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21 aout 1940 assassinat de Léon Trotsky

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Message par rachel Dim 21 Aoû - 8:45

"La vie est belle. Que les générations futures la nettoient de tout mal, de toute oppression et de toute violence, et en jouissent pleinement." ... 21 aout 1940 assassinat de Léon Trotsky Trotski
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Message par rachel Dim 21 Aoû - 8:59

21 aout 1940 assassinat de Léon Trotsky Owp-H1045L
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Message par Proudhon Dim 21 Aoû - 10:32

65 ans déjà qu'il n'arrête pas de se retourner dans sa tombe en voyant comment va le monde !!!!!!
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Message par corto maltese 89 Ven 26 Aoû - 10:22

Divers Lutte Ouvrière n°1934 du 26 août 2005
Le 20 août 1940 : il y a 65 ans Staline faisait assassiner Trotsky

Le 20 août 1940, un homme de main du Guépéou, Ramon Mercader (connu à l’époque sous les noms de Jacson et Mornard), qui avait réussi à s’infiltrer dans l’entourage de Trotsky, alors réfugié au Mexique, lui assénait un coup de piolet mortel. Trotsky décéda le lendemain. Après un premier attentat manqué, quelques semaines auparavant, Staline avait enfin réussi son coup.

Qu’à un moment où la guerre battait son plein en Europe les services secrets de Staline aient mis tant d’acharnement, consacré tant d’efforts et tant de moyens pour éliminer à des milliers de kilomètres de Moscou le vieux leader révolutionnaire, voilà ce que peuvent difficilement comprendre ceux pour qui le combat entre Trotsky et Staline ne s’explique que par une rivalité personnelle. Staline avait certes la rancune tenace. Mais l’élimination physique de Trotsky était pour lui, en cette année 1940, une nécessité politique.

Dès que les menaces d’un nouveau conflit armé international s’étaient précisées, au milieu des années 1930, Staline, avec le soutien de la couche de privilégiés qui avaient usurpé le pouvoir en URSS, entreprit d’éliminer les hommes qui avaient dirigé la Révolution d’octobre. La bureaucratie savait en effet que la guerre pouvait entraîner une vague révolutionnaire, et que son pouvoir n’y survivrait pas. Les procès de Moscou furent la manifestation la plus spectaculaire de cette répression. Mais plus discrètement, des milliers d’opposants furent exécutés, et à l’été 1940 l’immense majorité des hommes et des femmes qui avaient joué un rôle quelque peu notable au cours de la révolution et de la guerre civile avaient disparu.

Restait Trotsky, que Staline avait expulsé d’URSS en 1929, à un moment où il n’avait pas encore la possibilité de faire assassiner ses opposants, et qui après un bref passage dans des pays comme la Norvège et la France, où on lui refusait la possibilité de poursuivre son combat politique, avait fini par trouver refuge au Mexique. Et aussi isolé qu’il ait été, Trotsky continuait à représenter pour Staline un danger majeur.

Bien qu’il ait multiplié les bassesses devant Hitler, Staline ne pouvait pas être sûr de rester à l’écart du deuxième conflit mondial. La guerre contre la Finlande, durant l’hiver 1939-1940, avait révélé les faiblesses d’une Armée rouge décapitée par l’élimination de ses chefs les plus prestigieux. Une défaite militaire, devant l’Allemagne nazie, aurait pu faire apparaître Trotsky, le fondateur de l’Armée rouge, l’organisateur de la victoire pendant la guerre civile, comme un recours aux yeux de tous ceux qui dans la population, dans l’armée, dans l’appareil d’État, ne voulaient pas voir l’URSS s’effondrer.

Voilà l’option que l’assassinat de Trotsky écartait à jamais. Et en même temps, le coup de piolet de l’assassin tranchait le seul lien qui subsistait entre la génération des militants qui avaient joué un rôle dirigeant dans la vague révolutionnaire de 1917-1919, et la génération qui était venue au combat politique à l’heure du stalinisme triomphant.

Trotsky, par le combat qu’il mena durant les dernières années de sa vie, nous a légué un capital politique irremplaçable, en assurant la défense des idées communistes que le stalinisme prostituait, en expliquant aussi, d’un point de vue marxiste, comment la première révolution prolétarienne victorieuse de l’histoire avait pu donner naissance à la dictature sanglante de Staline.

Mais son assassinat ne fut pas seulement une tragédie personnelle. C’en fut une aussi pour tout le mouvement révolutionnaire. En achevant de briser la chaîne humaine nécessaire à la transmission de l’expérience vivante, Mercader-Mornard porta un coup terrible à ce mouvement, un coup dont soixante ans après nous subissons toujours les conséquences. Ce n’est pas pour rien qu’en 1961 les héritiers de Staline, en la personne de Khrouchtchev, le décorèrent pour services rendus.

