cGT : Précongrès sous contrôle des luttes
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cGT : Précongrès sous contrôle des luttes
Article de Rouge
La CGT est au cœur de l’actualité, par sa direction et par l’engagement de son réseau militant. Chaque conflit tisse la trame du futur congrès d’avril 2006.
Avant le 29 mai, c’était le réseau militant CGT, avec d’autres forces syndicales (FSU, Solidaires) qui était au premier plan, sauvant la tradition de lutte d’une confédération que sa direction voulait amener au consensus mou, avec les forces du renoncement. Pour le 4 octobre, ou à travers la bataille livrée pour l’entreprise publique SNCM, dans une Marseille symbole de la résistance antilibérale, le secrétaire général, Bernard Thibault, et la richesse militante de la CGT s’affichent côte à côte. Commencé par la fronde de février 2005 sur le traité constitutionnel européen, le débat national d’orientation de la CGT concerne tout le mouvement ouvrier.
Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire de la CGT et inspirateur de son orientation, ne s’y trompe pas en publiant cet automne un livre clé : Demain le changement, manifeste pour un nouveau syndicalisme (Armand Colin, 20 euros). Un document complet de stratégie syndicale et politique. Ce qui est assez cocasse pour quelqu’un qui, dans ce livre ou ailleurs, refuse l’élaboration d’un « projet de société » par le syndicalisme. Mireille Chessa, secrétaire de l’union départementale CGT des Bouches-du-Rhône, a protesté contre cette publication d’avant congrès (Le Monde du 12 octobre), évidemment discutée nulle part. Lors de la manifestation unitaire du samedi 15 octobre à Marseille, quelques structures CGT opposées au traité européen ont envoyé des délégations bien en vue (l’union départementale de Seine-Saint-Denis par exemple).
Pourtant, entre la CGT-Marseille et Bernard Thibault, rien n’est apparu publiquement pour mettre clairement en évidence une différence de stratégie, sur la SNCM notamment. La lettre que Thibault a envoyée à Villepin le 9 octobre, qui contenait le compromis de descendre en dessous de 51 % de capitaux publics, a reçu l’aval de la CGT-SNCM et de l’union départementale. Le contre-plan de la CGT-SNCM, présenté le lundi 10 au conseil d’administration, défendait cependant une majorité de capitaux publics obtenue par des apports diversifiés (État, Connex, SNCF, Caisse des dépôts).
Jean-Paul Israël, de la CGT-SNCM, a plaidé auprès de Thibault l’extension de la lutte sur les services publics. Mais rien n’a été fait nationalement pour aider la SNCM. L’attitude la plus scandaleuse de la direction CGT s’est révélée le jour ou l’armée investissait le navire détourné par les marins du Syndicat des travailleurs corses (STC). Le réflexe syndical élémentaire voulait que, ce jour-là, on appelle à des rassemblements de protestation devant les préfectures. L’armée contre des grévistes, cela n’arrive pas tous les jours. Il était possible de démarrer une campagne politique nationale, mettant à contribution, pour la défense du service public, non seulement le mouvement syndical, mais le réseau des collectifs du 29 mai et les forces politiques. Mais le seul communiqué CGT de ce jour-là annonçait en trois lignes... l’entrevue de Thibault et de Villepin.
La privatisation d’EDF est peut-être l’objet d’un échange entre Thibault et Villepin, malgré les démentis. La confédération a accepté, en 2004, le changement de statut d’EDF-GDF, alors que le potentiel de lutte permettait une confrontation majeure (notamment contre Sarkozy). La fédération CGT de l’énergie a plutôt soutenu Thibault sur la Constitution européenne. Bernard Thibault aurait aujourd’hui besoin de résultats pour valider sa stratégie malmenée. Mais les libéraux ne cèdent jamais rien d’essentiel. On le voit avec le « contrat vieux », justement dénoncé par la CGT, sur l’emploi des seniors. Le Medef a reculé, mais il a obtenu son « contrat » ! Villepin, qui joue gros, a peut-être hésité à affronter à la fois Marseille et les électriciens d’EDF. Mais une fois la grève de la SNCM arrêtée, il relance la privatisation. Thibault a donc tout perdu. Mais c’est tout le syndicalisme qui subit une défaite.
