Où est passé le terrorisme "made in France" ?

Je suis "anarchiste" mais "anarchiste dans mon coin",pas "anarchiste engagé" ,et donc je n'ai pas lu la littérature anarchisante ,ce qui fait que je parraitrai sans doute "con" à certains...

En temps que citoyen je m'interroge sur un point que je m'explique mal : dans les années 70 et 80 ,les choses n'allaient "pas bien",mais comparées à maintenant c'était une "époque bénie" à plus d'un titre .

Or les grandes vagues de "terrorisme" datent de cette époque (Action Directe....) .

Bien sûr,les temps étaient "différents" : il y avait le Vietnam,mai 68,l'URSS,Mao,etc ....

Mais maintenant,les choses vont "pire" : un chômage "honteux",une sécu qui disparait à petit pas,une pollution qui se traduit cette foiis en termes de survie,un avenir complètement boiuché pour la plupart des jeunes,une gauche qui a montré ses (très courtes) limites,une droite arrogante,aucun espoir de renversement de majorité politique à court terme ,une société figée,des bénéfices sans cesse plus extraordinaires réalisés aux dépens du plus grand nombre ,un "message" lénifiant et alliénant déversé à grands flots par les médias pratiquement acquis au pouvoir....

Et il ne se passe "rien" ou pas grand chose ....

Alors moi, je voudrais savoir : Pourquoi ?

Pourquoi ce silence ?

Attention hein,que je sois "bien compris" : je ne veux pas qu'on mette des bombes aux quatre coins du pays...
Je voudrais simplement savoir "pourquoi" dans une situation oppressante et sans alternative politique possible ,les choses ne vont pas "plus mal" : manifestations,émeutes,terrorisme ...

Ungern a écrit:
Je voudrais simplement savoir "pourquoi" dans une situation oppressante et sans alternative politique possible ,les choses ne vont pas "plus mal" : manifestations,émeutes,terrorisme ...

Parce qu'on est tous devenus des rhinocéros...


Non, plus sérieusement, ce type d'évènements n'a jamais été franchement la tasse de thé de la majorité de la population.

Faut dire ce qui est, mai 68 c'était bien joli, n'empêche qu'un mois après, la droite gagnait haut la main les législatives.


On vit quand même dans une société très individualiste, et faut dire aussi qu'on a tous beaucoup à perdre.

Ce qui rend d'autant plus admirables ceux qui se battent, malgré les risques.

Beaucoup de défaitisme aussi, de pessimisme, "on ne peut rien y faire, ça ne changera jamais etc.." (punaise, si tout le monde avait pensé come ça, on virait encore à l'âge de pierre)


Maintenant, les exécutions sommaires pratiquées par certains groupes terroristes sont passées de mode, et c'est pas plus mal.
D'abord ça n'a jamais fait avancer la choucroute, ensuite ça n'a pas fait grandir l'humanité (ce serait même le contraire)


Il y a surement plus de pragmatisme chez beaucoup de gens qui luttent au quotidien : ils cherchent à mener les actions les plus efficaces possibles, à long terme, et avec l'approbation de la majorité.
Ca exclut les actions violentes.


Mais je maintiens que l'esprit révolutionnaire n'est pas très répandu.....

Patience a écrit:

Faut dire ce qui est, mai 68 c'était bien joli, n'empêche qu'un mois après, la droite gagnait haut la main les législatives.

Oui, la droite a gagné les législatives ne 1968.
Mais beaucoup de choses ont changé malgré tout.
Les accords de Grenelle, ce n'était pas rien, surtout pour les bas salaires. La 4ème semaine de congé payé non plus. La reconnaissance du droit syndical dans l'entreprise non plus.

Plus dans les années 70 la reconnaisance du droit à la formation pour les salariés. La réforme du droit de licenciement.

Je dois en oublier.

Et ces réformes (droit syndical, formation, SMIC) ont été avalisées ensuite par cette majorité de droite. Comme quoi, la bourgeoisie avait eu peur.
J'ai commencé à travailler en 1969, et les gens me disaient combien 1968 avait changé les rapports dans l'entreprise (peut-être avons-nous régressé depuis)

je pense que les gens ne bougent plus parce qu'ils n'ont plus de rêve: ils sont devenus trop défaitistes et pragmatiques.

