Histoire à plusieurs mains : le vélo d'Olivier

Le vélo d'Olivier
Le tri du courrier commençait à 6h30.

....

...La neige tombait encore en ce petit matin gris du 4 janvier 2008 ...

Certe, Olivier n'était plus facteur, depuis des mois, mais il avait la nostalgie du tri.

Elu Président de la République en 2007,Olivier avait la nostalgie de son ancienne vie et de son vélo désormais inutilisable

Il l'avait garé dans le parking de l'élysée sur les conseils de sa première ministre

Arlette craignait qu'un sauvageon venu de Neuilly-sur-Seine vole le vélo de son ministre des sports

Vers 7h30 , le téléphone sonna alors que la neige continuait de tomber

C'était Arlette, sa première ministre

La neige redoublait et elle suggérait de lancer le plan d'évacuation de la capitale

Pendant ce temps,le Président tirait sur son Havane en libérant de gros volutes qui tournoyaient et venir mourir sur un portrait du vieux Léon accroché au mur entre une photo de Lorie et le numéro de téléphone de SOS-PIZZAS

chichi aurait dû retirer avant de partir ses bondieuseries, pensa-t-il

Devant l'Elysée les gros bras du Parti des Travailleurs manifestaient bruyamment pour dénoncer la politique du gouvernement,les intempéries et l'augmentation du prix des pizzas

Cependant la neige tombait toujours et le téléphone sonna à nouveau

Le président décrocha et entendit une voix féminine familière lui susurer:"Chéri,ta femme n'est pas là?"

"purée!!!"-s'exclama-t-il.
Il s'était approprié cette exclamation lors de ses voyages sur la toile et la trouvait moins vulgaire que toutes les autres.

" Allo ??? Qui c'est ??? " Rien " Purée !!!allo ???allo ???!!! et purée de purée de bové de purée de bulot !!!" Pas de réponse... bizarre autant qu'étrange , pas patient pour deux sous , il raccrocha et se rapprocha de la fenètre pour voir tomber la neige sur les tristes pavés de la cour.

"Purée, c'est vrai qu'Arlette m'a dit de faire évacuer la ville!"

Le concierge entra en coup de vent : " M'sieur Olive , y'a M'sieu Marcoo qui veut vous voir , c'est urgent que ça presse!!! "

Mister Marcoo entra avec panache dans la salle du conseil. Il fût étonné d'y trouver le président en tenue de facteur.

" Dis donc ? Quoi se passe ? Camarade Président a un coup de nostalgie ? " Olivier ne répondant que par un long regard humide , Marcoo insista : " Allez zou , ça va aller ! On se fait un restau ? Chez Zoubida ou une choucroute chez Le Yéti ? " Quelques secondes passèrent. Dehors , plus un bruit ne venait troubler la chute régulière et lancinante des blancs flocons.

Olivier se dressa d'un bond et s'exclama"et pourquoi pas une choucroute chez Zoubida?"

Marcoo haussa trois fois de suite ses épais sourcils puis soupira : " Zeeeeeeeeeeeennnn!!!! Tu sais très bien que Zoub' fait que les fruits de mer et purée de bernique catalane , les meilleurs de toute la rue des Rosiers !!! ... La choucroute , c'était avant les évènements de Marseille ! ...Alors ... Un peu de calme prolétarien camarade je suis po l'Père Noèl ni la fée du logis... Mes pouvoirs sont très très limités tu sais ! "

Olivier se tapa sur le front et s'exclama:"Ah oui les évenements de Marseille....quelle connerie d'avoir soutenu les filles voilées et les barbus qui les instrumentalisent,avec tout ça y'a plus que les alsaciens qui servent la choucroute".

La neige tombait toujours verticalement et silencieusement. Alors , tel un cri de bébé assoiffé vers minuit , de nouveau le téléphone sonna , c'était vraiment pas le moment ! Olivier lança un sombre regard à Marcoo et soupira : " Bon , on se calme , surtout toi ! Si c'est Emma tu m'la passes , sinon , tu dis qu'on est chez Arlette pour fignoler le prochain Conseil Elargi , merci ! " Et il s'affala dans un fauteuil usé par des nuits d'insomnie militante.

Emma faisait la meilleure purée de Paris. Son resto était devenu le plus célèbre de Paris, depuis que le ministre de la Culture, Rachelchouvinouvich en avait fait la promotion. Néanmoins en cette période d'embargo (les states n'avaient toujours pas digérés l'arrivée au pouvoir, par les élections des Rouges), les prix restaient toujours très raisonnables.