La Syrie se retirera t elle un jour du Liban?

L'attentat qui a tué Hariri plonge le Liban dans l'inconnu, Damas en difficulté


L'attentat à l'explosif qui a coûté la vie à l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri plonge le pays dans une période d'extrême incertitude et place la Syrie, exposée à de fortes pressions américaines, dans une situation très délicate.

Cet attentat, qui rappelle les pires heures de la guerre civile (1975-90), survient alors que le Liban traverse depuis six mois une crise politique aigue à la veille d'élections législatives prévues au printemps sous haute surveillance de la communauté internationale.

La Maison Blanche a condamné lundi cet attentat et demandé que le peuple libanais puisse vivre dans un pays "libre de l'occupation syrienne".

La France a demandé "qu'une enquête internationale soit conduite sans délai pour déterminer les circonstances et les responsabilités de cette tragédie, avant d'en punir les coupables".

"Ces gens là sont devenus fous. Ca va être eux ou nous", a déclaré à l'AFP le député libanais de l'opposition Antoine Andraos, un proche de M. Hariri, accusant sans les nommer les services de renseignements syriens.

Le député de l'opposition et ancien ministre libanais Marwan Hamadé, qui avait lui-même échappé à un attentat le 1er octobre, a directement accusé la Syrie et ses alliés libanais au sein du pouvoir d'avoir fomenté l'attentat.

Un autre député, opposé à la présence de l'armée syrienne au Liban, Fares Souaid, a réclamé que le Liban soit placé "sous protection internationale".

Le président syrien Bachar al-Assad a vite réagi, dénonçant le "terrible acte criminel" tout en demandant au "peuple libanais de renforcer son unité nationale et de dénoncer ceux qui veulent jeter le trouble et semer la division" dans le pays.

Avec Rafic Hariri disparaît une forte personnalité qui s'était imposé comme un acteur incontournable de la scène libanaise, bénéficiant d'un soutien marqué de la communauté internationale dont il était devenu un interlocuteur privilégié.

Pour de nombreux libanais, ce magnat de l'immobilier qui avait commencé sa carrière dans les affaires en Arabie saoudite avant de se lancer dans la politique, symbolise la reconstruction du Liban.

C'est en effet grâce à la société immobilière Solidere, mise en place par lui il y a plus de dix ans, qu'une grande partie de Beyrouth a été reconstruite.

Sous l'impulsion de Rafic Hariri, des milliards de dollars ont été dépensés pour que le Liban retrouve une place économique de premier rang au Proche-Orient.

Homme de compromis, ami personnel du président français Jacques Chirac et proche de roi Fahd d'Arabie saoudite, Rafic Hariri a été Premier ministre pendant dix ans, de 1992 à 1998 puis de 2000 à 2004, un record.

Artisan des accords de Taef (Arabie saoudite) qui ont mis fin en 1989 au long conflit sanglant, M. Hariri a réussi à s'imposer sur la scène libanaise malgré les fortes pressions dont sa politique faisait l'objet de la part de la Syrie, pays avec lesquelle il entretenait des relations notoirement difficiles.

Ce sont d'ailleurs ces difficultés qui avaient poussé Rafic Hariri à jeter l'éponge en démissionant le 20 octobre dernier de son poste de Premier ministre, au plus fort de la crise politique qui secoue le Liban depuis septembre.

Cette crise a pris une dimension internationale lorsque le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, à l'instigation de Paris et Washington, une résolution réclamant le départ des quelque 14.000 soldats syriens du Liban et la fin de l'ingérence de Damas dans les affaires intérieures de son petit voisin.

Indifférent à cette résolution, ou aveugle à ses implications, le parlement libanais a voté quelques heures plus tard, en modifiant la constitution, la reconduction du président libanais



Emile Lahoud, un allié de Damas.

Depuis cette date, les positions se sont nettement durcies.

Beyrouth et Damas, qui rejettent cette résolution, ont dénoncé les pressions notamment américaines contre la Syrie qui est déjà sous le coup, de sanctions américaines pour son soutien présumé au "terrorisme".

Alors que des élections législatives sont prévues au printemps, et forte de cette résolution, l'opposition libanaise est montée au créneau, dénonçant "l'hégémonie de la Syrie" alors que le pouvoir et ses alliés pro-syriens crient au complot israélien visant la "stabilité du Liban".

Mettre une force internationale d'interposition au Proche-Orient pour ramener le calme et séparer les habitants des occupants ?

Mais t'es fou ?

Tu serais pas un anti-sioniste ?

On veut pas d'anti-sioniste chez - nous... on veut bien discuter mais il y a des limites ....

On sait comment çà marche : on commence avec des Syriens qui occupent le pays depuis plus de 20 ans ,et puis,çà ouvre la route à toute dérive ....

Ungern a écrit:Mettre une force internationale d'interposition au Proche-Orient pour ramener le calme et séparer les habitants des occupants ?

Mais t'es fou ?

Tu serais pas un anti-sioniste ?

