Massacres coloniaux - Yves Benot -

L'auteur,journaliste et historien, fait ici la synthèse des différends massacres ayant eu lieu sous la quatrième république, à l'exception de la guerre d'Indochine et d'Algérie : Sétif et Guelma, Thiaroye, Madagascar, Haiphong, Casablanca, la Côte d'Ivoire. Ici, sont clairement évoquées les responsabilités de de Gaulle, mais aussi des socialistes comme Auriol, Moutet (alors ministre des colonies), les prises de positions quelques fois critiquables du pc (surtout au sortir de la guerre). Caballero, représentant du PC Algérien, au moment de Sétif et Guelma, cité par l'auteur : "Ceux qui réclament l'indépendance de l'Algérie sont des agents conscients ou inconscients d'un autre impérialisme"... ou Thorez, secrétaire du PCF : "Les populations d'Afrique du Nord savent que leur intérêt est dans leur union avec le peuple de France"...
Durant des années, donc, la France, à voulu garder à tout prix ses colonies, au prix de tueries abominables, de tortures, d'arrestation de leaders indépendantistes, bref, en utilisant des méthodes de waffen ss. Le livre illustre aussi le racisme quotidien vécu par les autochtones, traités comme des sous-individus, le fait que la brutalité colonialiste et de l'armée était connue, relatée par un certain nombre d'intellectuels, de journalistes, même si la plupart étaient des vendus, qu'elle datait du début de l'ère coloniale (les fameuses enfumades de la conquête de l'Algérie), pour se perpétuer jusqu'à la libération des peuples ainsi opprimés.

L'état français à usé de la brutalité, pour réprimer les aspirations à la liberté, des peuples qu'il dominait, puis, quand il a donné son indépendance au Maroc, à la Tunisie, à Madagascar, etc, il a fait en sorte que les individus mis à la tête des états ainsi libérés soient entièrement à sa solde (comme Mohammed cinq, au Maroc, Houphouet Boigny, en Côte d'Ivoire...). Aujourd'hui encore, la France possède de nombreuses bases en Afrique, forme les cadres des armées des dictateurs en place, intervient, comme en Côte d'Ivoire, comme aux pires temps du colonialisme (on peut citer aussi Kolwesi, le Tchad, le Gabon, etc).
Pendant la période dont parle "Massacres coloniaux", interdiction de livres, d'articles de journaux, répression de manifestations, furent légion.
Ce livre est fort bien documenté, agréable à lire.

"Un peuple qui en opprime un autre n'est pas un peuple libre" - Karl Marx.

Deux extraits du Livre du Pierre Vidal-Naquet : Les crimes de l'armée Française :

Jaques Chégaray

Les Tortures en Indochine

Trois faits simplement.
Un officier militaire m'avait invité à visiter un petit poste à Cholon.
L'adjudant de service, jovial et sympathique, m'expliqua le fonctionnement du système défensif, puis nous entrâmes dans son bureau.
"Une cigarette?
-Volontiers."
Quelques instants après, à la recherche d'un cendrier, ma main heurta une masse ronde et blanche sur le bureau. Je n'y fis pas d'abord attention. Puis, attiré de nouveau par l'objet, je m'approchai et découvris que c'était un crâne humain.
"Ce n'est pas un vrai, demandais-je.
-Quoi? ce crâne! Mais si, bien sûr. Un sale Viêt, vous savez, c'est moi qui lui ai coupé la tête. Il criait... Il fallait l'entendre! Vous voyez, ça me sert de presse papiers. Mais quelle affaire pour la chair. Je l'ai fait bouillir quatre heures ; après, j'ai gratté avec mon couteau...

Déclaration de Michel Debré, Premier ministre, sur les camps de regroupement. 9 juin 1959

Il est une preuve encore plus nette, je tiens à le dire, de la liaison étroite entre les chefs de la rébellion et les dirirgeants communistes dans le monde : c'est la campagne à laquelle nous assistons contre les centres de regroupement.
Les centres de regroupement, avec toutes les difficultés que cela comporte , et que l'armée connaît mieux que quiconque, ont été rendus obligatoires par notre volonté, notre volonté nécessaire, de libérer de la peur des populations isolées ou écartées. En essayant de libérer de la peur ces populations isolées, l'armée à porté en même temps un coup décisif à l'aide que dans les montagnes la rébellion trouvait ici et là, et quasiment toujours par la terreur. Alors les dirigeants de la rébellion - nous en avons la preuve - ont demandé que dans le monde entier les partis communistes lançent une campagne contre les centres de regroupement, en raison des conséquence fatales qu'ils avaient pour leurs propres opérations. Dans les semaines qui ont suivi cet appel des dirigeants de la rébellion, le parti communiste en France et d'autres partis communistes ou communisants à l'étranger, fidèles à ces consignes, ont lancé la campagne que nous savons, se fondant sur les difficultés des regroupements, mais ne parlant jamais des nécessités qui ont conduit à de tels centres.

Discours à l'assemblée nationale.