Mais la répression stalinienne, pas plus que les bourreaux fascistes, n’ont pu tuer définitivement les idées communistes. Parce que celles-ci sont la seule réponse possible à la barbarie capitaliste.

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Message par Alex Ven 26 Aoû - 11:58

Personnellement ça me dit rien de me souvenir de ce gars là qui a fait assassiner tant de personnes et qui a soutenu un régime dictatorial. Finalement il n'a eu que le coup de piolet qu'il méritait. Tant pis pour lui si Staline était plus malin que lui.
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Message par corto maltese 89 Ven 26 Aoû - 17:08

Alex a écrit:Personnellement ça me dit rien de me souvenir de ce gars là qui a fait assassiner tant de personnes et qui a soutenu un régime dictatorial. Finalement il n'a eu que le coup de piolet qu'il méritait. Tant pis pour lui si Staline était plus malin que lui.

Tient,je sens une allusion a cronstadt sourdre derriere ces propos... tel
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Message par Pedro Ven 26 Aoû - 20:49

Alex a écrit:Personnellement ça me dit rien de me souvenir de ce gars là qui a fait assassiner tant de personnes et qui a soutenu un régime dictatorial. Finalement il n'a eu que le coup de piolet qu'il méritait. Tant pis pour lui si Staline était plus malin que lui.

Et nous, on en a rien a foutre de tes commentaires à la con. Trostky était un grand révolutionnaire, et il manque un type de sa trempe pour la classe ouvrière, je n'ai pas honte de le dire!
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Message par Pedro Ven 26 Aoû - 20:52

Et j'ajouterais personnellement que si ce "gars là ne te dis rien", c'est que tu n'a rien à foutre sur ce fil.
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Message par Alex Sam 27 Aoû - 10:13

Pedro a écrit:Et j'ajouterais personnellement que si ce "gars là ne te dis rien", c'est que tu n'a rien à foutre sur ce fil.

Je n'ai pas dis ça.

Enfin bon votre agressivité montre que j'ai raison.
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Message par corto maltese 89 Sam 27 Aoû - 11:01

Dire qu'il méritait un coup de piolet,c'etait pas agressif des fois?
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Message par Alex Sam 27 Aoû - 13:20

corto maltese 89 a écrit:Dire qu'il méritait un coup de piolet,c'etait pas agressif des fois?

Un gars qui fait tuer des milliers d'ouvriers et paysans qui luttent pour leur liberté (et il n'y a pas seulement Cronstadt), ça ne me chagrine pas s'il se fait tuer.

Sinon même si c'est agressif, ce n'est pas envers des participants du forum que je l'ai été.
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Message par Pedro Sam 27 Aoû - 17:02

Il y a aussi plein d'hommes et de femmes, de la classe ouvrière russe et de la paysannerie, qui ont lutté dans le camps bolchévique (sinon, elle aurait été écrasée rapidement), et qui ont laissé leur vie, hélas, pour que triomphe cette révolution. Enfin, bon, on en a déjà discuté, tu sais ce que j'en pense, pas la peine d'y revenir.
Trotsky, je le répète, était un grand bonhomme, et ses écrits politiques ont toujours et même plus que jamais, une grande valeur, pour la classe ouvrière.
Cela ne m'empêche pas d'avoir aussi de la sympathie, également, pour les anarchistes, que je considère tout de même comme des camarades de lutte.
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Message par rachel Dim 4 Sep - 7:23

A Léon Trotsky

Cher Léon Davidovitch,

Toute ma vie j'ai été d'avis qu'un homme politique devait comprendre lorsque le moment était venu de s'en aller ainsi qu'un acteur quitte la scène et qu'il vaut mieux pour lui s'en aller trop tôt que trop tard.

Pendant plus de trente ans j'ai admis l'idée que la vie humaine n'a de signification qu'aussi longtemps et dans la mesure où elle est au service de quelque chose d'infini. Pour nous, l'humanité est cet infini. Tout le reste est fini, et travailler pour ce reste n'a pas de sens. Même si l'humanité devait un jour connaître une signification placée au-dessus d'elle-même, celle-ci ne deviendrait claire que dans un avenir si éloigné que pour nous l'humanité serait néanmoins quelque chose de complètement infini. Si on croit, comme je le fais, au progrès, on peut admettre que lorsque l'heure viendra pour notre planète de disparaître, l'humanité aura longtemps avant trouvé le moyen d'émigrer et de s'installer sur des planètes plus jeunes. C'est dans cette conception que j'ai, jour après jour, placé le sens de la vie. Et quand je regarde aujourd'hui mon passé, les vingt-sept années que j'ai passées dans les rangs de notre parti, je crois pouvoir dire avec raison que, tout le long de ma vie consciente, je suis resté fidèle à cette philosophie. J'ai toujours vécu suivant le précepte : travaille et combat pour le bien de l'humanité. Aussi je crois pouvoir dire à bon droit que chaque jour de ma vie a eu son sens.

