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Italie : l'église veut toujours faire la loi

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Italie : l'église veut toujours faire la loi Empty Italie : l'église veut toujours faire la loi

Message par Pedro Jeu 24 Nov - 21:23

Dans le monde Lutte Ouvrière n°1947 du 25 novembre 2005

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Italie : croisade contre le droit à l'avortement

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En juin dernier, les dirigeants de l'Église italienne avaient mis toutes leurs forces pour empêcher le succès du référendum remettant en cause la loi réactionnaire sur la fécondation assistée. Le quorum n'ayant pas été atteint, cette loi est demeurée. Aujourd'hui, l'Église et bon nombre de politiciens réactionnaires veulent passer à l'offensive, cette fois contre la loi autorisant l'avortement et aussi notamment contre la "pilule abortive" RU 486.

Cette pilule est toujours interdite en Italie mais dans plusieurs régions, les autorités sanitaires ont déposé des dossiers pour réaliser des tests. La Toscane a autorisé des hôpitaux à la prescrire sans l'autorisation du ministère. Francesco Storace, le ministre de la Santé du gouvernement Berlusconi, est monté au créneau contre cette incitation à l'avortement, au moment où, selon lui, "le projet de budget cherche à encourager les familles à avoir des enfants". L'Osservatore Romano, journal du Vatican lui a emboîté le pas pour stigmatiser cette "négation des valeurs de la vie"!

La loi sur l'avortement, elle aussi dans la ligne de mire de cette hystérie calotine et votée de justesse en 1978, est pourtant bien restrictive. Elle prévoit la possibilité d'avorter pendant les trois premiers mois, seulement en cas de menace pour la vie de la femme lors de la grossesse ou de l'accouchement, de risque avéré de malformations ou d'anomalies très graves pour l'enfant, susceptibles d'entraîner pour la femme un grave danger sur le plan physique ou psychique. De plus, dans la réalité, les réticences sont très fortes parmi le corps médical, notamment dans certaines régions, pour appliquer la loi, si modérée soit-elle. D'après un rapport parlementaire, 83% des gynécologues de la région Basilicate, au sud de l'Italie, et 80,5% en Vénétie refusent de pratiquer des IVG. Autant dire que la liberté de l'avortement n'existe pas et que les femmes n'ont plus qu'à aller à l'étranger, du moins lorsque leurs moyens le leur permettent. Mais, pour certains, c'est encore trop de liberté.

La dernière proposition du ministre de la Santé, s'appuyant sur une disposition de la loi sur l'IVG qui prévoyait la collaboration de "volontaires" dans les centres de planning familial, est d'autoriser l'installation, dans les centres de consultation, "d'une présence culturelle pluraliste", ce qui signifie en termes jésuitiques, de militants du "Laissez-les vivre" à l'italienne. Cela n'a pas échappé au cardinal Ruini, président de la Conférence épiscopale, qui se voit déjà envoyer ses ouailles militantes faire la morale dans les centres de consultation afin de "protéger la maternité".

Proposition grotesque, comme l'a déclaré un gynécologue de l'hôpital de Turin, défenseur de la pilule abortive et bien décidé à continuer dans cette voie, comme le sont sûrement beaucoup de femmes et d'hommes. Il leur faudra de la détermination et beaucoup d'acharnement pour faire reculer un pouvoir et une Église qui veulent continuer à imposer à toute la société un obscurantisme d'un autre âge.

Sylvie MARÉCHAL


Lutte contre le droit à l'avortement, contre le matérialisme et les théories Darwiniennes, j'en passe et des meilleures... l'église était, demeure et restera une institution aux idées d'un autre âge, incapable d'évoluer.
Pedro
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Italie : l'église veut toujours faire la loi Empty franco, un dictateur dont les démocraties s'accommodaient...

Message par Pedro Jeu 24 Nov - 21:34

Dans le monde Lutte Ouvrière n°1947 du 25 novembre 2005

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Espagne, il y a trente ans mourait Franco : la transformation de l'héritier d'un dictateur en roi "démocrate"

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Le 20 novembre 1975, le dictateur espagnol Francisco Franco mourait après une agonie médicalement prolongée par un entourage qui tenait à affronter le plus tard possible le problème de sa succession. Le même jour, Juan Carlos, le petit-fils du dernier souverain espagnol, choisi comme héritier du régime par Franco, était proclamé roi. Dix-huit mois plus tard, en juin 1977, l'Espagne voyait se dérouler pour la première fois depuis 1936 des élections où tous les partis politiques, y compris le Parti Communiste, avaient pu se présenter.

La plupart des commentaires consacrés à cet anniversaire présentent cette évolution politique rapide vers un régime parlementaire comme un mérite personnel de Juan Carlos et de son amour de la "démocratie". En fait, il y avait longtemps que les classes dirigeantes espagnoles aspiraient à un changement de régime.