Dominique Mezzi
La CGT est au cœur de l’actualité, par sa direction et par l’engagement de son réseau militant. Chaque conflit tisse la trame du futur congrès d’avril 2006.
Avant le 29 mai, c’était le réseau militant CGT, avec d’autres forces syndicales (FSU, Solidaires) qui était au premier plan, sauvant la tradition de lutte d’une confédération que sa direction voulait amener au consensus mou, avec les forces du renoncement. Pour le 4 octobre, ou à travers la bataille livrée pour l’entreprise publique SNCM, dans une Marseille symbole de la résistance antilibérale, le secrétaire général, Bernard Thibault, et la richesse militante de la CGT s’affichent côte à côte. Commencé par la fronde de février 2005 sur le traité constitutionnel européen, le débat national d’orientation de la CGT concerne tout le mouvement ouvrier.
Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire de la CGT et inspirateur de son orientation, ne s’y trompe pas en publiant cet automne un livre clé : Demain le changement, manifeste pour un nouveau syndicalisme (Armand Colin, 20 euros). Un document complet de stratégie syndicale et politique. Ce qui est assez cocasse pour quelqu’un qui, dans ce livre ou ailleurs, refuse l’élaboration d’un « projet de société » par le syndicalisme. Mireille Chessa, secrétaire de l’union départementale CGT des Bouches-du-Rhône, a protesté contre cette publication d’avant congrès (Le Monde du 12 octobre), évidemment discutée nulle part. Lors de la manifestation unitaire du samedi 15 octobre à Marseille, quelques structures CGT opposées au traité européen ont envoyé des délégations bien en vue (l’union départementale de Seine-Saint-Denis par exemple).
Pourtant, entre la CGT-Marseille et Bernard Thibault, rien n’est apparu publiquement pour mettre clairement en évidence une différence de stratégie, sur la SNCM notamment. La lettre que Thibault a envoyée à Villepin le 9 octobre, qui contenait le compromis de descendre en dessous de 51 % de capitaux publics, a reçu l’aval de la CGT-SNCM et de l’union départementale. Le contre-plan de la CGT-SNCM, présenté le lundi 10 au conseil d’administration, défendait cependant une majorité de capitaux publics obtenue par des apports diversifiés (État, Connex, SNCF, Caisse des dépôts).
Jean-Paul Israël, de la CGT-SNCM, a plaidé auprès de Thibault l’extension de la lutte sur les services publics. Mais rien n’a été fait nationalement pour aider la SNCM. L’attitude la plus scandaleuse de la direction CGT s’est révélée le jour ou l’armée investissait le navire détourné par les marins du Syndicat des travailleurs corses (STC). Le réflexe syndical élémentaire voulait que, ce jour-là, on appelle à des rassemblements de protestation devant les préfectures. L’armée contre des grévistes, cela n’arrive pas tous les jours. Il était possible de démarrer une campagne politique nationale, mettant à contribution, pour la défense du service public, non seulement le mouvement syndical, mais le réseau des collectifs du 29 mai et les forces politiques. Mais le seul communiqué CGT de ce jour-là annonçait en trois lignes... l’entrevue de Thibault et de Villepin.
La privatisation d’EDF est peut-être l’objet d’un échange entre Thibault et Villepin, malgré les démentis. La confédération a accepté, en 2004, le changement de statut d’EDF-GDF, alors que le potentiel de lutte permettait une confrontation majeure (notamment contre Sarkozy). La fédération CGT de l’énergie a plutôt soutenu Thibault sur la Constitution européenne. Bernard Thibault aurait aujourd’hui besoin de résultats pour valider sa stratégie malmenée. Mais les libéraux ne cèdent jamais rien d’essentiel. On le voit avec le « contrat vieux », justement dénoncé par la CGT, sur l’emploi des seniors. Le Medef a reculé, mais il a obtenu son « contrat » ! Villepin, qui joue gros, a peut-être hésité à affronter à la fois Marseille et les électriciens d’EDF. Mais une fois la grève de la SNCM arrêtée, il relance la privatisation. Thibault a donc tout perdu. Mais c’est tout le syndicalisme qui subit une défaite.
Dominique Mezzi
marcoo- moulin à paroles
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Date d'inscription : 03/01/2005
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