Sharon et le grand écart politique

Israël décide la fin de l'isolement de Marouane Barghouti à trois jours d'une présidentielle sous tension
LEMONDE.FR | 06.01.05 | 10h24

Marouane Barghouti, ex-secrétaire général du Fatah, principale composante de l'OLP, en Cisjordanie, a été condamné à cinq peines de réclusion à vie après avoir été reconnu coupable d'avoir orchestré des attentats anti-israéliens. Il est emprisonné depuis avril 2002 en Israël. Son prestige pourrait contribuer à faire pencher les prisonniers palestiniens détenus par Israël en faveur de Mahmoud Abbas, le chef de l'OLP, et candidat à la présidentielle de dimanche.

Les autorités israéliennes ont décidé, mercredi 5 janvier, de mettre fin au régime d'isolement du dirigeant palestinien Marouane Barghouti à quelques jours des élections palestiniennes de dimanche, a-t-on appris auprès des services de sécurité israéliens.

Le ministre de la sécurité intérieure, Gideon Ezra, a ordonné au service des prisons de placer M. Barghouti avec d'autres détenus palestiniens, dit-on de même source.

Marouane Barghouti, ex-secrétaire général du Fatah, principale composante de l'OLP en Cisjordanie, a été condamné à cinq peines de réclusion à vie après avoir été reconnu coupable d'avoir orchestré des attentats anti-israéliens. Il est emprisonné depuis avril 2002 en Israël.

Il n'a pas été précisé si l'ordre de changement de cellule serait appliqué à l'intérieur de la prison Ohalei Keidar, dans le sud d'Israël.

M. Barghouti avait envisagé de se présenter à l'élection présidentielle palestinienne de dimanche, qui devra désigner le successeur de Yasser Arafat, mais il a retiré récemment sa candidature.

La Cour suprême israélienne doit examiner jeudi une requête visant à autoriser des milliers de Palestiniens emprisonnés pour des atteintes à la sécurité à participer au scrutin, le premier en Cisjordanie et dans la bande de Gaza depuis 1996.

Si cette autorisation est accordée, Marouane Barghouti pourrait contribuer à faire pencher les prisonniers, parmi lesquels des islamistes opposés aux discussions de paix avec Israël, en faveur de Mahmoud Abbas, le chef de l'OLP, considéré comme un modéré. Pourtant, ce dernier a utilisé mardi des propos perçus avec inquiétude sur Israël.

"L'ENNEMI SIONISTE"

Mahmoud Abbas, qui est le grand favori de l'élection présidentielle palestinienne, a en effet qualifié mardi Israël d'"ennemi sioniste" après la mort de sept Palestiniens tués par l'armée israélienne dans la bande de Gaza.

Les Etats-Unis ont critiqué mercredi ces déclarations affirmant que ce genre de propos ne contribuait pas à un rapprochement avec Israël. "Nous trouvons un tel langage dérangeant, et pensons qu'il n'a pas sa place dans un processus de reprise de dialogue et de confiance entre Israéliens et Palestiniens", a déclaré le porte-parole adjoint du département d'Etat, Adam Ereli. "Cela n'est certainement pas utile, et ne convient pas pour travailler à une améliorer les relations" entre les deux camps, a-t-il ajouté.

M. Ereli, interrogé lors du point de presse quotidien du ministère des affaires étrangères américain, n'a pas voulu se prononcer sur la question de savoir si de tels propos relevaient de l'antisémitisme.

Un rapport du département d'Etat publié mercredi définit comme antisémites les propos contre Israël reflétant des préjugés ou des calomnies contre les juifs ou le judaïsme.

APPEL AU HAMAS

Dans ce contexte tendu, à seulement trois jours de l'élection présidentielle de dimanche, le Fatah a demandé au groupe radical palestinien Hamas de cesser ses incitations à la violence, qui menacent selon lui le bon déroulement de la présidentielle.

