un thème réactionnaire : l'identité nationale

Vous n'avez réclamé ni gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE

Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant

Juban a écrit:La tristesse, chez Barres, c'est que les Juifs sont devenus français a ses yeux que par le sang versé pendant la guerre de 14/18... une autre forme de droit du sang dont on se passerait bien.
La droite a été idiote, le terme "identité nationale" provoque tout de suite des réactions épidermiques... et pour cause. Tentative de séductions vis à vis de l'électorat fhaine? Y'a surement de ça, et ça fonctionne... a quel prix? Il aurait été bien plus malin de parler de citoyenneté républicaine.. citoyen, c'est notre identité, et la république, c'est la France.
Je cumule 3 identités, Français, breton par mon père, Américain par ma mère, et juif par la carpe farcie (et donc ma mère)... pas de conflit, j'assume les 3, pas par choix, mais par évidence. Je ne suis pas fier, ni honteux, Je suis humble de cet héritage, nous ne naissons pas de rien. Mais plus intéressant est le regard des autres, car l'identité, c'est son rapport avec les siens, ceux qui partagent cette identité, mais aussi avec les autres, ceux avec qui on échange et faisons découvrir notre culture. Je me souviens d'un scientifique français qui récemment disait avoir plus de point commun avec un scientifique japonais qu'avec un banquier français.. son identité, c'était la science, son plus petit dénominateur commun, c'était la science. Alors quel est mon plus petit dénominateur commun? J'ai longtemps cru que c'était "Juif", en effet, en France, on me voit comme "Américain", alors même que je ne parlais que 3 mots d'anglais et avait a peine mis le pieds aux USA... quand je vais aux USA, on me voit comme le "Français"... des franco-algériens ou même totalement français mais d'origine algérienne m'ont dit parfaitement comprendre ce sentiment. Mais le seul point commun dans un pays comme dans l'autre est la persistance de cette identité juive, ça ne change pas. Lors des mes premiers séjours en Israel, je me suis dit (naïvement) qu'enfin on ne me verrait pas comme juif, et oui, vu que la grande majorité des gens le sont là bas, l'intérêt serait plutôt porté sur ce qui est plus "exceptionnel", le fait d'être français ou américain. Mais surprise, c'était mon identité juive qui restait l'intérêt et suscitait l'enthousiasme... français ou américain n'intéressait que les français ou américains qui étaient sur place... et encore, après le fait d'être juif. Et comme j'avais pris mes sources juives dans une famille juive tunisienne, je déduisais fièrement que j'étais le seul franco-américain juif breton ashkénaze tunisien. Donc j'en avais conclus que "juif" ça restait mon plus petit dénominateur commun au delà de tout ce que je portais. Le principe d'identité universelle me reste totalement abstrait, on se construit que dans la rencontre de l'autre, dans l'échange avec celui qui ne nous ressemble pas... qu'on s'emmerde a ne parler qu'avec des gens qui sont comme soi-même. Il y a un universalisme de l'Humanité, qui n'est pas en opposition avec les diverses identité, mais on contraire, qui doivent la compléter et l'enrichir, et c'est pour ça que j'assume toutes ces cultures que je porte en moi.
Voilà où j'en étais... puis est venu se rajouter un élément, un truc de 47,5 cm et de 3,430 kg qui braille quand elle a faim, me sourit le matin au réveil, s'endort le soir en me serrant le doigt avec sa main et me regardant en prenant son biberon. En réfléchissant un peu a ces question d'identités, je me suis rendu compte que sans retirer une virgule à ce que je disais sur toutes ces identités que j'assume, mon nouveau dénominateur commun (ni plus ni moins que l'autre, juste différente), c'était mon enfant, c'était être papa... et comme ce scientifique qui se sentait plus proche d'un scientifique japonais, que d'un banquier français, je me sens plus proche d'un papa bolivien qui aime ses enfants que d'un célibataire endurci qui vivrait sur le même palier que moi... ça ne diminue pas mes autres identités, et la mienne propre, au delà des autres, ça en rajoute une... et c'est ça qui est bien.