L'ancien directeur financier de WorldCom condamné à 5 ans

L'ancien directeur financier de WorldCom condamné à 5 ans de prison

L'ex-directeur financier de l'opérateur de télécoms américain WorldCom, Scott Sullivan, 43 ans, qui avait plaidé coupable de fraude et complot dans l'affaire de la plus grande faillite de l'histoire des Etats-Unis en 2002, a été condamné, jeudi 11 août à New York, à cinq ans de prison.

Le visage fermé, M. Sullivan est sorti du tribunal fédéral accompagné de ses avocats. Sans formuler un seul mot de réaction, le petit groupe a quitté les lieux en prenant le métro. Il devra se présenter sous peu aux autorités pénitentiaires pour purger sa peine. Pendant l'audience, M. Sullivan avait déclaré à l'assemblée se sentir "honteux et embarrassé".

L'ex-directeur financier a été l'"architecte central" de malversations comptables estimées à onze milliards de dollars (8,87 milliards d'euros), selon les termes de la juge Barbara Jones. Il encourait jusqu'à 25 ans de prison, mais sa peine a été allégée en raison de sa contribution décisive au procès en tant que témoin. Ayant plaidé coupable l'an dernier, le quadragénaire était en effet devenu, depuis lors, l'un des acteurs-clés de ce procès.

FALSIFICATION SYSTÉMATIQUE

Ses récits détaillés sur le travail de falsification financière systématique, entre l'été 2000 et le printemps 2002, ont permis de prouver la culpabilité de l'ex-PDG Bernard Ebbers, qui a été condamné pour fraude et complot à 25 ans de prison le mois dernier, soit la peine la plus lourde jamais prononcée contre un PDG aux Etats-Unis.

Lors de ses dix jours de témoignage en février, M. Sullivan, longtemps considéré comme un génie de la finance par ses pairs, avait également reconnu avoir menti jusqu'au bout à son conseil d'administration sur les ajustements comptables qu'il a orchestrés.

Scott Sullivan avait fait ses premières armes dans la finance à 25 ans dans le cabinet d'audit KPMG. Preuve de son talent pour les chiffres, il s'était vu confier quasiment dès son arrivée une mission de travail sur les comptes du conglomérat General Electric.

Une fois au poste de directeur financier de WorldCom, il était rapidement devenu l'un des hommes de confiance de Bernard Ebbers.

MENSONGES

Scott Sullivan a expliqué, en février, les raisons de ses mensonges : avec la crise des télécoms en 2000, la situation financière du groupe s'est détériorée. Mais c'était compter sans "la pression" exercée par M. Ebbers, qui redoutait une chute du titre en Bourse et exigeait que les chiffres publiés soient conformes aux attentes des analystes.

Au-delà de cette "pression", M. Sullivan a également reconnu avoir menti dans ses communications au conseil d'administration sans s'être concerté avec son supérieur. "Il a œuvré indépendamment d'ordres donnés par M. Ebbers", a rappelé la juge Jones, pour justifier la durée de la peine infligée à l'accusé, en dépit de sa collaboration exemplaire au procès.

Le dossier Scott Sullivan est le dernier de cette affaire au long cours, après toute une série de condamnations, ces dernières semaines, de cadres ayant fait partie de l'équipe comptable de l'époque. Les personnes ayant plaidé coupable et accepté de collaborer avec la justice se sont vu condamner à des peines plus légères que requises, la juge Jones souhaitant récompenser leur coopération.

La faillite de WorldCom avait été déclarée en juillet 2002, après la découverte des malversations comptables. L'opérateur, sorti au printemps 2004 de la faillite, s'est rebaptisé depuis MCI, afin de tourner cette page de son histoire. MCI a récemment accepté d'être "avalé" par le numéro un américain des télécoms Verizon, et doit fusionner d'ici à la fin de l'année.