On veut pas d'anti-sioniste chez - nous... on veut bien discuter mais il y a des limites ....

On sait comment çà marche : on commence avec des Syriens qui occupent le pays depuis plus de 20 ans ,et puis,çà ouvre la route à toute dérive ....

Ceci étant dit, parler d'Israël lorsqu'on évoque l'occupation syrienne au Liban, c'est comme parler de rugby lorsqu'on évoque la propagation du SIDA en Afrique..........ça n'a aucun rapport avec la choucroute..

Quant au Golan, tant que la Syrie sera toujours en état de guerre contre Israël, il n'y a aucune raison de le restituer.

Ungern a écrit:
Et je crois que l'eau est un élément crucial dans la discussion .

Dès le début d'Israël la question de l'eau a été importante ,et dès le début d'Israël,le nouvel etat avait déjà un oeuil sur la rivière Litani .

Et je ne veux pas faire de politique fiction,mais pour moi la Guerre du Liban a ,entre autres raisons été justifiée par la question de l'eau,indépendament de la question palestinienne .

Les ressources hydroliques du Golan ne sont pas négligeables et Israël ne s'en est jamais caché (ils y dfont pousser de l avigne, un bon petit pinard d'ailleurs), encore que le plus important pour Israël reste la vallée du Jourdain.

Mais quand je dis que la question de la restitution du Golan ne se pose pas pour le moment, je parle en terme de droit : tant que la Syrie est toujours officiellement en état de guerre contre Israël (qui n'existe pas à ses yeux d'ailleurs sauf récente erreur de ma part) la restitution d'un plateau militairement stratégique ne sera exigée par personne, si ce n'est par la Syrie elle-même

Solférino a écrit:

Ceci étant dit, parler d'Israël lorsqu'on évoque l'occupation syrienne au Liban, c'est comme parler de rugby lorsqu'on évoque la propagation du SIDA en Afrique..........ça n'a aucun rapport avec la choucroute..

C'est bien la ou je voulais en venir...certains ici semblent obsedé par Israel vu qu'ils en parlent en toute circonstances meme lorsque le post ne traite pas de ce sujet...

Quant au Golan, tant que la Syrie sera toujours en état de guerre contre Israël, il n'y a aucune raison de le restituer.

La Syrie soutient les groupes terroristes islamistes qui commettent des attentats sanglants sur le territoire israelien...il ne faut jamais oublier que Damas abrite un certain nombre de cadres du Hamas,sans meme parler du Hezbollah.Ce meme pays du reste n'a jamais reconnu le droit a l'existence d'Israel ni signé le moindre protocole de paix .
Le Golan,situé en altitude est un endroit strategique dans le sens ou il s'agit d'une position militaire d'auto defense pour Israel qui pourrait s'averer etre une position d'attaque potentiellement ideale pour les troupes syriennes dans le cas d'une cession.Pour resumer,rendre le Golan serait pratiquement un suicide pour Israel.
Je pense que le Golan sera definitivement israelien sans compter qu'Israel pourrait considerer avec raison que moralement,c'est le prix a payer pour les syriens compte tenu de leurs multiples agressions dont celle de 1973 qui etait particulierement lache.
Autant la Cisjordanie et Gaza sont des territoires qu'Israel devra evacuer pour que puisse etre construit un etat palestinien viable,autant le Golan est maintenant un territoire israelien.

Les dictateurs Syriens n'ont pas toujours été des méchants abritant des terroristes, aux yeux des pays impérialistes comme les USA. Feu affez el assad, le père du dictateur actuel était un grand pote des présidents américains, français, etc. Il réprimait sa population, emprisonnait les opposants, sans que cela ne trouble le sommeil d'aucun des dirigeants de nos pays occidentaux.
Effectivement, le gouvernement Syrien fait des saloperies, mais les gouvernements qui le montrent du doigt sont pires.
En finir avec le terrorisme, comme je l'ai déjà dit, s'est d'abord en finir avec les pires terroristes de la planète, qui n'hésitent pas à raser des villes entières (Falloudjah) : les états impérialistes.

Sans l'intervention syrienne,y aurait-il eu une "fin" à la guerre du Liban ?

Une fois le Syrie "partie", est ce que tt çà nerisque pas de se réactiver ?La guerre du Liban se serait=elle

Simple question ,et vraiment une question : qu'est ce qui a mis fin à la guerre civile au Liban ?

1000 excuses pour mon ignorence ... Je connais "pas bien ce côté de la frontière ...

Je croyais que c'était le "poids" de l'armée syrienne ...

Je croyais qu'elle s'était installé sur le Liban comme un ours qui s'assied sur une fourmillière ,ce qui par la force de l'inertie et de l'étouffement avait fini par ramener le calme sans gros dégts supplémentaires ...

