Sauvez l’économie française, votez « non » au référendum !

Ecoutez les économistes : « l’Europe est en train progressivement d’étouffer sous le poids d’un euro fort » [1]. « Les conséquences négatives de l’appréciation de l’euro se font déjà sentir : repli des marges, baisse des prix et des volumes à l’exportation et, finalement, pertes de parts de marché, estimées à environ 8 % (...) le risque est grand d’un ajustement sur leurs coûts, emploi et investissements. » [2]

Ecoutez les industriels : « La ligne rouge est franchie. L’euro à 1,3 dollar n’est pas supportable » [3]. En conséquence, « nous nous préparons à des décisions lourdes qui seront désolantes pour l’Euroland. Il faudra nous réorienter vers des pays à bas coûts ou qui travaillent en dollars. » [4] « Comme dans l’industrie automobile, les grands assembleurs pourront rester en France, mais les équipementiers partiront à l’étranger. » [5] Par exemple, les voitures de marque Saab, ne seront plus fabriquées en Suède mais aux Etats-Unis, « en raison de la forte appréciation de l’euro par rapport au dollar » [6].

Pour eux, le niveau élevé de l’euro ruinent la compétitivité des entreprises en France et en Europe, pénalisant les exportations et la relance de l’emploi.

Les analystes financiers révèlent qu’un « non » au prochain référendum français sur le Traité constitutionnel européen ferait baisser la monnaie européenne, apportant ainsi un argument inattendu au débat.



L’euro a atteint son plus haut niveau de l’année 2005 face au dollar le 11 mars, deux jours plus tard, les premiers sondages donnant le « non » gagnant ont commencé à être publiés... (Photo Yahoo ! Finance)

« La demande pour l’Euro a baissé cette semaine en raison du possible rejet du projet de ratification de constitution européenne par les électeurs français », notait un analyste le 15 avril dernier [7]. Le 12 avril, la banque allemande WestLB avait déjà baissé ses prévision de cours de l’euro en raison de « préoccupations sur l’intégration européenne ». [8] La semaine dernière, deux analystes de Morgan Stanley et de la Deutsche Bank expliquaient : « Le simple report de l’intégration européenne encouragerait les investisseurs à faire sortir leur capital de la zone euro et à vendre de l’euro »[9]. Ce qui ferait baisser l’euro et arrangerait bien nos entrepreneurs.

Régis Castellani. Les Barons Marqués, mardi 19 avril 2005.

[1] Jean-Paul Fitoussi, président de l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques in Le Monde, 1er décembre 2004

[2] Véronique Riches-Flores, Euro économie-Société Générale in Problèmes économiques, 31 mars 2004

[3] hilippe Camus, président du Groupement des industries françaises de l’aéronautique et de l’espace, 118000 salariés in Libération, 5 avril 2005

[4] Jean-Paul Béchat, Président du directoire de Safran ex-Snecma et Sagem Libération, 5 avril 2005

[5]Charles Edelstenne, PDG de Dassault Aviation in Libération, 5 avril 2005

[6] Explication de Carl-Peter Forster, numéro deux de General Motors Europe et nouveau président du conseil d’administration de Saab in Le quotidien auto 18 mars 2005

[7] Luke Waddington, directeur "devises" de la Banque Royale d’Ecosse à Tokyo, confirmé par Shimpei Uike, gestionnaire d’actif pour les assurances Asahi Life in Bloomberg ; 15 avril 2005

[8] note interne citée par Bloomberg 12 avril 2005

[9] Eric Chaney, European economist at Morgan Stanley et Thomas Mayer, chief European economist à la Deutsche Bank in CNN / Reuters, 17 avril 2005