Mais il me semble maintenant que le temps est venu où ma vie perd son sens, et c'est pourquoi je me sens le devoir d'y mettre fin.

Depuis plusieurs années, les dirigeants actuels de notre parti, fidèles à leur orientation de ne donner aux membres de l'opposition aucun travail, ne m'ont permis aucune activité, ni en politique, ni dans le travail soviétique, qui corresponde à mes aptitudes. Depuis un an, comme vous le savez, le bureau politique m'a interdit, en tant qu'adhérent de l'opposition, tout travail politique. Ma santé n'a pas cessé d'empirer. Le 20 septembre, pour des raisons inconnues de moi, la commission médicale du comité central m'a fait examiner par des spécialistes. Ceux-ci m'ont déclaré catégoriquement que ma santé était bien pire que je ne le supposais, et que je ne devais pas passer un jour de plus à Moscou, ni rester une heure de plus sans traitement, mais que je devais immédiatement partir pour l'étranger, dans un sanatorium convenable.

A ma question directe ; "Quelle chance ai-je de guérir à l'étranger, et ne puis-je pas me faire traiter en Russie sans abandonner mon travail", les médecins et assistants, le médecin en activité du comité central, le camarade Abrossov, un autre médecin communiste et le directeur de l'hôpital du Kremlin m'ont répondu unanimement que les sanatoriums russes ne pouvaient absolument pas me soigner, et que je devais subir un traitement à l'Ouest. Ils ajoutèrent que si je suivais leurs conseils, je n'en serais pas moins sans aucun doute hors d'état de travailler pour une longue période.

Après quoi, la commission médicale du comité central, bien qu'elle eût décidé de m'examiner de sa propre initiative, n'entreprit aucune démarche, ni pour mon départ à l'étranger, ni pour mon traitement dans le pays. Au contraire, le pharmacien du Kremlin, qui, jusqu'ici, m'avait fourni les remèdes qui m'étaient prescrits, se vit interdire de le faire. J'étais ainsi privé des remèdes gratuits dont j'avais bénéficié jusque-là. Cela arriva, semble-t-il, au moment où le groupe qui se trouve au pouvoir commença à appliquer sa solution contre les camarades de l'opposition : frapper l'opposition au ventre.

Tant que j'étais assez bien pour travailler, tout cela m'importait peu ; mais comme j'allais de mal en pis, ma femme s'adressa à la commission médicale du comité central, et, personnellement, au docteur Semachko, qui a toujours affirmé publiquement qu'il ne fallait rien négliger pour " sauver la vieille garde " ; mais elle n'obtint pas de réponse, et tout ce qu'elle put faire fut d'obtenir un extrait de la décision de la commission. On y énumérait mes maladies chroniques, et on y affirmait que je devais pour un an environ me rendre dans un sanatorium comme celui du professeur Riedländer. " Il y a maintenant huit jours que j'ai dû m'aliter définitivement, car mes maux chroniques, dans de telles circonstances, se sont naturellement fortement aggravés, et surtout le pire d'entre eux, ma vieille polynévrite, qui est redevenue aiguë, me causant des souffrances presque intolérables, et m'empêchant même de marcher.

Depuis neuf jours je suis resté sans aucun traitement, et la question de mon voyage à l'étranger n'a pas été reprise. Aucun des médecins du comité central ne m'a visité. Le professeur Davidenko et le docteur Levine, qui ont été appelés à mon chevet, m'ont prescrit des bagatelles, qui manifestement ne peuvent guérir, et ont reconnu qu'on ne pouvait rien faire et qu'un voyage à l'étranger était urgent. Le docteur Levine a dit à ma femme que la question s'aggravait du fait que la commission pensait évidemment que ma femme voudrait m'accompagner, " ce qui rendrait l'affaire trop coûteuse ". Ma femme répondit que, en dépit de l'état lamentable dans lequel je me trouvais, elle n'insisterait pas pour m'accompagner, ni elle, ni personne. Le docteur Levine nous assura alors que, dans ces conditions, l'affaire pourrait être réglée. Il m'a répété aujourd'hui que les médecins ne pouvaient rien faire, que le seul remède qui restait était mon départ immédiat pour l'étranger. Puis, ce soir, le médecin du comité central, le camarade Potiomkrine, a notifié à ma femme la décision de la commission médicale du comité central de ne pas m'envoyer à l'étranger, mais de me soigner en Russie. La raison en était que les spécialistes prévoyaient un long traitement à l'étranger et estimaient un court séjour inutile, mais que le comité central ne pouvait donner plus de 1000 dollars pour mon traitement et estimait impossible de donner plus.

