La droite n'a pas d'avenir, elle a un passé....

Le beau passé de la droite

C'est curieux la droite. C'est un peu comme les animaux, voyez. La parade nuptiale est toujours belle, pleine de bonnes intentions, une cour discrète et de bon ton, puis, une fois le coup tiré, c'est le désintérêt total, l'abandon des gosses, le retour au mâle solitaire, égoïste et jouisseur.

Une campagne électorale de droite, en France, ressemble toujours à un programme de Révolution de la Seconde Internationale. Y vont voir c'qu'y vont voir, les capitalistes sanguinaires, les technocrates froids. Le pouvoir au peuple, nom de Dieu, du boulot pour tous. Ah, on va les saigner, leur faire rendre gorge aux grands patrons. Ah, on va lui faire la peau à la mondialisation, et avec nous, vous verrez, on aura une vraie Europe politique, une vraie Europe proche des gens, et pis aussi, on va voir ce qu'on va voir avec l'emploi, et pis les juges, et pis l'insécurité.

Malheureusement, parfois, elle accède au pouvoir, la Droite, en France. Et là, les masques tombent.

Entre 1986 et 1988, alors que Jacques CHIRAC était Premier Ministre, on a oublié l'Etat de droit, on a terrorisé des terroristes qui n'en étaient pas, on a fait tuer des Canaks et des gendarmes pour gagner une élection, on a menti, on a triché, on a prospéré, on a fait des affaires, on a menti encore, on a floué, on a mis la République à l'encan.

Entre 1993 et 1995, alors qu'Edouard Balladur était Premier Ministre, on s'est enrichi, on a licencié, on a précarisé, on a TUCé, on a laissé les caisses vides, on est parti les bourses pleines, on a menti, on a confondu affaires d' Etat et état des affaires, on a menti encore, on a royauté, on a asservi, on a négocié en secret avec des assassins encagoulés, on a rwandisé.

Entre 1995 et 1997, alors qu'Alain Juppé était Premier Ministre, on a ridiculisé les femmes en politique, on a élargi la fracture sociale, on a rogné les acquis sociaux, on a servi l'argent roi, on a porté aux nues la technocratie, on a logé en HLM, on est resté droit dans des bottes pleines de merde, on a menti, on a placé les amis, on a traqué les opposants, on a fait l'Europe de l'argent, on a enrichi les riches, on a appauvri les pauvres, on a menti toujours, on a dérégulé, on a SDFisé, on a joué avec la Constitution, on a perdu.

Au bout de quatre ans de gouvernement Jospin, elle se voyait lessivée, la droite, absente du pouvoir pour vingt ans, niée, oubliée, vouée aux histoires de bonnes femmes à la veillée, et aux manuels d'historiens. Et puis, la voilà qui se refait une santé, confondant Municipales et Présidentielles, vote défouloir et enjeu majeur, scrutin local et scrutin national.

Regardez quels appétits ! Alors qu'à gauche s'engage un vrai débat idéologique entre des partenaires qui, prêts à gouverner ensemble, n'en entendent pas moins faire connaître leurs différences, le balais des petits marquis commence à droite, au son pitoyable d'un fifre de campagne. Je n'aurais pas ici l'outrecuidance d'évoquer Corinne Lepage et Christine Boutin : chaque papier qu'on écrit, c'est un arbre qui meurt, protégeons la nature et économisons l'encre ! Et puis, la brochette est suffisamment belle : Bayrou et Madelin en Bouvard et Pécuchet, Pasqua en Vautrin.

François Bayrou ou le néant en bus. Bayrou, ce n'est jamais, pour plagier Céline, qu'un caniche qui rêve d'infini. On a ergoté longtemps sur son bus au colza : rendons lui cet hommage, eut-il choisi de rouler au nucléaire, son bus n'eut pas été trop polluant, puisque aussi bien il ne sort pas du garage. Mais soyons modestes, François lui-même a bien analysé son démarrage lent : la faute à Ben Laden, au 11 septembre et à l'Union Nationale. Outre que Chevènement rit encore d'un argument qui ne l'empêche pas de caracoler autour de 10% des intentions de vote, peut-on s'empêcher de penser que c'est un peu la faute aux Français, qui ne voient ni l'intérêt de voter pour un européen inconnu, alors que les socialistes seuls ont fait l'Europe depuis 1981, ni celui de voter pour un libéral inconnu, alors qu'ils en ont installé un, en un moment d'égarement, depuis plus de six ans à l'Elysée.

Alain Madelin, dit-on souvent, est un homme complexe. Un peu, voyez-vous, comme ces mots fléchés que l'on achète par désuvrement, sur les plages, en été. Au bout du compte, le niveau s'avère toujours décevant. Au fond, Madelin a-t-il jamais été autre chose qu'un fasciste notoire, ancien d'Occident, reconverti dans le libéralisme à la petite semaine, celui qui défend pêle-mêle légalisation du cannabis et libre entreprise, mondialisation sauvage et raves. Au fond, il n'est pas si complexe que cela Madelin. Si par extraordinaire il était élu, il a décidé de ne pas s'emmerder. Il ne légiférera donc sur rien, jamais, nulle part, afin de pouvoir passer cinq ans à cultiver son jardin. Mais ça, merci, on sort d'en prendre.

