Mort de soljénitsyne

L'hommage des politiques à cet homme, écrivain de talent, certes, et dont le témoignage sur l'univers concentrationnaire stalinien est d'un grand intérêt, est unanime. Eh bien, en tout cas, il n'aura pas le mien. soljénitsyne, d'abord, contrairement à ce qu'en dit la presse n'a jamais été Communiste, dans sa prime jeunesse, du moins au sens ou je l'entends, mais un sujet stalinien, avant de connaître les camps, pour avoir crititqué le patron du kremlin. La presse le présente aussi comme le premier à avoir dénoncé le stalinisme. C'est faux. Les premiers à s'être dressé contre staline furent des écrivains comme Victor Serge, Panaît Istrati, des révolutionnaires comme Trotsky. Leurs écrits à eux ne virèrent pas à l'anticommunisme le plus primaire. Au contraire, un homme comme Trotsky combattit (et y perdit la vie), staline, au nom du mouvement ouvrier, que ce dernier trahissait, maintenant un drapeau et une boussole politique pour les futures générations révolutionnaires qui ne manqueront pas de se lever. soljénitsyne, pas Communiste au départ, a fini profondément réac, défendant la Russie d'avant 1917, celle des tsars, des gros propriétaires terriens, des popes, contre lesquels des millions d'individus s'étaient levés, celle aussi des nombreux pogroms. Qui plus est, revenu en Russie en 1990, il appuya la répression en Tchétchenie.
A lire, concernant le stalinisme :
Les écrits de Trotsky : staline, la révolution trahie, etc.
Les écrits de Victor Serge : S'il est minuit dans le siècle, etc.
Panaït Istrati : Vers l'autre flamme.
Varlam Chalamov : Récits de la Kolima.
Anatoli Rybakov : Les enfants de l'Arbat.
Anatoly Gygouline : Les pierres noires.
Concernant soljénitsyne : Une journée d'Ivan Dénissovitch, Le premier cercle, Le pavillon des cancéreux (les deux derniers sont des pavés).
Pour ce qui me concerne, et évidemment vous l'aurez compris, j'ai quand même une sacrée préférence pour les auteurs dont la dénonciation des crimes de staline (et ils furent monstrueux), n'a pas viré à l'anticommunisme.
Ajoutons que les premières victimes de staline, dans les années trente, furent les vieux révolutionnaires, qui payèrent généralement leur fidélité à leur idéal, non pas d'une déportation, mais carrément d'une balle, dans les caves de la loubianka.

D'accord vraiment fort avec Pedro , je vais donc pas répéter ... Perso , j'insiste sur deux bouquins : " S'il est minuit dans le siècle " et " Vers l'autre flamme " ( j'ai eu la joie d'avoir tous les livres de Panait Istrati dans la bibliothèque paternelle ), mes "coups de coeur" de jeunesse ... et çà m'a pas passé avec l'age ... Mais je suggère de rajouter , de Margarete Buber-Neumann : " Déportée en Sibérie" ( publication en France :1949 , personne ne pouvait l'ignorer ... sauf ceux qui voulaient ) , déjà publié en 1948 en Allemagne et Suède avec la (tout autant triste) suite : Ravensbruck , quand Staline livre des communistes allemands à Hitler : " Déportée sous Staline et Hitler " . Les 2 sont republiés séparément au "Seuil" ( ainsi que le très beau "Milena" )

Voir aussi : " Sans patrie ni frontières " de Jan Valtin ( éditions Babel ) et " Le grand jeu " de Léopold Trepper où la prison de la Loubianka est aussi ... plus qu' évoquée ...

Elisabeth K Poretsky : Les "nôtres".

Oui

Merci Pedro pour tes articles concis et justes,
ainsi que Rachel pour toutes ces suggestions de lectures.


A propos de Victor Serge, dont je n'ai lu que L'affaire Toulaev, je m'interroge tout de meme sur les perspectives militantes de l'ouvrage [ peut etre devrais je lire plutot S'il est minuit ... ] - et du bonhomme au moment de l'ecriture.

Tout un réseau d'images - de la chaleureuse icone orthodoxe achetée sur le marché noir à la voute celeste observée par d'anciens intellectuels aparatchiks tombés en disgrace, de la prostituée désérité des début, de la jeune suicidée présurisée, accusée par les jeunes du parti, à la "résurrection" indiquée par le jeune couple formée par l'assasin "gratuit" et sa compagne - qui renvoie autant, à mon sens, à une vision cyclique de l'histoire, dans un monde "privé de Dieu", et à une réfléxion d'ordre général sur le mal, qu'à une perspective révolutionaire. Je ne parle pas là d'"emancipation" à la portée mal définie mais du combat pour péréniser les acquis d'Octobre et aboutir à une société socialisée, combat porté de facon romanesque par les vieux bolchéviques comdamnés.
De nombreux "portraits" m'ont cependant profondément marquée : l'espion sovietique réalisant comment l'Espagne à complétement été "lachée" par les stals pendant la "guerre civile" [ je ne sais plus bien si et dans quelle mesure le positionnement anarchiste de V. Serge est manifeste dans ces pages ] , le bureaucrate Erchov devenus paria et conscient de sa "chute" future, et pret comme d'autres à s'accuser d'un crime pour ne pas renoncer à ce qui aurait pu permettre d'ébranler le vieux monde, le décevant voyage final dans un Paris individualiste ... Tant d'images qui operent une critique radicale du Stalinisme sans verser dans le démagogisme rétrograde.


[Cela dit, je n'ai pas lu Soljénitsyne,
et je devrais peut etre arretter le blabla... de salon]

Bah, c'est surtout ces toutes premières oeuvres qui sont dignes d'intérêt (celles que j'ai citées).

Lecon [ je sais plus combien ] = commencer par "ce qui est digne d'interet", et pas par ce que l'on vous conseille "innocement",

ouf, y'en a du chemin avant de passer à la Lutte ...

merci Pedro !