Solférino a écrit:

Les dictateurs Syriens n'ont pas toujours été des méchants abritant des terroristes, aux yeux des pays impérialistes comme les USA. Feu affez el assad, le père du dictateur actuel était un grand pote des présidents américains, français, etc. Il réprimait sa population, emprisonnait les opposants, sans que cela ne trouble le sommeil d'aucun des dirigeants de nos pays occidentaux.
Effectivement, le gouvernement Syrien fait des saloperies, mais les gouvernements qui le montrent du doigt sont pires.
En finir avec le terrorisme, comme je l'ai déjà dit, s'est d'abord en finir avec les pires terroristes de la planète, qui n'hésitent pas à raser des villes entières (Falloudjah) : les états impérialistes.

Apres Israel,les USA et la France ..decidement on va faire le tour du monde alors que ce post initialement etait consacré uniquement a la situation Syrie /Liban
Le fait que les pays occidentaux aient soutenu le gouvernement syrien par le passé ne rendait pas ces derniers + humanistes,je suis on ne peut plus d'accord avec toi..mais quand je fais un post denoncant la presence syrienne au Liban,je ne m'exprime pas je te rassure au nom de ces etats que tu denonces mais en ma qualite de simple petit citoyen qui observe le monde qui l'entoure Traiter de la politique US ou francaise est carrement un autre debat interessant lui aussi sur lequel sans doute nous ne seront pas entierement d'accord mais peu importe ,en revanche je trouve dommage qu'on s'en serve pour minimiser l'ocupation syrienne qui est bien le sujet de ce post.
D'autant que sur cette question tt du moins nous sommes d'accord vu que comme je l'ai compris implicitement tu trouve egalement injustifié l'ocupation du Liban par la Syrie.

Dans le monde Lutte Ouvrière n°1907 du 18 février 2005

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Liban : Les affaires d'Hariri

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Rafic Hariri, ancien Premier ministre du Liban et homme d'affaires de l'immobilier, a été assassiné, lundi 14 février, en plein Beyrouth, victime d'une voiture piégée qui contenait quelque 350 kilos d'explosifs.

En attendant de savoir qui a organisé son assassinat, à supposer qu'on le sache vraiment un jour, on nous apprend qu'Hariri était l'homme qui a reconstruit le Liban après la guerre civile qu'a connue le pays de 1976 à 1990. Si c'est le cas, c'est d'une façon bien particulière.

Ce milliardaire avait fait fortune en Arabie Saoudite, dans la construction immobilière, fortune qui lui permit de devenir Premier ministre en 1992, et d'être à la tête de cinq gouvernements, de 1992 à 1998, puis de 2000 à 2004.

Ce furent les milieux affairistes de la bourgeoisie libanaise, dont Hariri était le symbole, qui tirèrent le plus de profits de la reconstruction du Liban et de Beyrouth en particulier, en grande partie détruit par les combats.

La population pauvre rejetée dans des taudis ou des bidonvilles n'a guère profité de cette reconstruction. En revanche, le front de mer et le centre de Beyrouth ont été dotés d'immeubles et d'hôtels de grand luxe destinés à accueillir les privilégiés de la région.

Les attentats du 11 septembre 2001, qui ont ralenti les déplacements vers les États-Unis ou l'Europe, ont même été bénéfiques, de ce point de vue, pour la capitale libanaise. Depuis, le nombre de ses visiteurs augmente de 30% par an, et même de 50% en 2004. Venant d'Arabie Saoudite, du Koweït, de Jordanie ou des Émirats arabes, ils appartiennent bien sûr aux classes possédantes de la région, et achètent appartements ou terrains au Liban. En 2003, ces acquisitions avaient encore bondi de 127% par rapport à l'année précédente.

Les travaux de reconstruction doivent se poursuivre jusqu'en 2018. Et c'est la Solidere, l'entreprise dont Hariri était le principal actionnaire, qui est chargée des principaux travaux. À elle seule, cette entreprise représente près de 60% des réserves en devises de la banque centrale libanaise.

Ce poids économique explique, pour l'essentiel, que cette entreprise ait pu imposer à l'État libanais un endettement vertigineux, représentant deux fois le produit intérieur brut. Et cela d'autant plus facilement que le chef du gouvernement était aussi le conducteur des travaux. Les grandes puissances, États-Unis et Union européenne en tête, n'ont rien trouvé à redire à cette dette, ayant choisi de soutenir Hariri. Celui-ci s'est vu accorder une rallonge de quatre milliards de dollars de crédits supplémentaires, lors d'une réunion internationale organisée par Chirac à Paris, en 2002.

En revanche, il lui a été demandé d'imposer des mesures d'austérité à la population libanaise pour sortir le pays de son endettement. Celle-ci se voit maintenant menacée d'une réforme du système local de Sécurité sociale, d'une hausse des tarifs publics. Et, en attendant, elle subit des coupures du courant électrique du fait d'un approvisionnement irrégulier en carburant.

Hariri est mort, mais sera sans doute remplacé facilement par un de ses semblables. Quant à la population, elle risque de payer encore longtemps son passage au pouvoir.

Jacques FONTENOY