Reste Charles Pasqua. Bien sûr, il ne joue pas dans la même cour. Des hommes de droite, et bien qu'ayant peu de concurrence, Charles Pasqua est sans doute le plus intelligent. Rusé, machiavélique, grand stratège, le Président du Conseil Général des Hauts-de-Seine pourrait bien, quoiqu'on en pense aujourd'hui, susciter la surprise. On en serait presque à bien l'aimer, Pasqua, si pour nous son nom ne restait à tout jamais lié à Malik Oussekine. Eh, oui, Malik Oussekine, battu à mort, frappé, traîné, latté, démantibulé par ceux-là même à qui Charles Pasqua avait dit " tirez, je vous couvre ". On en serait presque à l'aimer, Pasqua, si nous ne savions pas, au fond de nous, que c'est le premier réactionnaire de France, l'homme de la loi et de l'ordre, l'homme qui déclara " l'état de droit s'arrête là où commence la raison d'Etat ". Charles Pasqua n'a jamais été, il ne sera jamais un fasciste. Il n'en est pas moins dangereux.

Ce tour d'horizon ne serait pas complet sans Jacques Chirac. Depuis le 11 septembre, on ne voit que lui, matamore va-t-en guerre, armons-nous et partez, caricature pitoyable d'un Rambo de Sous-Préfecture. Et, c'est vrai, on sent bien qu'il pourrait nous refaire le coup du Conseiller Général de Corrèze qui gagne au Loto.

Alors, ce qu'il faut dire et répéter, ce dont il faut convaincre les français, c'est que Jacques Chirac n'est que le Sapin de Noël qui cache une forêt de ténèbres. C'est que derrière Jacques Chirac se cachent Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, Jean-Louis Debré et Christian Estrosi, Michèle Alliot-Marie et Guy Drut. Et c'est eux qui reviendront au pouvoir s'il est élu.
Car enfin, même si les français trouvent le Crétin aux Taïnos sympathique, ont-ils compris qu'ils auraient comme Premier Ministre le Rochefort de Neuilly, le Iago des Hauts-de-Seine ? Ont-ils compris qu'il leur faudrait, cinq années durant pour peu qu'ils donnent à la droite une majorité parlementaire, qu'ils supportent les promesses non tenues, le rire des Nations, l'hilarité de l'Europe ? Ont-ils compris qu'ils assisteraient au retour des affairistes, des factieux, de l'argent roi ? Ont-ils compris qu'ils se livraient, pieds et poings liés, à un nouveau pillage ? S'ils ne l'ont pas compris, notre devoir de socialistes, notre devoir de femmes et d'hommes de gauche est de le leur rappeler.

La droite n'a pas d'avenir, elle a un passé.

Je trouve la comparaison avec la seconde internationale un peu fort de café.

Bon je trouve que ce jugement manque d'objectivité.
En effet, tu dis que "parfois " la droite accède au pouvoir. Or c'est l'inverse ! La gauche, dans la 5ème république, n'a été qu'au pouvoir pendant 14 ans...(certes ce n'est pas rien...)
De plus, on ne peut pas dire que Mitterrand n'a pas aussi fait jouer ses réseaux pour "éliminer" ses adversaires. Bien que je conçoive qu'il a été beaucoup mieux que J.Chirac, là dessus il n'y a pas de doute.
Je suis désolé, mais je souris quand je lis ce que tu as écrit :
"Alors qu'à gauche s'engage un vrai débat idéologique entre des partenaires qui, prêts à gouverner ensemble, n'en entendent pas moins faire connaître leurs différences"
Il faut faire attention de ne pas tomber dans un aveuglement fanatique avec pour seul but, quoi qu'en soit la raison, de défendre et prétendre que la nature humaine des hommes de gauche est fondamentalement différente de ceux de droite...
Je pense qu'il est simple, négationniste (naïf) de penser que la gauche équivaut au bien et la droite au mal...
Ce que je retiens, c'est que tu as une dent contre la droite et tu as tes raisons, mais je tiens à dire qu'il faut modérer ses propos. Tu semble bien renseigné sur la droite, pourquoi ne parles-tu pas des "méchants" de la gauche ?
Je ne te cache pas que je suis plutôt de gauche, mais qu'aussi adhérer et être stigmatisé, à un parti qui ne me représente pas, n'est pas ce que j'attends. Droite ou gauche, ce sont pour des projets et idées qu'il faut voter.
Tout argumentation subjective n'a pas de poids véritable, essayons de se défaire des idées reçues (mêmes si elles forment l'expérience) et analysons autrement que ce que le monde "civilisé" et conformiste nous a appris.

Sinon je suis d'accord avec toi sur le fait que la mondialisation et le libéralisme universel ne sont pas ce qui fera avancer l'humanité. De là a vouloir les égorger... Il faut utiliser leurs propres armes; la consommation. Arrêtons notre matérialisme. Mais il faut être réaliste; la mondialisation est lancé et a beaucoup d'inertie, mais ça n'empêche pas d'agir.

On peut être matérialiste sans pour autant cautionner le système.

J'entends par matérialiste; consommateur voulant toujours plus posséder que ce qu'il a besoin, à la limite de la frénésie. Tel les gens qui veulent absolument le tout dernier portable qui vient de sortir, par exemple. Malheureusement c'est tout une culture...
Sinon, on peut toujours critiquer quoi qu'on fasse c'est sûr...