Série d'explosions à New Delhi, au moins 16 morts

Série d'explosions à New Delhi, au moins 16 morts

Une série de quatre explosions survenues samedi 29 octobre sur des marchés de New Delhi a fait au moins cinquante morts, ont annoncé le ministère indien de l'intérieur et plusieurs responsables gouvernementaux.

Trente sept cadavres ont été déposés dans l'un des hôpitaux de la capitale indienne, a précisé le ministre fédéral de l'intérieur, Shivraj Patil, cité par l'agence de presse The Press Trust of India.

Condamnation pakistanaise

Le Pakistan a fermement condamné samedi les attentats survenus à New Delhi, qu'il a qualifiés "d'actes de terrorisme", a annoncé le ministère des affaires étrangères.

"Le Pakistan condamne fermement les attentats terroristes de New Delhi, qui ont provoqué la mort de nombreux innocents", a déclaré le ministère dans un communiqué. (Reuters)
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Son homologue de la santé, Prasanna Hota, a mentionné de son côté que les dépouilles de treize autres victimes avaient été dénombrées dans trois autres établissements.

Environ 70 personnes, dont plusieurs étrangers, ont été blessées, selon l'agence Press Trust of India.

"ÉLÉMENTS TERRORISTES"
Le premier ministre indien, Manmohan Singh, a qualifié la série d'explosions d'acte de terrorisme. Des "éléments terroristes" sont responsables des explosions, a déclaré M. Singh."Ce type d'attaque cynique contre le peuple indien est inacceptable", a déclaré un porte-parole du premier ministre, qui devait écourter sa visite à Calcutta pour rentrer dans la capitale.

Le premier ministre indien a averti que les autorités ne tolèreraient pas la violence de la part des extrémistes. M. Singh, cité par son porte-parole Sanjaya Baru, a aussi "appelé la population au calme".

Rien ne permet pour l'heure d'accréditer la thèse d'attentats mais, de l'avis de responsables, la quasi-simultanéité des déflagrations laisse penser à une action concertée. "C'est quelque chose qui a été planifiée, c'est assez évident", a déclaré le premier ministre du territoire de Delhi, Sheila Dikshit, à la télévision NDTV. M. Dikshit a ajouté qu'il était trop tôt pour se prononcer sur l'identité des éventuels auteurs de ces explosions.

ÉTAT D'ALERTE

Les autorités indiennes ont immédiatement décrété l'état d'alerte dans tout le pays et la sécurité a été renforcée à Bombay, capitale économique, et dans d'autres grandes villes.Plusieurs marchés à Delhi ont également été fermés après l'annonce des explosions.

La première explosion s'est produite à 17 h 40 (14 h 10 à Paris) dans le quartier commerçant de Paharganj fréquenté par des touristes et situé près de la gare centrale de New Delhi.

Quelques minutes plus tard, une autre explosion a eu lieu sur le marché de Sarojini Nagar, dans le sud de la capitale indienne.

Une troisième explosion s'est produite à bord d'un autobus près de la zone industrielle d'Okhla, a précisé la police. La quatrième explosion, à Gole Market, a pu être causée par des pétards, selon des témoins.

Les marchés étaient bondés, de nombreuses personnes faisant des achats dans la perspective du festival hindou des lumières, Diwala, qui aura lieu la semaine prochaine.

Attentats de New Delhi : la piste des séparatistes cachemiris


Le groupe qui a revendiqué, dimanche 30 octobre, le triple attentat de New Delhi, qui a fait au moins 61 morts la veille, a des liens avec une organisation de la guérilla islamiste opérant au Cachemire, a déclaré un haut responsable de la police indienne.

Ce groupe peu connu, nommé "Inquilab" ("révolution"), a revendiqué la responsabilité de ces attentats visant des marchés populaires et un autobus de la capitale. "De telles attaques se poursuivront jusqu'à ce que l'Inde retire ses troupes du Cachemire et y cesse ses activités inhumaines", a déclaré Ahmed Yar Gaznavi, le porte-parole du groupe, à des journalistes à Srinagar, la capitale d'été du Cachemire indien.

Cette revendication doit encore être vérifiée, a commenté le haut responsable de la police, Karnail Singh, au cours d'une conférence de presse. "Nous savons que le groupe a été créé en 1996 et qu'il n'a pas été très actif, mais qu'il a des liens avec le Lashkar-e-Taiba", a-t-il expliqué, en référence à l'un des trois principaux mouvements de la guérilla séparatiste combattant les forces indiennes au Cachemire.
Si cette piste est confirmée, ces attentats sonneraint comme un avertissement des séparatistes cachemiris du Pakistan, opposés au rapprochement avec l'Inde, estiment des experts indiens qui mettent en garde contre une possible montée en puissance des attaques.

"C'est une carte de visite laissée par les terroristes opérant dans le Cachemire (sous administration pakistanaise) pour montrer qu'ils sont toujours actifs malgré le séisme qui a fait 54 000 morts et tué 2 000 à 3 000 membres de la guérilla", juge ainsi Kapil Kak, directeur de l'Institut indien d'études stratégiques et internationales.

HOSTILITÉ AU RAPPROCHEMENT INDO-PAKISTANAIS
Le triple attentat est intervenu alors que l'Inde et le Pakistan finalisaient les modalités d'ouverture de la ligne de démarcation qui divise le territoire himalayen du Cachemire pour secourir les sinistrés du séisme du 8 octobre.

Or certains responsables politiques à Islamabad, gardiens de la ligne dure envers le rival indien, n'ont jamais digéré le réchauffement des relations avec Delhi entamé depuis 2002, selon S. D. Muni, expert en stratégie à l'université Jawaharlal Nehru de New Delhi.

"Ces éléments veulent saper le rapprochement indo-pakistanais (...). D'un côté, les deux parties font des ouvertures pendant que, de l'autre, des responsables pakistanais s'appliquent à faire dérailler le processus", affirme cet analyste.

Depuis 1989, de multiples mouvements islamistes mènent un djihad contre la présence indienne dans la province himalayenne du Cachemire, divisée et disputée entre le Pakistan et l'Inde depuis leur indépendance en 1947.

"(Ces attentats) entrent dans le cadre de la stratégie imaginée par des idéologues islamistes estimant qu'une domination doit être établie dans les zones peuplées en majorité de musulmans, dont l'Asie du Sud-est", juge pour sa part A. K. Verma, ex-directeur du département de recherches et d'analyse des services de renseignement indiens.