Lors de mon séjour à l'étranger il y a quelque temps, j'ai reçu une offre de 20 000 dollars pour l'édition de mes mémoires ; mais comme ceux-ci doivent passer par la censure du bureau politique, et comme je sais combien, dans notre pays, on falsifie l'histoire du parti et de la révolution, ,je ne veux pas prêter la main à une telle falsification. Tout le travail de censure du bureau politique aurait consisté à m'interdire une appréciation véridique des personnes et de leurs actes - tant des véritables dirigeants de la révolution que de ceux qui se targuent de l'avoir été. Je n'ai donc aujourd'hui aucune possibilité de me faire soigner sans obtenir de l'argent du comité central, et celui-ci, après mes vingt-sept ans de travail révolutionnaire, ne croit pas pouvoir estimer ma vie et ma santé à un prix supérieur à 1000 dollars. C'est pourquoi, comme je l'ai dit, il est temps de mettre fin à ma vie. Je sais que l'opinion générale du parti n'admet pas le suicide ; mais je crois néanmoins qu'aucun de ceux qui comprendront ma situation ne pourra me condamner. Si j'étais en bonne santé, je trouverais bien la force et l'énergie de combattre contre la situation existant dans le parti ; mais, dans mon état présent, je ne puis supporter un état de fait dans lequel le parti tolère en silence votre exclusion, même si je suis profondément persuadé que, tôt ou tard, se produira une crise qui obligera le parti à expulser ceux qui se sont rendus coupables d'une telle ignominie. En ce sens, ma mort est une protestation contre ceux qui ont conduit le parti si loin qu'il ne peut même pas réagir contre une telle honte.

S'il m'est permis de comparer une grande chose avec une petite, je dirai que l'événement historique de la plus haute importance que constituent votre exclusion et celle de Zinoviev, une exclusion qui doit inévitablement ouvrir une période thermidorienne dans notre révolution, et le fait que, après vingt-sept années d'activité dans des postes responsables, il ne me reste plus rien d'autre à faire qu'à me tirer une balle dans la tête, ces deux faits illustrent une seule et même chose : le régime actuel de notre parti. Et ces deux faits, le petit et le grand, contribuent tous les deux à pousser le parti sur le chemin de Thermidor.

Cher Léon Davidovitch, nous sommes unis par dix ans de travail en commun, et je le crois aussi par les liens de l'amitié ; et cela me donne le droit, au moment de la séparation, de vous dire ce qui me parait être chez vous une faiblesse.

Je n'ai jamais douté que vous étiez dans la voie juste, et, vous le savez, depuis plus de vingt ans, y compris dans la question de la " révolution permanente ", j'ai toujours été de votre côté. Mais il m'a toujours semblé qu'il vous manquait cette inflexibilité, cette intransigeance dont a fait preuve Lénine, cette capacité de rester seul en cas de besoin, et de poursuivre dans la même direction, parce qu'il était sûr d'une future majorité, d'une future reconnaissance de la justesse de ses vues. Vous avez toujours eu raison en politique depuis 1905, et Lénine lui aussi l'a reconnu ; je vous ai souvent raconté que je lui avais entendu dire moi-même : en 1905, c'était vous et non lui qui aviez raison. A l'heure de la mort, on ne ment pas et je vous le répète aujourd'hui.

Mais vous vous êtes souvent départi de la position juste en faveur d'une unification, d'un compromis dont vous surestimiez la valeur. C'était une erreur. Je le répète : en politique, vous avez toujours eu raison, et maintenant vous avez plus que jamais raison. Un jour, le parti le comprendra, et l'histoire sera forcée de le reconnaître.

Ne vous inquiétez donc pas si certains vous abandonnent, et surtout si la majorité ne vient pas à vous aussi vite que nous le souhaitons. Vous êtes dans le vrai, mais la certitude de la victoire ne petit résider que dans une intransigeance résolue, dans le refus de tout compromis, comme ce fut le secret des victoires de Vladimir Iliitch.

J'ai souvent voulu vous dire ce qui précède, mais je ne m'y suis décidé que dans le moment où je vous dis adieu. Je vous souhaite force et courage, comme vous en avez toujours montré, et une prompte victoire. Je vous embrasse. Adieu.

A. Joffé.

P.-S. - J'ai écrit cette lettre pendant la nuit du 15 au 16, et, aujourd'hui 16 novembre ( 1927 ), Maria Mikhailovna est allée à la commission médicale pour insister pour qu'on m'envoie à l'étranger, même pour, un mois ou deux. On lui a répondu que, d’après l'avis des spécialistes, un séjour de courte durée à l'étranger était tout à fait inutile ; et on l'a informée que la commission avait décidé de me transférer immédiatement à l'hôpital du Kremlin. Ainsi ils me refusent même un court voyage à l'étranger pour améliorer ma santé, alors que tous les médecins sont d'accord pour estimer qu'une cure en Russie est inutile.