"Nous sommes surpris par les incitations à la violence émanant de nos frères du Hamas [...], qui sapent la tenue de l'élection présidentielle", a déclaré le comité central du Fatah dans un communiqué. "Nous demandons [au Hamas] de mettre immédiatement un terme au chaos des armes."

En accusant le Hamas de sédition, le Fatah répliquait par la fermeté à certaines déclarations de responsables du Hamas hostiles à la modération de Mahmoud Abbas.

"Les déclarations d'Abou Mazen [nom de guerre de Mahmoud Abbas] ont choqué le peuple palestinien et vont à l'encontre du consensus", a déclaré mercredi Sami Abou Zouhri, membre du Hamas, organisation qui prône l'anéantissement de l'Etat juif. "La résistance continuera jusqu'à la fin de l'occupation", a-t-il dit.

Avec AFP et Reuters

Un parti ultra-orthodoxe accepte de rejoindre le gouvernement Sharon
LEMONDE.FR | 05.01.05 | 20h23

Le ralliement du Parti unifié de la Torah, après celui du Parti travailliste, devrait donner à M. Sharon une majorité au Parlement pour faire adopter le budget et faire approuver, en février, la première phase de l'évacuation des colonies de Gaza, prévue pour juin....

Le nombre de colons juifs dans la bande de Gaza a progressé.

Mon January 10, 2005 7:14 AM CET

JERUSALEM (Reuters) - Le nombre de colons juifs dans la bande de Gaza a progressé de 9,3% l'an dernier en dépit du projet du Premier ministre Ariel Sharon de les évacuer, selon des statistiques gouvernementales.

Les dirigeants des colons ont fait part de leur intention d'augmenter la population des colonies afin de mieux résister au retrait que Sharon prévoit de mettre en oeuvre dans le courant de cette année.

Les dernières statistiques démographiques israéliennes publiées par le ministère de l'Intérieur montrent que des Israéliens continuent d'aller s'installer dans les territoires occupés depuis 1967 en dépit des violences engendrées par le soulèvement palestinien, qui a débuté il y a quatre ans.

En 2004, la population des colonies de la bande de Gaza et de Cisjordanie a augmenté de près de six pour cent par rapport à l'année précédente et de 17% depuis 2001, en dépit de demandes répétées des Etats-Unis réclamant un arrêt des constructions de colonies dans les territoires occupés.

Dans la bande de Gaza, où 8.550 colons vivent dans des enclaves au milieu de 1,3 million de Palestiniens, la population des colonies a augmenté en 2004 de 730 personnes, soit de 9,3%.

En tout, quelque 250.000 Juifs vivaient en Cisjordanie et dans la bande de Gaza au début de 2005, contre 236.381 fin 2003.

Israël limoge six officiers pour menace de mutinerie

Mon January 10, 2005 7:27 AM CET

par Allyn Fisher-Ilan

JERUSALEM (Reuters) - Israël a limogé dimanche six officiers de réserve qui avaient menacé de désobéir à un ordre d'évacuation des colonies juives entrant dans le cadre du plan de désengagement de la bande de Gaza d'Ariel Sharon, annonce l'armée.

La hiérarchie militaire a pris cette mesure afin de tuer dans l'oeuf une mutinerie potentielle.

Les officiers concernés, qui sont tous des colons juifs vivant en Cisjordanie, ont refusé de revenir sur une lettre qu'ils ont publiée jeudi dans un journal, dans laquelle ils qualifient d'illégal tout ordre de mise en oeuvre d'un désengagement de la bande de Gaza.

Ces six officiers étaient les plus gradés des 34 militaires à avoir signé cette lettre.

[g]Selon une porte-parole de l'armée, ils ont refusé de revenir sur la lettre et ont été "relevés" de leurs fonctions, même s'ils conservent leur grade. Les autres signataires seront sanctionnés par la suite, a-t-elle ajouté.[/g]

"L'armée israélienne prend très sérieusement tout appel à la désobéissance aux ordres, et toute utilisation de sa position à des fins politiques", a déclaré la porte-parole....