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"Zouc par Zouc" évocation de Zouc

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Message par rachel Dim 22 Oct - 9:14

"Zouc par Zouc" évoque sur scène cette absente hors du commun
LE MONDE fr • Mis à jour le 18.10.06 | 16h58








Nathalie Baye interprète au Théâtre du Rond-Point un texte de l'écrivain Hervé Guibert intitulé "Zouc par Zouc" . L'humoriste suisse Zouc n'est plus remontée sur scène depuis son Molière du meilleur spectacle comique alors qu'elle jouait au Bataclan, en 1988. Comme elle avait déjà laissé passer plusieurs années entre deux spectacles, on l'attendait. Elle allait forcément revenir, avec son accent vaudois, son visage encadré de cheveux raides, sa robe noire et sa chaise. Mais rien, plus rien, à part une apparition dans un film, Roi blanc, dame rouge, de Sergueï Bodrov (1993). Les rumeurs, bien sûr, ont couru. Et puis elles se sont tues. Et on a oublié Zouc.



Que reste-t-il ? Un livre épuisé, quelques disques (RCA) introuvables, des affiches chez des collectionneurs, des images d'archives que l'on ne peut pas consulter à l'Institut national de l'audiovisuel (INA). Rien d'autre. Quant à Zouc, après un cancer, elle a été victime d'une maladie nosocomiale qui lui a laissé la capacité respiratoire d'un petit enfant, elle ne jouera plus jamais. "En dépit des épreuves physiques qu'elle a subies, explique Nathalie Baye, elle est d'une acuité remarquable. Avec tout ce qu'elle a pu traverser, la douleur qu'elle éprouve encore aujourd'hui, elle a conservé sa curiosité des autres, son écoute, son plaisir de les faire parler."

Pour ceux qui l'ont connue, cette acuité, cette curiosité sont des évidences. Bertrand de Labbey, patron aujourd'hui d'ArtMedia, se souvient du coup de téléphone de cette jeune femme inconnue qui lui demandait de bien vouloir la représenter. "Je suis allé voir son spectacle, mais je n'étais pas totalement convaincu, même si son travail était atypique, différent. Si bien que, quand elle m'a reçu dans sa loge, j'étais perplexe. Elle m'a dit : "Je vous ai surveillé pendant tout le spectacle." Je me suis rendu."

Elle observait les gens, les écoutait, les regardait beaucoup pour s'en inspirer, raconte-t-il. Mais à la différence de Muriel Robin ou de Valérie Lemercier, qui ont elles aussi triomphé en one- woman-show, "elle tirait de nous des choses mystérieuses". Colette Godard, alors critique de théâtre au Monde, s'amuse : "Elle vous regardait de telle façon que l'on se demandait toujours si on n'allait pas se retrouver dans son prochain sketch."

Ainsi, de son séjour à l'âge de 16 ans dans un asile de fous, elle a tiré nombre de personnages, malades, personnes âgées, mais aussi le personnel médical ou les visiteurs. Ce n'était pas seulement la curiosité ou le souci d'inspiration qui motivaient cette "écoute exceptionnelle tant avec les amis qu'avec les crapules", ajoute Michèle Latraverse, qui a été son attachée de presse, "elle adorait les gens, c'était une observatrice des autres".


"UNE BELLE PERSONNE"


Tous se souviennent de son humour, de sa gaieté, "elle était très coquine, très rieuse...", même si elle semblait parfois "bizarre" ou si cette acuité pouvait devenir gênante. Mais elle était aussi "magique, comme une petite fille ou une sorcière", commente Michèle Latraverse. "Une belle personne !", s'exclame Bertrand de Labbey. "Elle était émerveillée par son succès, continue-t-il. Ses spectacles n'étaient pas faciles, et elle a attiré très vite les intellectuels, Sartre, Barthes. Dans ses sketches, elle ne faisait aucune concession, arrivant jusqu'au malaise le plus total comme dans Le Bébé. Le public en avait un peu peur car elle ne cherchait pas de reconnaissance dans le regard des autres, ne jouait pas de sa notoriété." Michèle Latraverse explique qu'elle "ne voulait pas faire d'émissions populaires, elle allait toujours au plus précis, le plus important pour elle était de rester dans la pureté".

Tous conviennent qu'elle était fascinée par les médecins et la maladie, "pour faire du bien aux gens". Dans un article du Monde, Hervé Guibert raconte qu'elle suivait les médecins du SAMU à la rencontre de la souffrance et de la misère. Michèle Latraverse confirme : "Dès que quelqu'un était malade, elle savait quel médicament il fallait prendre. Les médecins du SAMU, elle les connaissait tous, ils venaient à ses spectacles, c'étaient ses amis. Elle m'avait confié qu'elle aurait voulu devenir guérisseuse." "Elle a été comme un ange", poursuit Bertrand de Labbey.

L'histoire de Zouc est une tragédie, celle d'une jeune fille qui se trouvait trop grosse et trop laide mais qui avait un don extraordinaire pour faire vivre sa propre comédie humaine et être proche des autres. Elle a disparu dans l'anonymat, mais ses spectacles n'ont pas vieilli et on ne peut que souhaiter la réédition de ses disques ou l'édition de DVD.

Martine Silber
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