Le fondateur de Pink Floyd est mort

Syd Barrett, définitivement absent au monde


Le fondateur de Pink Floyd, et son âme inconsolable, est décédé vendredi passé. La fin de quarante ans de réclusion et de folie géniale. Le mystère, lui, demeure.

FRANÇOIS BARRAS
Publié le 11 juillet 2006




On le voyait parfois se balader en vélo sur les trottoirs de Cambridge. Il habitait chez sa mère, dit-on. Chauve et bedonnant, les fans parvenaient parfois à le prendre en photo, lui, le plus grand mystère de la pop anglaise devenu anonyme. On dit également qu'il souffrait de diabète et que cette maladie l'a tué. Certains pensent qu'il était fou, beaucoup jurent qu'il était génial. Une seule certitude: Syd Barrett, «flamand rose» originel, s'est envolé vendredi 7 juillet, sans espoir de retour. Il avait soixante ans.

Nostalgie de l'enfance

Tout est vrai et tout est faux concernant Roger «Syd» Barrett, né à Cambridge, Angleterre, le 6 janvier 1946. Ses compères du Floyd, bien plus tard, le comparèrent à un diamant - pour ses facettes multiples, son éclat hypnotique, sa beauté pure, rétive aux manipulations extérieures. Un garçon insaisissable et imprévisible, fasciné par les contes de fées, l'univers de l'enfance et les mystères de l'espace intersidéral. Avec ses camarades d'école Roger Waters, Rick Wright et Nick Mason, il crée Pink Floyd en 1965.

Si la première ébauche du groupe se distingue peu de la vulgate rhythm&blues popularisé par les Rolling Stones (le groupe tire son nom d'un hommage aux bluesmen Pink Anderson et Floyd Council), l'impulsion de Barrett le place rapidement sur les rails vierges d'un genre bâtard empruntant à la pop ses formules mélodiques et aux musiciens expérimentaux leurs trouvailles sonores. Le résultat s'appelle The Piper at the Gates of Dawn qui, non content de séduire l'Angleterre dès sa sortie en 1967, thématise le rock progressif et révèle un compositeur hors pair. L'album est l'œuvre de Barrett, chanteur et guitariste, soudain obligé d'exposer sa psyché au monde. Il ne le supportera pas.

Son comportement erratique, renforcé par un abus de LSD, l'exclut de facto du groupe. David Gilmour le remplace sur scène à la guitare, puis définitivement: Pink Floyd survit à son fondateur et deviendra le monstre prog' aux disques de platine à peine moins nombreux que ses querelles intestines. Syd Barrett, lui, tente l'aventure solo en deux albums parus en 1970, The Madcap Laughs et Barrett. Ses ultimes notes. Le musicien devient reclus, il retourne à Cambridge et s'enfonce dans une dépression schizophrénique dont il ne sortira jamais vraiment. Pour beaucoup, il incarnera désormais la faiblesse du musicien face au système marchand.

Avant sa première mort, il aura révolutionné la pop anglaise, inspiré David Bowie, Robert Smith et Thom Yorke par sa poésie naïve et, dixit Bowie, «pour avoir osé, le premier, ne pas camoufler son accent anglais». De Pink Floyd, il était le héros, l'artiste, le mythe. Et la pierre précieuse de la chanson: «Shine on you, crazy diamond»!

© Edipresse
...
CITATION
David Bowie a salué ce visionnaire mardi: «Je ne peux vous dire à quel point je suis triste. Syd a été une inspiration majeure pour moi. (...)

http://forumtrots.agora-system.com/lcr/index.php?showtopic=8858&pid=99944&st=0&#entry99944