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Le second tour décortiqué :

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Message par Pedro Ven 11 Mai - 18:54

Leur société
Le PS n'a rien fait pour susciter l'adhésion des milieux populaires
Si l'on s'interroge sur les raisons de l'échec de la candidate du Parti Socialiste à l'élection présidentielle, une au moins vient tout de suite à l'esprit : elle a été incapable, elle et son parti, de susciter le moindre « désir d'avenir » parmi les milieux populaires, comme le suggérait son slogan.

Après la cuisante claque électorale subie par la gauche le 21 avril 2002, celle-ci s'est obstinée à faire le silence sur ce désaveu massif. Or, les 4,1 millions de voix qui avaient fait défaut, au PS d'abord et au PCF ensuite, venaient sanctionner la politique de cette gauche qui, pendant cinq ans, avait ignoré les besoins élémentaires de tous ceux qui, dans les entreprises et les quartiers populaires, voyaient croître l'incertitude du lendemain.

Pour faire taire les critiques venues de ce camp-là, pour éviter d'avoir à s'expliquer sur leur politique passée, le PS, le PCF et leurs alliés ont appelé à voter Chirac, montant en épingle artificiellement le danger Le Pen. Non seulement ils ont ainsi contribué à faire plébisciter le porte-parole de la droite mais ils ont contribué à convaincre leurs propres électeurs qu'entre la droite et la gauche, il n'y avait pas d'opposition fondamentale.

Les responsables du PS et de la gauche auraient pu, s'ils avaient vraiment voulu reconquérir la confiance du monde du travail, montrer qu'ils avaient entendu son message. Ils auraient pu s'engager pour l'avenir à rompre avec leur ancienne politique et proposer des mesures pour protéger les travailleurs des licenciements et du chômage, assurer à l'ensemble de la population une prise en charge de ses besoins en matière de logement, de santé et d'éducation. Mais le PS et ses représentants ne l'ont pas voulu. Le PS ne voulait pas revenir, si peu que ce soit, sur la politique menée entre 1997 et 2002, car dire ce qui dans cette politique était mauvais, examiner d'un œil critique les mesures prises, reconnaître celles qui étaient antiouvrières, parler des mesures qu'il aurait fallu prendre et que le gouvernement de la gauche plurielle n'avait pas prises, aurait été un engagement pour l'avenir en cas de retour au pouvoir. Et le PS n'a jamais voulu prendre de tels engagements.

Ségolène Royal n'a donc trouvé à reprendre que des phrases creuses comme « l'ordre juste » ou « la France présidente ». En faisant de la sorte, la candidate du PS n'a fait que continuer la politique mise en œuvre par le PS depuis 2002. Le PS s'est en effet contenté d'attendre que la droite se déconsidère au gouvernement pour recueillir les votes de tous ceux qu'elle décevait. Comme cela lui a permis de rafler la mise en 2004 lors des élections régionales, cantonales et européennes, il a persisté et signé.

Mais cela ne suffisait pas pour susciter dans les classes laborieuses un enthousiasme susceptible de changer la physionomie de l'élection présidentielle. Ceux qui, dans les classes populaires se sont détournés de la gauche, n'ont pas pu trouver, dans le programme social du PS, de quoi revenir. Le PS n'a fait que de timides réserves - et Ségolène Royal a continué sur le même registre pendant la campagne électorale - sur les attaques de la droite sur les retraites, la Sécurité sociale, sur les licenciements, le chômage et sur toute la politique pro-patronale appliquée par la droite parce qu'au fond il est fondamentalement d'accord avec cette politique et n'a rien d'autre à proposer, sinon la manière de le dire.

Ce faisant, le PS porte une responsabilité dans le fait qu'une partie des couches populaires, à défaut d'autre chose, ont été sensibles à la démagogie de Sarkozy qui leur promettait l'ordre.

Si le maintien de la droite à la tête de l'État pour les cinq prochaines années marque la faillite d'une politique du Parti Socialiste, c'est bien celle qui a consisté à ne pas répondre aux attentes urgentes des classes populaires.

Paul SOREL

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Message par Pedro Ven 11 Mai - 18:56

Leur société
La victoire prévisible de Sarkozy
Avec 53,06 % des suffrages et 18,98 millions de voix, Nicolas Sarkozy a donc remporté le second tour des élections présidentielles, devançant la candidate socialiste de plus de six points. Ségolène Royal obtient pour sa part 46,94 % des suffrages et 16,79 millions de voix.