Adieu, cher Léon Davidovitch, soyez fort, il faut l'être, et il faut être persévérant aussi, et ne me gardez pas rancune.


Dernière édition par le Dim 4 Sep - 15:58, édité 1 fois
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Message par rachel Dim 4 Sep - 15:56

Forum des amis de Lutte Ouvrière - Ephéméride pour le 4 septembre

Ignace Reiss assassiné par les staliniens
Ignace Reiss (1899-1937)
Pseudonyme de I. Poretski.


Jeune militant socialiste polonais, il rejoint le P.C. en 1919 et travaille pour les services secrets soviétiques.

En juillet 1937, il envoie une lettre de rupture au Comité Central du P.C. de l'U.R.S.S. annonçant son ralliement à la IV° Internationale. Il est assasiné en Suisse par des agents de Staline le mois suivant.

Ci dessous un texte de Trotsky, un an après...


Pour l’anniversaire de la mort de Reiss

Léon Trotsky

17 juillet 1938

Plus le temps passe et plus lumineuse apparaît la figure de Reiss, tombé tragiquement sur le seuil de la IV° Internationale. La rupture avec la clique bonapartiste ne signifiait pas pour lui la désertion vers la vie privée, comme pour d'autres bureaucrates apeurés et démoralisés. Pas une minute, Reiss n'a cherché à s'éloigner en prenant un air supérieur à l'égard de ceux qui continuaient le combat. Avant de prendre des mesures pour assurer sa sécurité personnelle, il a écrit une déclaration principielle sur les raisons de son passage sous le drapeau de la IV° Internationale. Dans les jours même où il était précisément en train de préparer sa rupture ouverte avec le Kremlin, il faisait déjà de la propagande active et recrutait parmi ses anciens collaborateurs et collègues. On doit se représenter clairement les graves convulsions internes qu'il eut à traverser et comprendre la force d'âme qui se dissimulait dans ce combattant révolutionnaire !

La figure de Ludwig [1] nous devient de plus en plus proche au fur et à mesure que nous voyons ces bureaucrates « fatigués » et « déçus » qui, voyez-vous, sont tellement tourmentés par Staline et leur propre passé que, sans changer d'état d'esprit, ils vont tout droit dans le camp de la démocratie bourgeoise ou du semi-anarchisme libéral [2]. Sous les coups de la vie, ces messieurs en viennent à la conclusion que la révolution d'Octobre a été une « erreur » et qu'il faut donc imaginer quelque chose de mieux, de jamais vu, d'inédit, qui soit totalement à l'abri, hermétiquement, de toute faiblesse et de tout échec. Et, en attendant cette doctrine de salut, les dilettantes ultra-gauches, alliés à des fascistes plus francs, s'occupent de racontars et d'intrigues contre les révolutionnaires. Faut-il des exemples ?

Ludwig est mort à l'aube même d'un nouveau chapitre de sa vie. Nous avons tous ressenti sa mort comme un coup très rude - et nous en avons reçu beaucoup. Ce serait cependant une erreur inadmissible que de penser que ce sacrifice a été inutile. Par la virilité de sa conversion de Thermidor à la révolution, Reiss a donné au trésor de la lutte prolétarienne une contribution bien plus grande que tous ceux qui, tous ensemble, dénoncent Staline. La figure de Reiss demeurera vivante dans la mémoire des jeunes générations comme un exemple et une leçon. Elle les inspirera et les entraînera.

Notes
[1] Pseudonyme de Reiss dans le G.P.U.
[2] L'allusion est dirigée contre Krivitsky.


Ignace Reiss : Lettre au C.C. du P.C.(b)

La lettre que je vous écris aujourd'hui j'aurais dû vous l'écrire depuis longtemps déjà, le jour où les « Seize » furent massacrés dans les caves de la Loubianka, sur l'ordre du « Père des Peuples ».

Je me suis tu alors. Je n'ai pas élevé la voix non plus pour protester lors des assassinats qui ont suivi, et ce silence fait peser sur moi une lourde responsabilité. Ma faute est grande, mais je m'efforcerai de la réparer, et de la réparer vite afin d'alléger ma conscience.

Jusqu'alors j'ai marché avec vous. Je ne ferai pas un pas de plus à vos côtés. Nos chemins divergent ! Celui qui se tait aujourd'hui se fait complice de Staline et trahit la cause de la classe ouvrière et du socialisme !

Je me bats pour le socialisme depuis l'âge de vingt ans. Sur le seuil de la quarantaine, je ne veux pas vivre des faveurs d'un Ejov.