La dictature franquiste était née du coup d'État militaire de juillet 1936, qui provoqua cela même qu'il voulait éviter: une explosion révolutionnaire. Elle fut d'abord un régime de terreur brutale, fusillant tout au long d'une guerre civile de près de trois ans, et dans les années qui suivirent immédiatement, des milliers de militants ouvriers, de paysans pauvres qui avaient lutté contre le pouvoir des grands propriétaires fonciers, et de partisans des partis de gauche. Au fil des années le régime évolua certes. Le carcan se desserra quelque peu. Mais deux mois avant la mort de Franco, cinq militants antifranquistes étaient encore sauvagement exécutés. Cette vague de répression suscita de nombreuses manifestations de protestation dans le reste de l'Europe. Le régime franquiste organisa à son tour une manifestation contre les "ingérences" extérieures. Et sur le balcon du palais royal de Madrid, dans l'ombre de Franco, il y avait Juan Carlos.

Cependant, le régime franquiste, bien avant la mort du dictateur, apparaissait dépassé à une grande partie des classes dominantes espagnoles, non seulement parce qu'il avait vieilli, mais aussi parce qu'il ne correspondait plus à la situation d'une Espagne qui avait connu au cours des années soixante un incontestable développement économique.

La persistance de la dictature était un obstacle à l'intégration de l'Espagne au sein de la Communauté européenne. Non que les dirigeants français ou allemands aient été "choqués" par la répression en Espagne. Ils s'en étaient toujours fort bien accommodés. Mais la dictature franquiste, en imposant, par la terreur policière, des conditions de travail et de salaire particulièrement mauvaises, faussait la libre concurrence.

Ce caractère dépassé de la dictature franquiste était aussi illustré par l'incapacité des syndicats officiels (le franquisme se réclamait du "national-syndicalisme") à encadrer la classe ouvrière. Au cours d'innombrables conflits grévistes qui se déroulèrent en Espagne dans les années soixante et soixante-dix, la bourgeoisie espagnole put faire l'expérience que c'était en dehors de ces syndicats qu'elle devait chercher des interlocuteurs valables, le plus souvent au sein des Commissions Ouvrières clandestines. Après quarante ans de dictature, une bonne partie des couches dirigeantes espagnoles souhaitait voir le pays évoluer vers un régime où le Parlement, les partis, les syndicats joueraient, comme dans les autres pays européens, un rôle d'amortisseurs sociaux.

Du vivant même de Franco, le régime avait fait mine à plusieurs reprises de s'engager dans des tentatives de libéralisation. Mais celles-ci n'avaient jamais été bien loin, Franco n'ayant aucune envie de céder la place.

À la mort du "Caudillo", la voie d'une libéralisation du régime à laquelle toute une partie de la classe politique était depuis longtemps favorable était ouverte, d'autant que personne ne pouvait prendre sa place en tant que dictateur incontesté. Un tel dictateur ne s'improvise pas.

Mais l'existence d'une classe ouvrière nombreuse et concentrée posait un problème à la bourgeoisie espagnole, non pas comme une menace immédiate, mais comme une force à canaliser.

D'autant que, dans les mois précédents, les classes dirigeantes avaient pu voir au Portugal voisin les difficultés qui pouvaient naître d'une fin de dictature. Le renversement du successeur de Salazar, Caetano, par des jeunes officiers, en avril 1974, avait profondément ébranlé l'armée portugaise. Les dirigeants espagnols tenaient à éviter que la même situation se produise chez eux, dans un pays où la classe ouvrière, infiniment plus nombreuse, avait gardé, malgré plus de trente ans de dictature, des traditions de lutte.

Après quelques mois de timides aménagements à la dictature, la "transition politique", suivant la formule utilisée en Espagne, fut réellement engagée à l'été 1976, avec la nomination à la tête du gouvernement d'un jeune cadre franquiste reconverti en "démocrate", Adolfo Suarez. Un an après, le Parti Communiste et le Parti Socialiste, qui s'étaient empressés de reconnaître en échange la monarchie, ainsi que les syndicats clandestins étaient légalisés. Ils signaient en octobre 1977 le véritable plan d'austérité qu'étaient les "accords de la Moncloa", en même temps que Suarez, ressuscitant la "Généralité" de Catalogne, transformant l'Espagne "une" de Franco en Espagne "des autonomies", ouvrait à toute l'intelligentsia antifranquiste la voie de garage du nationalisme régional dans laquelle elle ne demandait qu'à s'engouffrer.

Le défunt dictateur n'avait sans doute pas prévu cette évolution. Mais grâce à l'aide de toutes les formations que Franco avait voulu écarter de la vie politique, l'héritier qu'il s'était choisi était parti pour un long règne.

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