syndicats : L’art d’étouffer les luttes

La CFDT, la CGT, FO, la CGC et la CFTC se sont réunies, le 17 octobre, pour discuter des suites de la mobilisation du 4 octobre. Cette rencontre a abouti à un communiqué démobilisateur.

Le 17 octobre, les syndicats ont établi un communiqué bureaucratique adressé « solennellement au gouvernement et aux employeurs ». Et pour quoi, cet appel solennel ? « Pour que les rencontres annoncées se réalisent rapidement... » Pas l’ombre d’une exigence, pas un mot contre la privatisation de la SNCM, pas un mot sur EDF, sur les licenciements, ni sur les salaires. Pas un mot pour les travailleurs qui ont fait grève ou manifesté, pas un mot pour ceux qui continuent la lutte, comme les traminots de Marseille. Pas le début d’une perspective pour les luttes. Rien !

C’est ce qui permet à Villepin de commenter : « Nous avons des syndicats modernes et nous pouvons élaborer des solutions ensemble. » Et il suffit que le Premier ministre annonce qu’il prévoit de les recevoir pour que chacun s’empresse... Bien des militants de la CGT essaient de trouver une explication à l’attitude de leur direction en faisant porter la responsabilité de cette pitoyable dérobade sur les autres. Mais la CGT n’a jamais rien proposé de plus. Commentant le communiqué commun dans une note aux militants, elle écrit : « La volonté exprimée pendant la réunion de trouver des prolongements au 4 octobre dans les branches, les entreprises et dans les territoires, doit nous conduire à vivre et ancrer notre démarche sur la proximité. » Le style, c’est la politique ! Des mots creux pour masquer une dérobade, le lâchage de ceux qui ont engagé la lutte, la volonté délibérée d’éviter tout geste qui pourrait passer pour une volonté d’affrontement avec le patronat et le gouvernement.

Il s’agit bien d’une politique délibérée. Il a fallu attendre sept mois pour qu’il y ait une suite au 10 mars. Et le 4 octobre n’aurait été qu’un faux-semblant, un exutoire ? Tout est fait pour étouffer la mobilisation, isoler les secteurs les plus combatifs, organiser la défaite. Les directions syndicales envisageaient un 4 octobre « plan-plan »... C’était sans compter sur les initiatives des marins et l’impulsion qu’ils donneraient aux mobilisations. Mais la routine et la passivité auront eu raison de cette nouvelle poussée de la combativité ouvrière.

La leçon de choses que viennent d’administrer Thibault (CGT), Chérèque (CFDT) ou Mailly (FO) ne sera pas perdu pour tous ceux qui n’entendent pas baisser les bras. L’échec de la belle lutte des marins et des travailleurs de la SNCM est là pour démontrer que chaque combat ne peut avoir d’issue victorieuse que si elle travaille à son extension, à la convergence de toutes les mobilisations. Cela repose sur une volonté politique, mais aussi une conscience, celle que l’affrontement avec le patronat et son État est inévitable. Et c’est bien cet affrontement qu’il s’agit de préparer.

Yvan Lemaitre

marcoo a écrit:

Yvan Lemaitre

C'est pas un exclu de LO, celui-là ?

oui et alors ?? Moi aussi, je suis un ancien de lo (et du pc)

marcoo a écrit:oui et alors ?? Moi aussi, je suis un ancien de lo (et du pc)

J'ai dit "exclu"… pas "ancien". C'est juste pour titiller Pedro avec qui j'ai dû débattre dans une ouèbe-vie antérieure du procès sta… euh! trotskyste des VDT de Rouen-Bordeaux.