La victoire de Sarkozy était prévisible. Si, au premier tour, Ségolène Royal était en progrès non seulement par rapport à Jospin en 2002 - ce qui n'était pas trop difficile - mais aussi par rapport à Jospin en 1995, l'ensemble des voix de gauche était très loin par rapport à l'ensemble des voix de droite. Ségolène Royal n'a pas gagné des voix sur sa droite, elle a surtout réussi, au nom du prétendu « vote utile », à canaliser vers sa candidature des votes qui se portaient les fois précédentes sur les candidatures situées à la gauche du Parti Socialiste, PCF compris.

Pour que Ségolène Royal puisse l'emporter au second tour, il aurait fallu que beaucoup de conditions soient réunies, du point de vue de l'arithmétique électorale : que les votes des électeurs de Bayrou se reportent à 80 % sur elle, qu'elle fasse le plein des voix des candidats situés sur sa gauche et des écologistes, et que les électeurs de Le Pen suivent massivement l'appel à l'abstention lancé par le dirigeant du Front National. Or, les résultats du 6 mai montrent que tant les électeurs centristes que ceux du fhaine se sont majoritairement tournés vers Sarkozy.

Pendant toute sa campagne, Sarkozy a multiplié les appels du pied vers ces derniers, reprenant à son compte bien des points du programme de Le Pen, à commencer par sa démagogie anti-immigrés, mais aussi contre les travailleurs qualifiés par eux de « privilégiés » dès l'instant où ils possèdent quelques garanties d'emploi, de salaire ou de retraite, ou contre les chômeurs. En défendant ce programme susceptible de séduire les électeurs de Le Pen, Sarkozy visait au moins autant le second tour que le premier. Après l'élimination de Le Pen, il pourrait alors attirer une bonne partie des voix de ce dernier.

La campagne réactionnaire de Sarkozy n'a pas rebuté une grande partie des électeurs centristes de François Bayrou, qui l'ont préféré à Ségolène Royal. Il faut dire que Bayrou, même s'il se présentait dans ces élections comme le candidat du changement, est un homme de droite, qui a été ministre sous des gouvernements de l'actuelle majorité, et son programme social comme sa base électorale ne sont guère différents de ceux de l'UMP. Quant au noyau de l'électorat de Bayrou, ce sont des électeurs de droite. Malgré les clins d'œil de Royal dans leur direction, ses appels à « l'ordre juste » ou sa profession de foi nationaliste, elle n'a pas su les convaincre tous au point de la choisir, elle et non pas Sarkozy. Même lorsqu'elle s'est présentée comme la candidate capable de garantir la paix sociale, face à un Sarkozy dont l'élection amènerait des désordres sociaux, cela ne les a pas convaincus.

Quant à l'électorat populaire, il n'y avait rien dans le programme de Royal qui ait été susceptible de l'attirer et de l'enthousiasmer. Ce n'est pas seulement la faute de Royal, c'est toute la politique du PS qui est en cause, à commencer par son absence d'autocritique des années de gouvernement de la gauche plurielle. Tout au long des années qui ont suivi, le PS n'a misé, du côté des classes populaires, que sur le « Tout sauf Sarkozy ». Il n'a avancé rien de positif, aucun engagement concret qui aurait pu, par exemple, redonner une raison de voter pour le PS à ceux qui se sont détournés de la gauche.

Certes, les résultats ont montré que Royal obtient la majorité dans les quartiers populaires des grandes villes, par exemple dans les arrondissements de l'est et du nord de Paris ou dans des départements de l'ancienne « ceinture rouge » tels que la Seine-Saint-Denis (56,54 % des voix) ou le Val-de-Marne. Mais elle est loin cependant de retrouver l'ensemble des voix qui, traditionnellement, se portaient sur la gauche. Cela est vrai aussi dans les départements de province, même si les résultats sont moins nets parce que la population y est socialement plus mélangée.

Mais il est frappant aussi de constater que, dans certaines régions ouvrières où la gauche était majoritaire en 1995, Sarkozy arrive en tête. Il l'est parfois de peu, comme dans le Nord-Pas-de-Calais, où il obtient 50,31 % des voix, mais en Picardie, par exemple, il dépasse sa moyenne nationale avec 54,44 % des suffrages, et il arrive à 58,53 % en Champagne-Ardennes.

Faute d'un programme concret défendant les intérêts de la population laborieuse, Ségolène Royal n'a pas récupéré les voix d'un électorat populaire déçu et qui parfois attend un changement de son sort plus de la démagogie d'un Le Pen ou d'un Sarkozy que des socialistes.

Marianne LAMIRAL
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