J'ai derrière moi seize années de travail clandestin. C'est quelque chose, mais il me reste assez de forces pour tout recommencer. Car il s'agit bien de « tout recommencer », de sauver le socialisme. La lutte s’est engagée il y a longtemps déjà. Je veux y reprendre ma place.

Le tapage organisé autour des aviateurs qui survolent le Pôle vise à étouffer les cris et les gémissements des victimes torturées à la Loubianka, à la Svobodnaia, à Minsk, à Kiev, à Leningrad, à Tiflis. Ces efforts sont vains. La parole, la parole de la vérité, est plus forte que le vacarme des moteurs les plus puissants.

Les recordmen de l'aviation, il est vrai, toucheront les cœurs des ladies américaines et de la jeunesse des deux continents intoxiqués par le sport, plus facilement que nous arriverons à conquérir l'opinion internationale et à émouvoir la conscience du monde ! Que l'on ne s'y trompe pourtant pas : la vérité se fraiera son chemin, le jour de la vérité est plus proche, bien plus proche que ne le pensent les seigneurs du Kremlin. Le jour est proche où le socialisme international jugera les crimes commis au cours des dix dernières années. Rien ne sera oublié, rien ne sera pardonné. L'histoire est sévère : « le chef génial, le père des peuples, le soleil du socialisme », rendra compte de ses actes : la défaite de la révolution chinoise, le plébiscite rouge , l'écrasement du prolétariat allemand, le social-fascisme et le Front populaire, les confidences à Howard , le flirt attendri avec Laval : toutes choses plus géniales les unes que les autres ?

Ce procès-là sera public, avec des témoins, une multitude de témoins, morts ou vivants ; ils parleront tous une fois encore, mais cette fois pour dire la vérité, toute la vérité. Ils comparaîtront tous, ces innocents massacrés et calomniés, et le mouvement ouvrier international les réhabilitera tous, ces Kamenev et ces Mratchkovski, ces Smirnov et ces Mouralov, ces Drobnis et ces Serebriakov, ces Mdivani et ces Okoudjava, ces Rakovski et ces Andrès Nin, tous ces « espions et ces provocateurs, tous ces agents de la Gestapo et ces saboteurs ».

Pour que l'Union soviétique et le mouvement ouvrier international tout entier ne succombent pas définitivement sous les coups de la contre-révolution ouverte et du fascisme, le mouvement ouvrier doit se débarrasser de ses Staline et de son stalinisme. Ce mélange du pire des opportunismes - un opportunisme sans principes - de sang et de mensonges menace d'empoisonner le monde entier et d'anéantir les restes du mouvement ouvrier.

Lutte sans merci contre le stalinisme !

Non au front populaire, oui à la lutte des classes ! Non aux comités, oui à l'intervention du prolétariat sauver la révolution espagnole : telles sont les tâches à l'ordre du jour !

A bas le mensonge du « socialisme dans un seul pays » ! Retour à l'internationalisme de Lénine !

Ni la IIème ni la IIIème Internationale ne sont capables d'accomplir cette mission historique : désagrégées et corrompues, elles ne peuvent empêcher la classe ouvrière de combattre ; elles ne servent que d'auxiliaires aux forces de police de la bourgeoisie. Ironie de l'Histoire : jadis la bourgeoisie puisait dans ses rangs les Cavaignac et Gallifet, les Trepov et les Wrangel. Aujourd'hui c'est sous la « glorieuse » direction des deux Internationales que les prolétaires remplissent eux-mêmes le rôle de bourreaux de leurs propres camarades. La bourgeoisie peut vaquer tranquillement à ses affaires; partout règnent « l'ordre et la tranquillité » : il y a encore des Noske et des Ejov, des Negrin et des Diaz. Staline est leur chef et Feuchtwanger leur Homère !

Non, je n'en peux plus. Je reprends ma liberté. Je reviens à Lénine, à son enseignement et à son action.

J'entends consacrer mes modestes forces à la cause de Lénine : je veux combattre, car seule notre victoire - la victoire de la révolution prolétarienne - libérera l'humanité du capitalisme et l'Union soviétique du stalinisme !

En avant vers de nouveaux combats pour le socialisme et la révolution prolétarienne ! Pour la construction de la IVème Internationale !

Ludwig (Ignace Reiss), le 17 juillet 1937

P.S. : En 1928 j'ai été décoré à l'Ordre du « Drapeau Rouge », pour services rendus à la révolution prolétarienne. Je vous renvoie cette décoration ci jointe. Il serait contraire à ma dignité de la porter en même temps que les bourreaux des meilleurs représentants de la classe ouvrière russe. Les Izvestia ont publiés au cours des deux dernières semaines des listes de nouveaux décorés dont les fonctions sont passées pudiquement sous silence : ce sont les exécutants des peines de mort.
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21 aout 1940 assassinat de Léon Trotsky Empty Re: 21 aout 1940 assassinat de Léon Trotsky

Message par Pedro Sam 10 Sep - 9:54

rachel a écrit:
Forum des amis de Lutte Ouvrière - Ephéméride pour le 4 septembre

Ignace Reiss assassiné par les staliniens
Ignace Reiss (1899-1937)
Pseudonyme de I. Poretski.