Mouais peut etre que les mouvements ouvriers de mai 68 ont apporté quelque chose mais vu que l'individualisme conquérant, c'est directement hérité des mouvements étudiants de cette époque je ne suis franchement pas certain qu'on ait gagné au change...

Je voudrais simplement savoir "pourquoi" dans une situation oppressante et sans alternative politique possible ,les choses ne vont pas "plus mal" : manifestations,émeutes,terrorisme ...

Tu faisais quoi en 2001 aux alentours du 11 septembre ? Tu prenais ton petit-dej en perfusions en attendant de sortir du coma 3 ans plus tard ?

Beaucoup de défaitisme aussi, de pessimisme, "on ne peut rien y faire, ça ne changera jamais etc.." (punaise, si tout le monde avait pensé come ça, on virait encore à l'âge de pierre)

Petite illustration du temps ou j'etais salarié (beaucoup) et syndiqué (un peu) parce que j'ai trouvé ca trop typique...

J'ai quand meme eu le droit lors d'une réunion a un gars qui m'a sorti "de toute facon c'est le medef qui est au pouvoir on peut rien faire". Resultat, comme tout le monde était dans cet état d'esprit, y a que trois personnes qui ont décidé de "faire" et qui ont eu tous gain de cause, sans meme se foutre a dos la direction...(et tant pis pour les autres)

je pense que les gens ne bougent plus parce qu'ils n'ont plus de rêve: ils sont devenus trop défaitistes et pragmatiques.

Je lisais Camille del Toledo qui comparait la situation des gens a un gars assis sur un tas d'ordure, il se rend compte que c'est une situation de m., il veut s'en sortir mais il ne sait pas par quoi commencer, bien sur il peut s'intéresser a une ordure particuliere, mais quand il la compare a tout le reste ca parait tellement dérisoire qu'il ne reste plus pour lui qu'a devenir cynique et se moquer de la situation... sans porter attention au fait qu'en faisant cela il devenait lui meme parti du tas d'ordure...

Comparaison assez juste je trouve... Donc c'est vrai que c'est peut etre un peu du défaitisme...

Mais quand bien meme je trouve que l'absence de reve et le pragmatisme c'est plutot un bon point... Les reveurs ne sont bon qu a etre manipuler (cf la "patrie des travailleurs" ou les Francais qu'on a retrouvé en train de se battre en Irak) ou a finir mal (cf Richard Durn).

Je connais quelques personnes qui ont plaqué leur boulot pour partir faire de l'aide au développement tout simplement parce qu'elles étouffent totalement de travailler pour une tache totalement inutile avec comme unique but de gagner de l'argent, les générations d'avant pouvait encore tenir en pensant révolution prolétarienne, grandeur de la france de mon général, ascension sociale, biens de consommations, etc. Moi qui sait que tous ca ce n'etait que de la verroterie, je ne vois meme pas un quelconque but qui pourrait me servir de fil conducteur vers l'avenir (meme l'amour est sous plastique...)... quel est le futur que l'on m'offre si je décide de reprendre le flambeau de la génération précédente ? Me défoncer au paradis artificiel en attendant la destruction de l'ecosysteme d'ici une quinzaine d'année ou suicide bomber pour Ben Laden and co...

Ah non c'est vrai je peux devenir baptiste aussi...

Mais paradoxalement c'est pour cela que je suis persuadé qu'il y a des millions de personnes qui sont pres a refaire le monde et que meme si elles se retrouvent comme enchainées par le fait de n'avoir ni les moyens intellectuels de le faire (vu le savoir qui y est transmis, l'université a-t-elle vraiment une utilité ?), ni les moyens matériels (manger, se loger tout ca...), ni les structures (tout ce qui permet de gagner sa vie dans le developpement ou l'environnement est litteralement pris d'assaut... meme si les salaires sont plus que mediocres)... il reste tout a fait possible de les mobiliser si on a suffisamment d'imagination pour sortir des vieux schémas et innover un petit peu...