Le reve du Baron et de Sarkosy

jeudi 2 juin 2005, 8h56
Luc Evrard : Emploi : l'Europe de l'Est ne cesse d'innover

Le BIT, le bureau international du travail, vient de se pencher sur les conditions de travail en vigueur dans les dix nouveaux pays membres de l'union européenne.

L'hyper flexibilité y devient la norme. Elle a son coût social mais leur donne d'énormes atouts compétitifs. Les contrats à durée déterminée - 3 mois pas plus - sont de plus en plus fréquents. 1 actif sur 6 en Tchéquie. 1 sur 5 dans la grande distribution en Pologne. Réflexion patronale locale : quand un contrat dure 3 mois, le salarié commence à s'en inquiéter dès la fin du premier mois et met les bouchées doubles pour qu'il soit renouvelé. Plus fort encore. Un même salarié peut disposer dans la même entreprise de deux contrats différents. Un contrat classique qui respecte les directives européennes. Et un contrat de travailleur indépendant qui permet au contraire de s'en affranchir. Et là, il n'y a plus de règle. Les charges sociales et fiscales sont réduites à la portion congrue. Le travail s'allonge autant que de besoin pour l'entreprise. La notion même d'heures supplémentaires s'estompe. Elles ne sont d'ailleurs que très rarement payées. Bref, le tableau brossé par le BIT a tout de la jungle sociale. Elle ne relève pas d'une volonté délibérée de ces pays de nous faire une concurrence déloyale, mais des conditions posées par l'Europe elle-même pour les accueillir. Ils ont du ouvrir leurs marchés. Nos entreprises en ont largement profité. Mais les leurs se sont souvent effondrées. Celles qui ont survécu ont été privatisées et restructurées à la hache. Le chômage s'est partout envolé - près de 20% en Pologne- et c'est lui évidemment qui crée dans ces pays sans contre-pouvoir syndical un rapport de forces extrêmement défavorable aux salariés. Les auteurs du traité constitutionnel espéraient poser les bases d'une certaine harmonisation en gravant dans le marbre droit de grève, légitimité syndicale, dialogue social et protection des salariés. Mais la France et désormais la Hollande, n'en ont pas voulu. La menace de dumping social n'a donc jamais été aussi forte aujourd'hui en Europe. Et le toilettage de notre code du travail - 2000 pages, 10 000 articles, dont certains vieux de près d'un siècle - pourrait bien ne pas suffire à l'endiguer.

Proudhon a écrit:Je me demande si ce n'est pas ce que nous prépare les nouvelles crapules gouvernementales. Sous prétexte de résorber le chômage, ils vont vouloir faire disparaître le CDI et à terme ne plus payer les Heures Supplémentaires.

Je le sens venir comme on sent l'orage !!!!