était étendu. Les 70000 enseignants de l'État avaient trouvé le soutien de centaines de milliers de personnes parmi les déshérités, en majorité indiens.

Oaxaca était un des fiefs du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI), qui fut pendant des dizaines d'années le parti unique régnant sans partage sur le pays. Il a finalement dû céder la présidence au Parti d'Action Nationale (PAN) de Vicente Fox, qui est une scission du PRI. Mais les notables locaux du PRI comme Ruiz entendent conserver leur fief. Aussi le gouverneur, dont les manifestants réclament la démission, a continué de faire parler les armes. En cinq mois, ses hommes de main ont tué une quinzaine de militants du mouvement.

En juin, suite à la répression, la population s'insurgeait avec la participation des syndicats indépendants, d'associations et de municipalités, paralysant la capitale. Trois cent quatre-vingts organisations regroupées dans une Assemblée populaire du peuple de Oaxaca (Appo) entendaient substituer leur autorité à celle des administrations locales. Cinq marches nationales de protestation ont regroupé des centaines de milliers de manifestants. Une trentaine de mairies ont été occupées, des administrations et des tribunaux fermés, des routes bloquées pour tenter de paralyser l'activité économique.

L'entrée des troupes envoyées par le président Fox a été applaudie par les commerçants du centre-ville, où de nombreux magasins et restaurants sont fermés du fait des événements, mais pas par la population pauvre. Les possédants attendent la reprise des affaires et le gouverneur espère sauver son siège. Mais la population d'Oaxaca, qui a participé à ces mois de luttes, n'a peut-être pas dit son dernier mot.

Jacques FONTENOY.

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