Jeune militant socialiste polonais, il rejoint le P.C. en 1919 et travaille pour les services secrets soviétiques.

En juillet 1937, il envoie une lettre de rupture au Comité Central du P.C. de l'U.R.S.S. annonçant son ralliement à la IV° Internationale. Il est assasiné en Suisse par des agents de Staline le mois suivant.

Ci dessous un texte de Trotsky, un an après...


Pour l’anniversaire de la mort de Reiss

Léon Trotsky

17 juillet 1938

Plus le temps passe et plus lumineuse apparaît la figure de Reiss, tombé tragiquement sur le seuil de la IV° Internationale. La rupture avec la clique bonapartiste ne signifiait pas pour lui la désertion vers la vie privée, comme pour d'autres bureaucrates apeurés et démoralisés. Pas une minute, Reiss n'a cherché à s'éloigner en prenant un air supérieur à l'égard de ceux qui continuaient le combat. Avant de prendre des mesures pour assurer sa sécurité personnelle, il a écrit une déclaration principielle sur les raisons de son passage sous le drapeau de la IV° Internationale. Dans les jours même où il était précisément en train de préparer sa rupture ouverte avec le Kremlin, il faisait déjà de la propagande active et recrutait parmi ses anciens collaborateurs et collègues. On doit se représenter clairement les graves convulsions internes qu'il eut à traverser et comprendre la force d'âme qui se dissimulait dans ce combattant révolutionnaire !

La figure de Ludwig [1] nous devient de plus en plus proche au fur et à mesure que nous voyons ces bureaucrates « fatigués » et « déçus » qui, voyez-vous, sont tellement tourmentés par Staline et leur propre passé que, sans changer d'état d'esprit, ils vont tout droit dans le camp de la démocratie bourgeoise ou du semi-anarchisme libéral [2]. Sous les coups de la vie, ces messieurs en viennent à la conclusion que la révolution d'Octobre a été une « erreur » et qu'il faut donc imaginer quelque chose de mieux, de jamais vu, d'inédit, qui soit totalement à l'abri, hermétiquement, de toute faiblesse et de tout échec. Et, en attendant cette doctrine de salut, les dilettantes ultra-gauches, alliés à des fascistes plus francs, s'occupent de racontars et d'intrigues contre les révolutionnaires. Faut-il des exemples ?

Ludwig est mort à l'aube même d'un nouveau chapitre de sa vie. Nous avons tous ressenti sa mort comme un coup très rude - et nous en avons reçu beaucoup. Ce serait cependant une erreur inadmissible que de penser que ce sacrifice a été inutile. Par la virilité de sa conversion de Thermidor à la révolution, Reiss a donné au trésor de la lutte prolétarienne une contribution bien plus grande que tous ceux qui, tous ensemble, dénoncent Staline. La figure de Reiss demeurera vivante dans la mémoire des jeunes générations comme un exemple et une leçon. Elle les inspirera et les entraînera.

Notes
[1] Pseudonyme de Reiss dans le G.P.U.
[2] L'allusion est dirigée contre Krivitsky.


Ignace Reiss : Lettre au C.C. du P.C.(b)

La lettre que je vous écris aujourd'hui j'aurais dû vous l'écrire depuis longtemps déjà, le jour où les « Seize » furent massacrés dans les caves de la Loubianka, sur l'ordre du « Père des Peuples ».

Je me suis tu alors. Je n'ai pas élevé la voix non plus pour protester lors des assassinats qui ont suivi, et ce silence fait peser sur moi une lourde responsabilité. Ma faute est grande, mais je m'efforcerai de la réparer, et de la réparer vite afin d'alléger ma conscience.

Jusqu'alors j'ai marché avec vous. Je ne ferai pas un pas de plus à vos côtés. Nos chemins divergent ! Celui qui se tait aujourd'hui se fait complice de Staline et trahit la cause de la classe ouvrière et du socialisme !

Je me bats pour le socialisme depuis l'âge de vingt ans. Sur le seuil de la quarantaine, je ne veux pas vivre des faveurs d'un Ejov.

J'ai derrière moi seize années de travail clandestin. C'est quelque chose, mais il me reste assez de forces pour tout recommencer. Car il s'agit bien de « tout recommencer », de sauver le socialisme. La lutte s’est engagée il y a longtemps déjà. Je veux y reprendre ma place.

