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Le Djihad américain

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Le Djihad américain Empty Le Djihad américain

Message par -V- Sam 22 Oct - 22:32

Georges Kenman, responsable au Département d’Etat US : « Nous détenons environ 50% des richesses mondiales, mais notre population ne représente que 6.3% de la population totale... Notre tache principale pour le proche avenir consistera à instaurer des relations internationales qui permettront à ces disparités de se perpétuer... Dans cette optique, nous laisserons de coté les chimeres et le sentimentalisme. » (Lewis Lapham, le djihad américain, éditions saint simon, p.1860-1861.)


Dans cette compilation d'articles, le directeur de la rédaction de la célèbre revue Harper's Magazine dresse un portrait du pouvoir américain. Toutefois, s’il pose de bonnes questions, expose des analyses fines, souvent teintées d'humour (cf. le nez de Cléopâtre), il n'apporte guère de réponses. C'est la loi du genre … et sa limite. Critique (intérieure) de l'Amérique, ce livre serait accusé d'antiaméricanisme si la plume était européenne, surtout dans le contexte actuel ... Le livre de Lapham est d’ailleurs une bonne clé de lecture de l'attitude américaine concernant la crise irakienne.

L’auteur évoque la difficile séparation du religieux et du politique, celle des sphères publiques et privées chez les dirigeants, dont l'utilitarisme mercantile s'entretient au golf ou au Conseil des Relations Etrangères. Le peuple semble élire comme président celui qui incarne le mieux l'image qu'il souhaite donner de lui-même, et ledit président s'appuie sur une armée des ombres aimant le pouvoir, les manipulations, le secret, et cherchant à guider nombre de décisions. Mais comment bâtir une politique étrangère quand on est un « cancre » en langue et en histoire ?


Les campagnes électorales témoignent d'un clientélisme puéril : plus on paye, mieux on est traité dans les soirée de campagne. Symétriquement, les média – qui recyclent cet argent en publicités – sont indulgents avec les candidats. La démocratie américaine semble ainsi en crise, pasteurisée. L'élection de 2000 (Bush versus Gore) fait ressortir l'opposition entre le pays réel, dépassionné, voire indifférent au résultat, et la classe politico-médiatique, où l'invective vole bas, selon des mécanismes similaires à ceux qui opposent à Paris « maîtres censeurs » et « nouveaux réactionnaires » : dans ce monde où l'on ne débat plus, l'anathème tient lieu de discours ! L’auteur met en lumière le manque de débat aux Etats-Unis, où démocratie tend à rimer avec carte de crédit : l'économique domine le politique. L'élan de générosité né après le 11 septembre 2001 avait ébranlé ce système, mais c'est déjà du passé ...

Démocrates et républicains sont renvoyés dos à dos dans leur conception de la présidence, qui permet de partir les poches pleines : à-valoir sur des livres (on part d'ailleurs avec les dossiers qui permettront de les écrire !), mobilier national, cadeaux, etc... On rentabilise son passage. En contrepartie, on laisse détruire la nature (merci aux lobbies du pétrole et de l'armement, généreux contributeurs des campagnes !), tout en rêvant à l'âge d'or des années 40 où l'Amérique sauva le monde. Les Etats-Unis n'ont plus d'élite, semble affirmer Lapham, mais des businessmen qui se servent.

Arc-boutée sur son statut de nation salvatrice gagné il y a 60 ans, l'Amérique saisit mal que ce titre n'est pas acquis (elle devrait méditer l’exemple du maréchal Pétain entre 1920 et 1950...) : du Vietnam à l'Afghanistan, la litanies des « dommages collatéraux » (sic) et, a contrario, la survie des « grands ennemis » (Castro, Khadafi, Saddam Hussein), devraient les inciter à plus de retenue.

Par un renversement typique, les mœurs privées sont criminalisées (fumer, boire …) tandis que les malversations institutionnelles (publiques ou privées) triomphent : déforestation, pollution, corruption, trucage des comptes … C'est ça le capitalisme américain, interroge Lewis Lapham ? Le vrai Djihad américain, explique-t-il, est une guerre intérieure : restriction des libertés individuelles (USA Patriot Act), (auto)censure de l'opposition, aide aux riches et à l'industrie. L'Université, où l'on questionne et met en perspective, est vilipendée comme lieu d'opposition anti-américaine ! Quant à la réorganisation du FBI, on se demande si elle emprunte à la lutte anti-terroriste ou à la police politique, et elle incite à relire Thomas Paine et ses deux grands ouvrages concernant les droits de l'homme et l'âge de raison ...

Pour les institutions publiques décriées (Maison Blanche, CIA …) la réhabilitation passe par la télévision, grâce à des séries télévisées, soi-disant réalistes, dernier avatar en date de la propagande ! Imprégnée d'une vision hollywoodienne de la géopolitique (cf. Band of brothers/Frères d'arme), l'Amérique est devenue paresseuse et accumule des lacunes, n’hésitant pas, par exemple, à envoyer en Moyen-Orient des espions qui ne parlent pas arabe ... La suprématie s'est faite arrogance …


Xavier Bascher
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