Bon, d'habitude, je n'aime pas mettre des bouts d'articles et préfère écrire par moi-même... mais là, il n'y a pas de meilleur preuve qu'en effet les syndivats étouffent les luttes et que c'est aux ouvriers de prendre eux-mêmes en main leur lutte (sans 'profésionnel de la lutte', professionnel du sabotage... oui). Enfin bref, voilà un petit extrait d'un tract distribiué par des camarades belges dans les grandes manifestations de ces derniers jours (j'ai fait des coupes pour par que se soit tropl long) :

Seule la solidarité entre les travailleurs dans la lutte peut repousser les attaques !
Pacte pour l’emploi qui généralise la flexibilité, assainissement de la Sécu, Plan Marshall wallon, dégraissage de la fonction publique, rationalisations dans les entreprises privées, … Après la signature du dernier-né des plans d’attaque contre les conditions de vie des travailleurs, le “contrat de solidarité entre les générations”, concocté par les ministres PS/SPa et libéraux et avalisé par deux syndicats, des milliers d’ouvriers se sont mis en grève et sont descendus dans la rue pour crier leur colère : NON au chômage ! NON à l’allongement du nombre d’années requis ! NON au report de l’âge minimal pour les préretraites ! En un mot : Ras-le-bol de la spirale infernale d’austérité et de sacrifices, ras-le-bol de la “solidarité” avec un système capitaliste qui nous propose de plus en plus clairement comme seule perspective : crève-toi d’abord au travail et crève tout court ensuite !
Les multiples débrayages spontanés ainsi que la volonté de manifester ensemble dans la rue le mécontentement et la colère montrent que la véritable solidarité ouvrière est à l’opposé de celle que veut nous imposer la bourgeoisie et qui se résume à faire payer la crise du système capitaliste par les travailleurs.

Et plus loin, on peut lire :

Gouvernement et syndicats magouillent pour faire passer les mesures
Même Verhofstadt qui, jusqu’il y a peu, prétendait que “tout va bien en Belgique” est obligé de reconnaître la réalité de la récession. La bourgeoisie arrive de moins en moins à masquer la gravité de la crise et n’a d’autre choix que d’aller toujours plus loin dans ses attaques anti-ouvrières. Son souci principal est aujourd’hui: comment faire passer les attaques ? Comment désamorcer l’inévitable colère ouvrière ? Depuis des mois, elle a répandu un énorme brouillard afin de déboussoler la classe ouvrière. Dans des négociations interminables, gouvernement, patronat et syndicats ont déplacé des points et des virgules, fait des déclarations musclées, annonçant le pire pour, après négociation, trouver un “texte de compromis honorable pour tous”.

Le gouvernement comptait faire passer son “contrat” sans trop de réactions incontrôlées, s’appuyant sur ses fidèles serviteurs – les syndicats – pour étouffer et canaliser toute contestation. Ceux-ci ont d’abord organisé la division des travailleurs par un astucieux partage des tâches : le 7 octobre, la FGTB lançait une grève générale, tandis que la CSC menait une vaste campagne médiatique sur les “dix bonnes raisons de ne pas faire grève”. De toute façon, la FGTB prenait soin d’éviter les rassemblements ou les manifestations empêchant ainsi les ouvriers des différents secteurs de se rencontrer, de sentir qu’ils représentent une même force et surtout d’entamer un début de réflexion sur la gravité de la situation.

Si aujourd’hui tous les syndicats appellent à la grève générale et à la manifestation nationale … à la veille d’un long week-end, c’est pour récupérer la colère ouvrière et l’orienter vers un soutien aux organisations syndicales pour négocier “un meilleur pacte entre générations”, c’est-à-dire faire passer l’essentiel des mesures avec quelques adaptations superficielles. Aussi, il ne faut pas se laisser prendre par les discours musclés actuels des syndicats, aidés qu’ils sont en cela par les déclarations provocatrices des ministres ou du patronat et par le refus affiché du gouvernement de renégocier l’accord. Le rôle des syndicats – comme des ministres socialistes d’ailleurs, qui prétendent imposer ces mesures pour sauvegarder “le meilleur système de protection sociale du monde” – consiste à faire accepter la logique de gestion du capital, de défense de l’Etat bourgeois, qui implique d’accepter d’emblée les licenciements, la diminution du salaire social, pour ne pas affaiblir le capital national face à la concurrence internationale.

Ce tract développe aussi où en est la clase ouvrière et montre que la perspective va vers des luttes plus larges et plus solidaires. donc pour ceux que ça interresse de le lire un peu plus complètement : http://fr.internationalism.org/isme/321_tractFR

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