Le tapage organisé autour des aviateurs qui survolent le Pôle vise à étouffer les cris et les gémissements des victimes torturées à la Loubianka, à la Svobodnaia, à Minsk, à Kiev, à Leningrad, à Tiflis. Ces efforts sont vains. La parole, la parole de la vérité, est plus forte que le vacarme des moteurs les plus puissants.

Les recordmen de l'aviation, il est vrai, toucheront les cœurs des ladies américaines et de la jeunesse des deux continents intoxiqués par le sport, plus facilement que nous arriverons à conquérir l'opinion internationale et à émouvoir la conscience du monde ! Que l'on ne s'y trompe pourtant pas : la vérité se fraiera son chemin, le jour de la vérité est plus proche, bien plus proche que ne le pensent les seigneurs du Kremlin. Le jour est proche où le socialisme international jugera les crimes commis au cours des dix dernières années. Rien ne sera oublié, rien ne sera pardonné. L'histoire est sévère : « le chef génial, le père des peuples, le soleil du socialisme », rendra compte de ses actes : la défaite de la révolution chinoise, le plébiscite rouge , l'écrasement du prolétariat allemand, le social-fascisme et le Front populaire, les confidences à Howard , le flirt attendri avec Laval : toutes choses plus géniales les unes que les autres ?

Ce procès-là sera public, avec des témoins, une multitude de témoins, morts ou vivants ; ils parleront tous une fois encore, mais cette fois pour dire la vérité, toute la vérité. Ils comparaîtront tous, ces innocents massacrés et calomniés, et le mouvement ouvrier international les réhabilitera tous, ces Kamenev et ces Mratchkovski, ces Smirnov et ces Mouralov, ces Drobnis et ces Serebriakov, ces Mdivani et ces Okoudjava, ces Rakovski et ces Andrès Nin, tous ces « espions et ces provocateurs, tous ces agents de la Gestapo et ces saboteurs ».

Pour que l'Union soviétique et le mouvement ouvrier international tout entier ne succombent pas définitivement sous les coups de la contre-révolution ouverte et du fascisme, le mouvement ouvrier doit se débarrasser de ses Staline et de son stalinisme. Ce mélange du pire des opportunismes - un opportunisme sans principes - de sang et de mensonges menace d'empoisonner le monde entier et d'anéantir les restes du mouvement ouvrier.

Lutte sans merci contre le stalinisme !

Non au front populaire, oui à la lutte des classes ! Non aux comités, oui à l'intervention du prolétariat sauver la révolution espagnole : telles sont les tâches à l'ordre du jour !

A bas le mensonge du « socialisme dans un seul pays » ! Retour à l'internationalisme de Lénine !

Ni la IIème ni la IIIème Internationale ne sont capables d'accomplir cette mission historique : désagrégées et corrompues, elles ne peuvent empêcher la classe ouvrière de combattre ; elles ne servent que d'auxiliaires aux forces de police de la bourgeoisie. Ironie de l'Histoire : jadis la bourgeoisie puisait dans ses rangs les Cavaignac et Gallifet, les Trepov et les Wrangel. Aujourd'hui c'est sous la « glorieuse » direction des deux Internationales que les prolétaires remplissent eux-mêmes le rôle de bourreaux de leurs propres camarades. La bourgeoisie peut vaquer tranquillement à ses affaires; partout règnent « l'ordre et la tranquillité » : il y a encore des Noske et des Ejov, des Negrin et des Diaz. Staline est leur chef et Feuchtwanger leur Homère !

Non, je n'en peux plus. Je reprends ma liberté. Je reviens à Lénine, à son enseignement et à son action.

J'entends consacrer mes modestes forces à la cause de Lénine : je veux combattre, car seule notre victoire - la victoire de la révolution prolétarienne - libérera l'humanité du capitalisme et l'Union soviétique du stalinisme !

En avant vers de nouveaux combats pour le socialisme et la révolution prolétarienne ! Pour la construction de la IVème Internationale !

Ludwig (Ignace Reiss), le 17 juillet 1937

P.S. : En 1928 j'ai été décoré à l'Ordre du « Drapeau Rouge », pour services rendus à la révolution prolétarienne. Je vous renvoie cette décoration ci jointe. Il serait contraire à ma dignité de la porter en même temps que les bourreaux des meilleurs représentants de la classe ouvrière russe. Les Izvestia ont publiés au cours des deux dernières semaines des listes de nouveaux décorés dont les fonctions sont passées pudiquement sous silence : ce sont les exécutants des peines de mort.

Lire "les nôtres", de la compagne de Reiss : Elisabeth K Poretzky. Là, on comprend bien ce que fut l'extermination par la caste stalinienne des vrais Communistes Révolutionnaires, de la vieille garde bolchévique.
Pedro
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