Fidel Castro, 79 ans samedi, et un optimisme révolutionnaire

Fidel Castro, 79 ans samedi, et un optimisme révolutionnaire à toute épreuve

Parfaitement remis de sa chute spectaculaire en octobre, au cours de laquelle il s'était brisé le genou gauche, Fidel Castro semble conserver toutefois une gêne au niveau de son bras droit, fêlé lors de cet accident, et qui semble avoir perdu de sa motricité.

Paradoxalement, cette chute semble avoir incité l'ancien guérillero à redoubler d'activité. Ainsi, ses discours télévisés sont passés d'une quinzaine pour toute l'année 2004 à 38 depuis le seul mois de mars cette année, d'une moyenne de près de trois heures chacun.

En toile de fond, l'arrivée de la gauche au pouvoir dans plusieurs pays d'Amérique latine --Brésil, Argentine, Uruguay et Equateur-- a relancé les rêves du vieux révolutionnaire de voir se constituer une opposition radicale à l'influence de Washington dans la région.

Pierre angulaire du projet, l'alliance de la révolution castriste avec la révolution bolivarienne en cours au Venezuela, fondée sur une étroite coordination avec le président Hugo Chavez, dont Fidel Castro passe pour être le mentor.

Les deux pays ont multiplié les accords bilatéraux --50 signés en avril, très avantageux pour Cuba-- afin de donner corps à l'ALBA, l'Alternative bolivarienne pour les Amériques, un projet d'intégration économique et politique destiné à faire pièce à l'ALCA, la Zone de libre-échange pour les Amériques voulue par Washington.

Fidel Castro est désormais "parrain" de la dernière promotion d'officiers vénézuéliens de l'Ecole de guerre, "baptisés" à La Havane début août.

Omniprésent, le chef de l'Etat est intervenu ces derniers mois pour rassurer sur la situation économique de l'île, annonçant fin juillet, contre toute attente, une croissance de 7,3% depuis le début de l'année et 9% d'ici à décembre, soit un rythme quasi identique à celui de la Chine.

Ces chiffres ont surpris nombre d'économistes, Cuba ayant été frappé par une très grave sécheresse et par les ravages en juillet de l'ouragan Dennis, officiellement estimés à plus de 1,4 milliard de dollars.

Volontiers élogieux à l'égard de la Chine avec laquelle il a passé en novembre dernier plusieurs accords, le président cubain se refuse toutefois à en emprunter les "recettes" capitalistes et a procédé au contraire depuis plus d'un an à une recentralisation absolue de l'économie, mettant fin à des centaines de contrats avec des entreprises étrangères attirées par la relative ouverture du pays depuis les années 1990.

Et en novembre dernier, le dollar, autorisé à nouveau depuis 1993, était mis hors circulation avant que le peso cubain convertible, jusque là à parité avec le billet vert, ne soit réévalué de 8%.

Confortée par une certaine "grogne" de la population devant les privations, l'opposition s'est enhardie et a tenté d'occuper la rue en juillet. Mal lui en a pris : le 22 juillet, la police cubaine procédait à la plus importante rafle d'opposants depuis celle de 2003. Une quinzaine de dissidents sont toujours sous les verrous.

Et à la veille de son anniversaire, les "actes de répudiation" qui avaient pratiquement disparu ces dernières années, sont de retour : des partisans du régime se sont regroupés vendredi devant les domiciles d'opposants pour les conspuer et les empêcher de se réunir.

L'an prochain, Fidel Castro devrait prendre pour trois ans la présidence du mouvement des non-alignés.

Depuis cette tribune, nul doute qu'il compte bien continuer à donner du fil à retordre à l'administration "nazi-fasciste" du président George W. Bush, sur laquelle il vient de marquer un point : un tribunal d'Atlanta vient d'annuler le jugement à Miami en 2001 de cinq agents cubains condamnés à de lourdes peines pour espionnage.

Les "Cinq héros" de la propagande cubaine devront être rejugés en terrain neutre.