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Ces quartiers qui investissent le débat

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Ces quartiers qui investissent le débat Empty Ces quartiers qui investissent le débat

Message par rachel Sam 12 Aoû - 13:54

Ces "hérauts" des quartiers qui investissent le débat publicLE MONDE • Mis à jour le 12.08.06 | 13h40


Début août, interrogé lors d'une tournée à Tokyo, le chanteur sénégalais Youssou N'Dour s'en est pris à la loi sur l'immigration qu'il a qualifiée de "honteuse, négative et injuste". Même s'il n'a pas l'intention de participer à une "campagne politicienne", M. N'Dour, par ailleurs ambassadeur de l'Unicef n'entend, pas se priver du droit de critiquer "un projet qui organise la ségrégation. La France aurait tort de croire qu'elle sera plus à l'aise en écartant les gens du Sud", nous a-t-il confirmé.


Quelques semaines plus tôt, de retour de la Coupe du monde de football, Lilian Thuram s'était inquiété, dans le magazine Les Inrockuptibles du 18 juillet, de la "sarkoïsation des esprits" en dénonçant les menaces d'expulsion pesant sur les enfants de familles sans-papiers. Au plus fort de la crise des banlieues, l'international originaire de la Guadeloupe, par ailleurs membre du Haut Conseil à l'intégration, avait vigoureusement réagi, aux propos du ministre de l'intérieur qui voulait nettoyer les cités "au Karcher".

Dans Télérama le 22 juillet, Jamel Debbouze, déclare, lui, refuser tout engagement partisan. "Je n'ai pas envie qu'on se serve de moi. Ni d'être porte-parole ou assistance sociale", assure-t-il.

Mais il enrage contre les discriminations dont sont victimes les jeunes de banlieue ou contre la "misère qui rend agressif". La sortie prochaine du film Indigènes de Rachid Bouchareb qui lui a valu, ainsi qu'à l'équipe d'acteurs, un prix d'interprétation masculine à Cannes, devrait relancer le débat sur ce thème sensible. Lors du festival, l'acteur avait égratigné Nicolas Sarkozy à propos de son projet de loi sur l'immigration.

"LÉGITIMITÉ"

Pour Henri Rey, chercheur au Centre d'études de la vie politique française (Cevipof), ces interventions ne sont ni nouvelles ni exceptionnelles. " Par le passé, on avait vu Guy Bedos signer des pétitions ou Dominique Rocheteau intervenir en faveur du monde ouvrier et de ses mobilisations", souligne-t-il. Et avant eux, bien d'autres sportifs ou artistes se sont fait entendre soit en réaction à des événements politiques, soit à la veille d'une échéance électorale.

"Ce qui change, relève Vincent Tiberj, autre chercheur au Cevipof, ce sont les thèmes sur lesquels ils interviennent et notamment la banlieue et l'immigration", comme l'intégration, le multiculturalisme et la place de l'islam qui sont devenus des sujets de débat public essentiels pour l'opinion. Sur ces thèmes, les personnalités "blacks" et "beurs" semblent plus audibles.

L'origine sociale et géographique de ces nouveaux "héros" - ils sortent eux aussi des banlieues populaires - peut leur donner une audience à laquelle personne d'autre ne peut prétendre. "Pour des groupes sociaux qui ont un accès limité à la scène politique, ces figures peuvent représenter une prise de parole qui contrebalance un discours médiatique dominant et peu en prise avec la réalité sociale", estime M. Tiberj.

Alors que la question de la diversité de la représentation politique - majoritairement masculine, issue des classes supérieures et blanche -, se pose de manière plus accrue, des personnalités telles que Lilian Thuram ou Jamel Debbouze ont une parole plus légitime. "Ils sont l'incarnation de la réussite. Du fait de leur origine sociale, ils sont écoutés par les catégories populaires qui peuvent se sentir exclues", souligne Stéphane Rozès, directeur de l'institut CSA-Opinions.

Cette "légitimité" leur est aussi reconnue par certains dirigeants politiques, notamment à gauche, qui observent l'entrée dans le débat public de ces nouveaux acteurs. Même si, pour François Hollande, il n'est pas question de les solliciter directement, et encore moins de leur proposer des candidatures à des postes éligibles. Une tentation qui a pu être évoquée au PS.

"Ils sont dans leur rôle de citoyen et le seront de plus en plus en 2007. Non pour représenter les gens des quartiers mais pour leur servir de haut-parleur dans le débat politique", estime Olivier Besancenot, porte-parole de la LCR et initiateur du Collectif devoir de mémoire avec le rappeur Joey Starr. A la suite des événements de novembre 2005, ils s'étaient mobilisés pour inciter les jeunes des quartiers à s'inscrire sur les listes électorales. "On les a présentés comme des modèles pour les quartiers. Ils prennent tout le monde à contre-pied pour dire qu'ils ne veulent pas être les seuls à s'en sortir", poursuit M. Besancenot.

Député (Verts) de Gironde, Noël Mamère considère que "la société civile prend de plus en plus d'importance dans le débat public". Et en profite pour ajouter : "il est juste que des personnalités issues de l'immigration et des banlieues disent ce qu'elles pensent de la politique de provocation de Sarkozy. Ils peuvent aider à ouvrir les yeux d'un certain nombre de Français".

Pour Stéphane Rozès, les choses sont plus nuancées : "Les Français sont dans l'attente de la campagne présidentielle. La parole des personnalités de la société civile sera d'autant plus écoutée qu'elle ne se contentera pas de critiquer mais proposera une vision de la société".



Michel Delberghe et Sylvia Zappi
Article paru dans l'édition du 13.08.06
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